Crise anglophone : Le dialogue national dès fin septembre

Le chef de l’Etat annonce la tenue dès la fin du mois de septembre en cours, d’un grand dialogue national, ouvert à tous les acteurs nationaux et internationaux.

Paul Biya est sorti de son silence face à la crise sociopolitique qui persiste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. Et pour la première fois depuis la crise s’est radicalisée, le chef de l’Etat n’a pas durci le ton. Au contraire. Dans un discours inhabituel prononcé à la Nation mardi sur les antennes de la Crtv, le locataire du Palais présidentiel d’Etoudi a évoqué les moyens de mettre non seulement fin aux exactions du mouvement indépendantiste qui sévit dans cette partie du pays, mais aussi de réconcilier tous ces sécessionnistes autoproclamés avec leur République. « J’ai décidé de convoquer, dès la fin du mois [de septembre] en cours, un grand dialogue national qui nous permettra, dans le cadre de notre Constitution, d’examiner les voies et moyens de répondre aux aspirations profondes des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi de toutes les autres composantes de notre Nation », a déclaré Paul Biya. Selon le chef de l’Etat, le dialogue dont il est question, touchera à des questions d’intérêt national, telles que l’unité nationale, l’intégration nationale, le vivre-ensemble, il ne saurait intéresser uniquement les populations de ces deux régions. « Il aura donc vocation à réunir dit-il, sans exclusive, les filles et les fils de notre cher et beau pays, le Cameroun, autour de valeurs qui nous sont chères : la paix, la sécurité, la concorde nationale et le progrès ». Concrètement, le grand dialogue national tel qu’annoncé par le président de la République devra s’articuler autour de thèmes susceptibles d’apporter des réponses aux préoccupations des populations des régions anglophones, ainsi qu’à celles des autres régions de notre pays notamment : le bilinguisme, la diversité culturelle et la cohésion sociale, la reconstruction et le développement des zones touchées par le conflit, le retour des réfugiés et des personnes déplacées, le système éducatif et judiciaire, la décentralisation et le développement local, la démobilisation et la réinsertion des ex combattants, le rôle de la diaspora dans le développement du pays, etc.

Dion Ngute, le médiateur

Alors que l’idée d’organiser un grand dialogue national a été émise il y a plusieurs mois par des organisations politiques, la société civile et des Organisations Non Gouvernementales aussi bien au plan national qu’international, ayant pris la liberté de proposer des médiateurs pour ce faire, Paul Biya va cependant rappeler à tous qu’il est le seul capitaine à bord du navire Cameroun. « Depuis la survenance de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, jamais le terme dialogue n’a été autant évoqué, prononcé, voire galvaudé, avoue le chef de l’Etat. A l’interne comme à l’international, chacun y est allé de ses propositions et de ses suggestions. Certaines d’entre elles réalistes, d’autres nettement moins. Les conseils ont afflué. Certains avisés, d’autres intéressés. D’aucuns se sont même risqués à des injonctions ». Ils peuvent tous s’en mordre les doigts. Le président de la République ayant choisi le Premier ministre Dion Ngute pour présider ce dialogue qui réunira espère-t-il, une palette diverse de personnalités : parlementaires, hommes politiques, leaders d’opinion, intellectuels, opérateurs économiques, autorités traditionnelles, autorités religieuses, membres de la diaspora, etc. Seront également invités, des représentants des forces de défense et de sécurité, des groupes armés [pro-sécession sans doute] et des victimes. Même si, « tout le monde ne pourra, et c’est compréhensible, prendre effectivement part à ce dialogue », chacun « aura l’occasion d’y contribuer », promet Paul Biya. Car en amont de la tenue effective de ce dialogue, le Premier ministre, médiateur en chef, mènera de larges consultations, « afin de recueillir les avis les plus divers, qui serviront de sources d’inspiration pour la conduite des débats », poursuit le président. De fait, dit-il encore, des délégations seront également envoyées dans les prochains jours à la rencontre de la diaspora, afin de permettre à celle-ci d’apporter sa contribution à ces réflexions sur la résolution de la crise. Paul Biya sait que le Cameroun aura besoin de tous ses fils pour accomplir ensemble cette mission déterminante pour l’avenir du pays. C’est pourquoi, l’homme du Renouveau tend la perche. « Je voudrais, conclue-t-il, à cet égard en appeler au patriotisme et au sens des responsabilités de tous nos compatriotes de l’intérieur comme de la diaspora pour que chacun, où qu’il se trouve, saisisse cette opportunité historique pour contribuer à conduire notre pays sur les chemins de la paix, de la concorde, de la sécurité et du progrès ».

Par Arthur Wandji

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