Les pouvoirs publics digèrent mal le récent rapport de l’ONG internationale Human Rights Watch, sur la crise sociopolitique qui secoue les deux régions anglophones du Cameroun. Parce que, selon le ministre de la Communication, Réné Emmanuel Sadi, le document intitulé « Cameroun, Evénements de 2018 », prend violemment à partie les forces de défense et de sécurité camerounaises, dans la lutte qu’elles mènent contre les bandes armées de sécessionnistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Lesquelles forces sont en effet accusées « d’exactions et autres graves atteintes aux droits de l’Homme, dirigées sur les cibles civiles ». Mais aussi « d’exécutions extrajudiciaires, d’usage excessif de la force envers les civils, de torture de terroristes capturés et d’incendies de maisons et d’autres biens appartenant aux populations ». René Emmanuel Sadi dénonce « une tendance systématique de certaines organisations humanitaires de discréditer les pouvoirs publics ».
Dénonciations calomnieuses
Le gouvernement camerounais rejette donc « catégoriquement ces accusations » portées « inconsidérément contre des forces républicaines », engagées dans un combat pour la préservation de l’intégrité territoriale de l’Etat et la protection des personnes et des biens, dans les régions anglophones du pays. Et ce, « conformément à leurs obligations régaliennes, dans le strict respect des conventions internationales en matière des droits de l’Homme, et parfaitement conscientes de leur responsabilité », précise le ministre de la Communication. De toute évidence dit-il, dans la présentation qu’elle fait de la situation sur le terrain, « l’ONG Human Rights Watch trahit comme un parti pris en faveur des bandes armées, en relativisant, voire en minorant la responsabilité de ces groupes dans les atrocités perpétrées dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ». Le gouvernement estime en effet poursuit-il encore, qu’il est absolument inconséquent voire malsain, de vouloir mettre sur un pied d’égalité ou loger à la même enseigne, d’un côté, « ceux qui, incarnant la puissance publique, font un usage légitime, réfléchi et mesuré de la force », et de l’autre, « des hors-la-loi, qui usent illégalement de la force à des fins destructrices, malveillantes et nuisibles ».
Pour le porte-parole du gouvernement, il va de soi que les atrocités les plus criantes, les intimidations, les enlèvements de citoyens innocents, les incendies d’infrastructures, notamment d’hôpitaux, tel celui récent de Muyuka, les menaces de toute nature qui imposent les villes mortes, la fermeture de nombreux établissements scolaires, avec tout le préjudice imaginable sur la scolarité des enfants, ne sont pas, et ne sauraient être le fait des forces camerounaises de défense et de sécurité, mais, bel et bien, le fait des bandes armées sans foi ni loi et en totale perdition. En appelant au sérieux, à l’objectivité et au sens de responsabilité des partenaires humanitaires, qu’il s’agisse de Human Rights Watch ou des autres, dans leurs appréciations des faits et des réalités, René Emmanuel Sadi se veut tout de même rassurant : « la situation sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, dit-il, n’est nullement en cours de dégradation, mais, bien au contraire, en phase de reprise en main progressive par les forces nationales de défense et de sécurité ».