A la suite d’Alain Foka de RFI qui avait déjà ouvert le bal des dénonciations de l’immixtion du président de la FiFA dans l’élection à la tête de la CAF, ce sont surtout les journalistes qui sont montés au front après l’élection par acclamation de Patrice Motsepe à la tête de la CAF. « J’ai été surpris par cette manière de faire. A ma connaissance, ça ne s’est jamais fait comme ça. Même du temps où le Camerounais Issa Hayatou rempilait, il y avait un processus électoral digne de ce nom. Mais cette fois-ci, ça m’a surpris. On parle de nomination par consensus », réagit Mohammed Fofana Dara de BBC Afrique.
«A mon avis, elle est inopportune. Depuis longtemps, on nous a habitués à un processus électoral. Mais cette fois-ci on nous parle de consensus… Y-a-t-il des règles du football que nous n’avons pas encore apprises ? Une équipe peut-elle préparer un match et le lendemain informer ses supporters que l’adversaire a gagné par consensus ? », s’est interrogé le confrère ivoirien. « Chacun des candidats avait son plan et sa priorité. On passera cinq années à harmoniser les priorités », explique-t-il sur le site internet de la radio britannique.
Et pourtant, dans les milieux du football, la mayonnaise du consensus « imposé » à Rabat il y a deux semaines, par Gianni Infantino via Fouzzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine, semble avoir vite pris. « Je crois qu’il sera à la hauteur », pense Moïse Katumbi. Le président du Tout Puissant Mazembe ne s’attarde pas sur la mise à l’écart du président par intérim, son compatriote Constant Omari pour une enquête du comité éthique de la FIFA, mais parle de Motsepe qu’il connaît : « C’est un bon manager, il ne faut pas le sous-estimer. Je l’appuie parce que je sais qu’il y aura un changement, avec lui », se défend-il. Le mot union est servi à toutes les sauces pour justifier le choix dicté par Infantino : « Nous n’avons pas le choix. Nous avons traversé des moments tellement difficiles… Il faut se rendre à la raison. C’est en mettant ensemble toutes les compétences que nous pourrons changer la face de la CAF », estime Augustin Senghor. En référence aux quatre années d’Ahmad Ahmad qui ont vu la maison CAF vivre une instabilité, avec une mise sous tutelle de la FIFA, et une perte de crédibilité due à une situation financière pour le moins moribonde. Pour sortir par des enquêtes d’éthique à l’endroit des deux principaux dirigeants de l’instance : Ahmad Ahmad suspendu deux ans par la FIFA, et Constant Omari son 1er vice-président encore en examen. Toujours pour des problèmes de gouvernance. « Moi, j’ai foi en cet engagement que nous avons tous pris », rassure le désormais 1er vice-président de la CAF. Danny Jordaan, l’ex patron de la fédération sud-africaine, convoque l’histoire pour convaincre les sceptiques : « La CAF a quatre membres fondateurs : l’Égypte, le Soudan, l’Ethiopie et l’Afrique du Sud. Le premier président de la CAF était égyptien, le second était soudanais et le troisième, était éthiopien. Patrice Motsepe représente le quatrième et dernier pays fondateur. Ça a pris beaucoup de temps parce qu’il y a eu l’apartheid en Afrique du Sud et que notre pays a été exclu de la CAF avant d’y revenir. Nous sommes heureux que, désormais, les quatre nations fondatrices de la CAF aient eu un représentant à sa présidence », se réjouit l’homme qui a porté la candidature de Motsepe. De toutes les façons, « le football africain a besoin de la sagesse collective, mais aussi du talent et de la sagesse exceptionnels de chaque président de chaque pays et de chaque association membre. C’est ce qui me donne confiance », optimisait déjà Motsepe en Mauritanie, après le consensus de Rabat.
La passe de Samuel Eto’o
Certes « il y aura forcément un peu de susceptibilité au départ », relativise Colonel-Major Djibrilla Hima Hamidou, le président de la Fédération nigérienne, « mais si on veut faire preuve de bon sens, il faut dépasser ces petits sentiments pour pouvoir faire éclore l’unité et mettre au premier plan les intérêts de la Confédération Africaine de Football », professe celui qui vient d’être élu au Comité exécutif de l’instance. C’est ce qu’a compris Samuel Eto’o. « Mes félicitations à Patrice Motsepe pour son nouveau rôle de président de la CAF », a salué le quadruple ballon d’or africain sur son compte twitter. Une réaction qui, si elle est sincère, pourrait être un gage de paix pour bientôt. D’autant plus que Samuel Eto’o qui a pris part à l’Assemblée générale de Rabat, est (était ?) le conseiller spécial d’Ahmad Ahmad qu’Infantino a placé dans le fauteuil du président de la CAF il y a quatre ans. Avant de manœuvrer pour l’en évincer. Samuel Eto’o, lui, est resté fidèle à son « ami » Ahmad, mais s’est davantage rapproché d’Infantino. Autant qu’il est le principal défenseur de Séidou Mbombo Njoya qu’il a « placé » à la tête de la Fédération camerounaise. Quoi qu’il en soit, les électeurs africains se sont soumis à une nouvelle épreuve signée Infantino. Le maçon est attendu au pied du mur. Tous ses faits et gestes seront scrutés. Rendez-vous dans quatre ans.
Les nouveaux membres du Comité exécutif :
Zone Nord : Wadii Jarii (Tunisie)
Zone Ouest A : Mustapha Raji
(Liberia)
Zone Ouest B : Djibrilla Hamidou
(Niger)
Zone Centre : Seidou Mbombo Njoya
(Cameroun)
Zone Centre-Est : Souleiman Waberi
(Djibouti)
Zone Sud : Elvis Chetty (Seychelles)
et Maclean Letshwithi (Botswana)
Représentante féminine : Kanizat
Ibrahim (Comores).
Les nouveaux représentants au Conseil de la FIFA :
Francophone : Mathurin de Chacus (Bénin) et Mamoutou Touré (Mali)
Anglophone : Amaju Pinnick (Nigeria)
Arabophone, lusophone, hispanophone : Fouzi Lekjaa (Maroc) ; Hany
Abo Rida (Egypte)
Représentante féminine : Isha Johansen (Sierra Leone).
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