Le grand dialogue national annoncé par le président Paul Biya ne semble pas avoir apaisé le mouvement indépendantiste qui agite les régions anglophones du Cameroun depuis près de 3 ans. Dans les régions concernées par la crise, le mot d’ordre de « lockdown » (confinement) de trois semaines imposé par les sécessionnistes depuis le 26 août dernier n’a officiellement pas été levé. Il y a quelques jours seulement, « les rues et artères de la plupart des villes de ces régions étaient de nouveau désertes, comme depuis l’instauration de cette nouvelle série de journées « villes mortes », la plus longue de cette crise qui a débuté en novembre 2016 », rapporte Jeune Afrique.Selon des témoignages recueillis par le site internet du journal panafricain, des messages anonymes évoquant une prolongation de dix jours du « lockdown » en cours ont circulé dans la soirée de mardi [10 septembre dernier, Ndr.], sans qu’on ne puisse les attribuer aux séparatistes armés. De quoi provoquer une nouvelle vague de psychose auprès de certains habitants. « Nous ne savons pas ce qui peut arriver. Ce qui est sûr, c’est que le discours du président n’a pas calmé les ardeurs des combattants », a commenté sous anonymat, un habitant de Bamenda, joint par Jeune Afrique.
« Un non-évènement »
De nombreux leaders sécessionnistes anglophones ont en effet rejeté l’offre de dialogue de Paul Biya. « A l’avenir, chaque Ambazonien devra posséder une arme, voire une mitrailleuse car [Paul] Biya ne comprend toujours pas le problème actuel », a affirmé sur les réseaux sociaux Chris Anu, secrétaire général et porte-parole du mouvement indépendantiste anglophone, estimant que le chef de l’Etat n’a pas pris en compte les aspirations des populations vivant dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Depuis sa cellule à la prison de Kondengui à Yaoundé, le leader séparatiste condamné à la perpétuité, a qualifié de « non-événement », le récent discours du président camerounais. Dans une note transmise à l’AFP par l’un de ses avocats, ce dernier regrette que le chef d’Etat camerounais appelle à un dialogue avec la diaspora sans définir les « modalités juridiques » qui permettraient le retour au Cameroun des réfugiés ou demandeurs d’asile qui ont fui le pays en raison des « persécutions » du régime de Yaoundé. Pour le leader séparatiste, la sortie de M. Biya est une « tentative maladroite » d’éviter des sanctions de l’ONU.
Janvier Duclair Mvondo