D’ordinaire, les Assemblées générales de la Fédération camerounaise de Football (Fécafoot) sont propices aux manœuvres politiciennes, aux intrigues florentines, aux règlements de comptes et à diverses manigances en coulisse. L’élection de ce 12 décembre n’a pas dérogé à la règle. Franck Happi s’est désisté la veille pour faire la campagne de Joseph Antoine Bell peu avant le scrutin, trahissant une « élection viciée » par le Comité de normalisation, ce que nombre d’experts avaient prédit est arrivé : Seidou Mbombo Njoya a été élu président de l’instance faîtière du football camerounais. Il a obtenu 46 voix contre 17 pour Joseph Antoine Bell et 3 pour Daniel Mongue. Longtemps dans l’ombre d’Iya Mohammed, l’ex président de la Fédération, le nouvel élu est désormais couvert par la lumière.
Eto’o et Iya dans l’ombre de Njoya ?
Les premiers signes d’une élection « programmée » de Seidou Mbombo Njoya avaient déjà été donnés le jour de sa déclaration officielle de candidature. Ce jour-là, l’un de ses camarades, à l’occurrence Gilbert Kadji, révélait que le nouveau président avait tout le soutien de Samuel Eto’o, star mondiale et personnalité très influente du monde du football camerounais. Une annonce qui a eu le don de déchirer les anciens footballeurs et de conforter bon nombre d’électeurs. « Il y a une personne qui aurait pu être avec nous ici, mais il est dans notre équipe », assurait Gilbert Kadji, le jour de la déclaration de candidature de Seidou Mbombo Njoya. Le patron de la Kadji Sport Academy n’est pas passé par quatre chemins pour présenter ce fils du Sultan Roi des Bamouns comme étant le candidat de Samuel Eto’o. Mieux, « Samuel Eto’o n’a pas deux candidats, son unique candidat à la présidence de la Fécafoot c’est le président Seidou Mbombo Njoya ». Dribblant l’opinion qui avait vu en lui le candidat piloté par l’ancien capitaine des Lions indomptables. Finalement, le fils du défunt milliardaire Kadji Defosso, sera candidat au poste de représentant de la région du Littoral au sein du Burau Exécutif de l’instance nationale. Lui qui avait déjà été annoncé à la tête du Comité de normalisation. Des sources crédibles avaient fait entendre que le patron de la KSA, Centre qui a formé le goleador des Lions indomptables, n’avait pas voulu être évalué sur six mois. Du coup, Samuel Eto’o qui, au détour de sa mission de préserver la Coupe d’Afrique des Nations 2019, aurait fait peser sa notoriété et son entregent pour convaincre certains électeurs.
Mais au moment de se lancer, les données ont changé. Sur le terrain, les membres de l’équipe sortante, celle de Tombi à Roko ; mais surtout ceux restés fidèles à Iya Mohammed, se sont battus pour laver l’affront de l’arrestation de leur ancien « guide ». Et pas mieux que celui qui officiait déjà en premier vice- président au terme du scrutin querellé du 19 juin 2013. Et ce n’est pas simplement pour reprendre le bâton de commandement. « Je crois avoir la capacité et l’expérience nécessaires pour présider au destin de notre football », estime Seidou Mbombo Njoya qui déclare avoir jeté l’éponge en 2013 « parce que le contexte était devenu difficile, toutes les tentatives de conciliation ont échoué et j’avais préféré l’intérêt général ». L’homme propose « un nouveau départ », pour « ce panier à crabes » qu’il avait abandonné il y a cinq ans.
Par Arthur Wandji