Il a soufflé comme un air de symbiose le 02 novembre dernier au siège du Groupement Inter patronal du Cameroun (Gicam), à Douala. Et pour cause. Le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze, s’y est rendu dans le cadre de la poursuite des échanges sur les propositions de réformes fiscales adressées par le Gicam au gouvernement en mai dernier. Au cours de cette cérémonie, Louis Paul Motaze a fait savoir aux hommes d’affaires qu’en « fiscalité intérieure, sur 83 propositions faites, 24 ont reçu un avis réservé, 47 ont reçu un avis favorable et 12 sont en perspective, soit un taux de recevabilité ou d’acceptation de 71 % ». Et qu’en ce qui concerne la fiscalité de porte, encore appelée fiscalité douanière, « sur 37 propositions faites, 10 ont reçu un avis réservé, 27 ont reçu un avis favorable et 3 sont en perspective, soit un taux de recevabilité ou d’acceptation de 73 % ». Et comme pour rassurer ces capitaines d’industrie sur l’importance que le gouvernement accorde au raffermissement et à la poursuite du dialogue public-privé, le Minfi leur a expliqué que « les propositions qui n’ont pas été retenues sont portées par des explications qui vous seront transmises et sur lesquelles des échanges pourraient encore se faire ». Mais en attendant, a martelé le Minfi, « le projet de loi de finances pour l’exercice 2019 est donc fortement marqué par l’empreinte des propositions faites par le Gicam pour le compte du secteur privé ». Par ailleurs, en termes d’acquis, allant dans la perspective des propositions formulées par le Gicam, on note : la restructuration du comité permanent de concertation sur les questions fiscales et douanières entre le Minfi et le secteur privé dont la décision a déjà été signée avec une concertation désormais trimestrielle et une composition équitable de six membres du Minfi et six du secteur privé ; la réorganisation du Comité d’Appui à l’Instruction des Réclamations auprès du Minfi en matière de contentieux fiscal et douanier par décision signée le 29 Octobre 2018, dans le sens d’une plus grande neutralité, impartialité et célérité. A ces mesures se greffe « le renforcement des droits des contribuables par la redéfinition du champ d’application de la déclaration pré-remplie dans le projet de loi de finances et l’assainissement de l’environnement fiscal des affaires par la refondation de l’Attestation de Non-Redevance dans le projet suscité ». A l’analyse, la validation par le gouvernement des propositions de réformes fiscales faites par le Gicam, en plus d’être un fait rare, relève presque de l’inédit. De l’avis de certains observateurs avertis, cela traduit la ferme volonté de l’Etat d’être à l’écoute permanente des avis des hommes d’affaires, principaux pourvoyeurs des richesses du pays. D’aucuns se sont même permis d’affirmer au sortir de cette rencontre que, « la coopération, mieux, le dialogue entre le gouvernement et le secteur privé venait ainsi de prendre un nouvel élan, et que cela ne devrait être que profitable pour les deux parties ». Le meilleur gagnant d’une telle collaboration, confient certains économistes, c’est l’économie du pays. Car l’acte posé par le Minfi peut non seulement contribuer à attirer plus d’investisseurs, mais aussi encourager les chefs d’entreprise à investir un peu plus. D’ailleurs, susurre-t-on déjà dans le milieu des affaires, « plus que jamais, les hommes d’affaires se sentent plus interpelés à œuvrer pour le développement économique du Cameroun, le tout dans un climat des affaires sans cesse assaini ».
Par Junior Matock (Défis Actuels)