Plusieurs producteurs poussent un cri de détresse depuis la sollicitation faite par le Groupement des Importateurs de Riz du Cameroun (GIRC). Le 17 juin dernier, cette organisation faisait savoir à la presse qu’elle dispose de seulement 200 000 tonnes de riz alors que la demande nationale est de 600 000 tonnes et la production locale de 300 000. Le Girc espère donc du gouvernement un soutien pour pouvoir importer du riz dans un délai d’un mois. Ne pouvant le faire tout seul, à cause des difficultés conjoncturelles liées au covid. Notamment la rareté des devises, la hausse des taux de transfert ou encore l’augmentation des coûts des transactions portuaires.
Mais à l’Extrême nord du pays, les riziculteurs estiment que ce serait une mauvaise démarche de se tourner vers l’extérieur. Premièrement par ce qu’ils pensent que renforcer la production locale permettrait de répondre à la demande nationale. Or, pour Jacquis Kemleu, SG du GIRC, il faudrait pour cela « que les terres soient disponibles. Des espaces ont été sollicités du gouvernement et nous restons dans l’attente » a-t-il déclaré. Pourtant du côté des riziculteurs, l’enjeu est surtout de booster leur capacité de production, les terres étant suffisantes. L’autre argument avancé par les riziculteurs est que l’importation est un problème secondaire face à la montée de la contrebande dans leurs bassins de production.
Lutter contre la contrebande
En cette période de récolte, comme en juin 2020, le bassin de production du riz de Yagoua est envahi par les commerçants Nigérians qui exportent la quasi-totalité de la production. 100 000 tonnes de riz d’après les producteurs. « Toutes les nuits, il y a au moins 10 camions transportant 40 tonnes chacun qui sortent de Yagoua et le même nombre quitte également Maga en direction du Nigéria. Des camions viennent et chargent des tonnes de riz Paddy (riz non décortiqué) pour aller vers le Nigéria », renseigne Ahmadou Wadiri, un riziculteur. Dans la localité de Vele, toujours dans le département de Mayo Danay, les producteurs font savoir qu’au moment des récoltes, des démarcheurs envahissent les champs et arnaquent les riziculteurs en fixant des prix bas. Pour Hamadou Ngonom, délégué d’arrondissement du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, les riziculteurs sont obligés de céder leurs productions pour désintéresser les ouvriers recrutés à la tâche. Cette situation occasionne la rareté du riz et par ricochet la montée des prix. « Depuis qu’il y a les nigérians, le riz est menacé. Dans les normes, le prix du sac paddy coûte 10 000 francs mais actuellement le sac est déjà autour de 1 2000 francs. Il est passé de 11500 la semaine dernière à 12 000 francs », nous dit dame Fita, productrice. Ils redoutent l’insécurité alimentaire et appellent les autorités à intervenir.