Dans le cadre de la Stratégie nationale de développement à l’horizon 2030, le Cameroun entend porter sa capacité de production électrique de 1 460 MW en 2020 à 3 000 MW en 2030. La petite hydroélectricité y figure comme un levier majeur. C’est dans cette perspective que l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel) a publié un appel à manifestation d’intérêt pour attirer des partenaires privés autour de deux projets, la centrale de Bafang, d’une capacité de 3,4 MW, et celle de Manjo, de 4,6 MW.
Ces deux ouvrages, conçus sur les rivières Mouakeu et Dibombé, sont présentés en lots distincts. Chaque projet comprend les volets génie civil, électrotechnique, lignes d’évacuation, aménagement des voies d’accès ainsi que la gestion environnementale et sociale. Les partenaires privés retenus devront financer, développer, construire et exploiter ces centrales en mode Build, Own, Operate and Transfer (BOOT).
Le processus de sélection prévoit deux étapes. La première, en cours, est celle de la préqualification. Elle permet de présélectionner les candidats sur la base de critères techniques et financiers. Ceux qui franchiront ce cap seront invités à soumettre des offres détaillées dans le cadre d’un appel d’offres restreint. Le choix final reviendra à une commission de sélection.
Ce projet n’arrive pas ex nihilo. Dès 2010, le ministère de l’Eau et de l’Énergie avait signé avec l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi) un protocole visant la promotion de la biomasse et de la petite hydroélectricité. L’Onudi a par la suite mené des études de faisabilité sur les sites de Manjo et Bafang, remises ensuite au gouvernement. En 2021, l’organisation a présenté à Yaoundé les avant-projets détaillés de ces deux infrastructures, confirmant leur pertinence technique et leur potentiel économique.
La dynamique autour des mini-centrales hydroélectriques a connu un coup d’accélérateur il y a trois ans, du moins en théorie. En avril 2022, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a annoncé l’ambition de construire 50 mini-centrales à travers le pays, lors de l’inauguration de celle de Mbakaou (1,4 MW extensible à 2,8 MW) dans l’Adamaoua. Un projet pilote, financé à hauteur de 4,5 milliards de FCFA par IED Invest Cameroun avec le soutien de l’Union européenne et de BGFI Bank. Cependant, ces promesses n’ont pas encore connu ne serait-ce qu’un début de concrétisation.
Même si en 2023, la présidence de la République a donné son feu vert à l’Agence d’électrification rurale pour conclure un accord avec le groupe HIG en vue d’études de faisabilité pour cinq nouvelles mini-centrales dans différentes régions. Le gouvernement table sur une contribution de 11 % de la petite hydroélectricité dans le mix énergétique d’ici 2035.
Outre la réduction des coûts liés aux combustibles fossiles, ces projets apportent un gain environnemental notable. Selon les calculs du ministère de l’Énergie, la centrale de Mbakaou permettra d’éviter l’émission de plus de 67 000 tonnes de CO₂ d’ici 2030, grâce à la mise à l’arrêt de centrales thermiques locales.