C’est un fait. La Cameroon Developpement Corporation (CDC) est au bord de la faillite. Après avoir suspendu ses exportations de banane depuis septembre 2018 et fermé plusieurs unités de production, le deuxième employeur du Cameroun (après l’Etat) vient de mettre 60 % de ses effectifs soit 12 000 employés sur 22 000 au chômage technique. L’entreprise basée dans la région du Sud-Ouest paie ainsi le prix fort de la crise anglophone qui sévit dans cette partie du pays depuis près de trois ans où elle détient la majorité de ses plantations. « L’entreprise évolue en moins de 10 % de ses capacités », a martelé le directeur général de la CDC, Franklin Ngoni Ikome Njie qui précise que 40 % des employés étaient des ouvriers sans salaire depuis près de 11 mois. Et pourtant, l’on se souvient qu’en juin 2018, le top manager avait prévenu le gouvernement de ce que : « la situation pourrait être pire dans un avenir proche si la crise persiste, surtout dans la région du Sud-Ouest ». Franklin Ngoni Ikome Njie menaçait à ce moment-là de suspendre près de 5 000 emplois si la crise perdurait. « A partir de juin 2018, les travailleurs des différents champs en crise devraient être payés à hauteur de 50 % de leurs salaires. Si la situation persiste, elle baissera à 40 % en juillet, 35 % en août, 30 % en septembre et après six mois, ces travailleurs seront licenciés », avait-il averti.
En réalité, la CDC traverse une crise financière sans précédent depuis le début de la crise anglophone. La Mastodonte a dû fermer 12 sites de productions sur 29 à savoir Boa, Moulin Illoani, Illoani, Mbonge, Mukonje, Malende, Mungo, Meanja, et Tombel. Le Groupement Inter Patronnal du Cameroun (Gicam) précisait également dans un de ses rapports que 10 autres sites tournent au ralenti du fait des attaques des sécessionnistes. Le patronat indiquait également que certains sites de productions sont devenus le camp d’entrainement des séparatistes.
Affaiblie et paralysée par la crise anglophone qui sévit dans les régions anglophones depuis deux ans, la CDC avait récemment fait savoir au gouvernement qu’elle avait besoin de 84 milliards de francs CFA pour sa restructuration. D’après les responsables de l’entreprise, cette enveloppe sera destinée au rajeunissement des plantations, la fourniture des engrais, l’acquisition des équipements, la formation du personnel et à la régénération des plantations afin d’accroitre la production.
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