Diplomatie : les ressorts de l’impuissance de la puissance camerounaise

En finir au plus tôt avec la cacophonie !

Les 29 et 30 juin derniers s’est tenue à Yaoundé une réunion bilatérale entre les autorités camerounaises et équato-guinéennes. Cette assise intervient à la suite de multiples actes d’agression de la Guinée-Equatoriale contre le pays de Paul Biya, et dont le dernier acte le plus alarmant a été la construction d’une clôture à la frontière entre les deux pays, et qui empiétait largement sur le territoire camerounais. Bon nombre se sont alors interrogés sur ce qui pouvait justifier une telle « insolence » de la « toute petite » Guinée Equatoriale devant le mastodonte Camerounais. Il convient alors pour nous de revenir sur les ressorts de cette impuissance de la puissance du Cameroun qui semble de plus en plus malmené par ses voisins.

La diplomatie de l’absence de Paul Biya

C’est une constance qui a même le don d’agacer ses homologues : Paul Biya ne va presque jamais aux sommets régionaux et sous-régionaux. Ainsi, que ce soit les rencontres au sommet de la Cemac, de la Ceeac ou de l’Union africaine, le président Camerounais s’est très souvent fait représenter, et parfois à des niveaux les plus bas. Une absence quasi-systématique qui n’est pas sans effets sur la défense et la préservation des intérêts du Cameroun, car les personnalités souvent désignés pour représenter le Cameroun ne pouvant pas participer aux huis clos et autres concertations au sommet, car n’ayant la qualité de chef d’Etat. C’est ainsi que le Cameroun est souvent mangé à toutes les sauces, ce d’autant plus que les autres chefs d’Etat considèrent l’attitude de Paul Biya comme un signe de désinvolture de mépris envers eux. Ils n’hésitent pas alors de prendre des mesures de « rétorsion » comme cela a été observée lors de la mise sur pied de la bourse de la Cemac, où l’adversité du président gabonais d’alors, Omar Bongo, était en très grande partie due au fait qu’il ne pouvait concéder que le siège soit attribué à un pays « absent ».

La non-ingérence dans les affaires internes des autres pays

Cette diplomatie sous-régionale de l’absence de Paul Biya est complétée et aggravée par la doctrine de non-ingérence du Cameroun dans les affaires internes de ses voisins. Ainsi, le Cameroun s’est toujours donné comme ligne de conduite de ne jamais se prononcer sur les affaires internes des autres Etats, notamment de la sous-région. Une indifférence qui est largement interprétée comme une impuissance. Surtout si l’on considère le fait que de tout temps, la puissance d’un Etat est largement construite par la capacité à influer sur les affaires des autres nations. Aussi la « puissance » régionale d’un pays comme le Tchad est-elle très largement construite par son activisme militaire et sécuritaire qui l’a souvent conduit à intervenir au Mali, en RCA ou encore au Nigeria. Toute comme la « respectabilité » du Congo Brazzaville, tout petit pays de l’Afrique Equatoriale, est largement construite par l’activisme diplomatique de son président Denis Sassou Nguesso qui se prononce sur presque toutes les crises africaines, au point de d’abriter le conseil de haut niveau sur la …. Libye.

Le refus de la projection de puissance

Pendant très longtemps, la doctrine sécuritaire du Cameroun a été la non militarisation de ses frontières. Et depuis la réforme de 2001, la nouvelle doctrine de défense est celle de la « défense ferme aux frontière ». Dans les deux cas et quel qu’en soit la période, le Cameroun s’est toujours privé, volontairement de toute capacité de projection de puissance. C’est ainsi que le Cameroun est l’un des très rares pays au monde qui ne dispose pas d’un mécanisme clair de déclaration de guerre ou d’envoi de ses troupes à l’étranger, en dehors de contingents onusiens ou de l’Union africaine. Pire encore, le Cameroun s’interdit le droit de poursuite sur les territoires des pays voisins. Une option que les autorités auraient adoptée pour rassurer celles des Etats environnants, mais qui est largement interprétée comme un aveu d’impuissance. Alors que le pays dispose d’une des armées les plus performantes et les mieux formées du Continent comme cela a été démontré dans le lutte contre Boko Haram, où dans le cadre des forces de maintien de la paix en République Centrafricaine.

La non-application de La réciprocité

Le principe de la réciprocité en relations internationales voudrait que lorsqu’un pays ou ses citoyens sont victime d’un tort provenant d’un autre Etat, que les autorités du pays victime prennent toutes les mesures afin soit d’infliger un dommage équivalent soit imposer la réparation au pays auteur du mal. Mais au Cameroun, force est souvent de constater la passivité qui frise souvent la complicité des autorités camerounaises lorsque ses intérêts ou ses citoyens sont souvent piétinés dans les Etats voisins. Comme on a souvent eu à le constater lors des rapatriements massifs des Camerounais de la Guinée Equatoriale, ou la récurrente fermeture unilatérale des frontières par le pays d’Obiang Nguema. Cependant, dans ce domaine, les choses n’ont pas toujours été ainsi si l’on se fie aux témoignages du Sultan Ibrahim Mbombo Njoya, qui était ambassadeur du Cameroun en Guinée Equatoriale entre 1970 et 1974 : « J’ai été pendant quatre ans ambassadeur du Cameroun en Guinée Equatoriale, entre 1970 et 1974. A cette époque, l’ambassadeur du Cameroun en Guinée Equatoriale était comme l’ambassadeur de France auprès des pays d’Afrique noire francophone avec tout ce que cela comporte comme rang et prérogatives protocolaires. Par ailleurs, ils étaient convaincus que je venais apporter une troisième étoile sur le drapeau du Cameroun, comme on les avait beaucoup aidés pour leur lutte d’indépendance. Et ça va me créer beaucoup de problèmes, bien que c’est nous qui les ravitaillions en tout. Le président Ahidjo m’avait facilité beaucoup de choses. Les avions militaires venaient deux fois par semaine en Guinée Equatoriale. Un jour je me réveille, je vois les militaires qui ont encerclé ma résidence. J’ai appelé le président Ahidjo pour l’en informer. Il a immédiatement ordonné que l’ambassade de Guinée-équatoriale à Yaoundé soit également encerclée, par mesure de réciprocité. Le lendemain, ils sont partis. Il faut dire que Macias Nguema était un grossier personnage. Vous invitiez un ministre à une réception, le lendemain, vous appreniez qu’on l’a égorgé. Il m’a traumatisé ! ».

La misère des populations camerounaises

S’il est une chose qui déteint largement sur le rayonnement et l’image de marque du Cameroun, c’est bel et bien la misère des populations camerounaise. En effet, faisant face à une grande pauvreté, les citoyens camerounaise sont de plus en plus obligés de prendre les sentiers de l’étranger. Arrivés dans ces pays, ils se livrent à divers petits métiers, donnant ainsi à voir l’image d’un Cameroun de misère. Les choses se gâtent véritablement lorsque ces Camerounais décident de s’adonner aux activités crapuleuses et scabreuses notamment la prostitution, le banditisme, la feymania, etc. C’est ainsi que le Cameroun, jadis réputé pour la vivacité de son agriculture, l’intelligence de ses enfants, l’avant-gardisme de ses autorités ou encore la grande richesse de sa culture, est de plus en plus cité et mis à l’index pour la basse moralité de ses citoyens, la corruption de ses gouvernants, son incapacité à recevoir des manifestations internationales tel que la Can, ou encore l’obscénité de ses chansons. Il revient alors tout autant aux autorités qu’aux simples citoyens de travailler pour redorer le blason du Cameroun qui reste et demeure le leader de l’Afrique Centrale.

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