Le 11 juillet 2024, l’Ukraine a saisi un navire battant pavillon camerounais, le Usko Mfu, pour avoir prétendument transporté du grain ukrainien volé depuis la Crimée occupée par la Russie. Le navire aurait effectué plusieurs voyages au port de Sébastopol, en Crimée, malgré l’interdiction ukrainienne et les lois maritimes internationales. Selon les autorités ukrainiennes, le navire éteignait régulièrement son système de localisation GPS pour dissimuler ses mouvements et enregistrait de fausses informations de voyage.
Les navires battant pavillon camerounais sont souvent qualifiés de faisant partie de la « flotte fantôme » russe en raison de leur implication dans des activités maritimes illégales, notamment l’évasion des sanctions internationales et le transport de pétrole russe sous embargo. «Le Cameroun est devenu un pavillon de complaisance pour les navires cherchant à éviter les régulations strictes, la classification et l’assurance maritime traditionnelles. En particulier, le pavillon camerounais est utilisé par de nombreux navires impliqués dans des opérations discrètes et illégales, comme le transfert de pétrole en haute mer avec leurs transpondeurs AIS éteints pour éviter la détection. Par exemple, certains navires sous pavillon camerounais ont été trouvés transportant du pétrole russe, malgré les interdictions imposées par les sanctions occidentales. La réputation de ce pavillon comme « havre » pour la flotte fantôme a conduit à des interdictions d’accès dans plusieurs ports, y compris ceux des Émirats arabes unis, en raison des risques élevés associés à ces navires, notamment le manque d’assurance et de conformité aux normes de sécurité», souligne un expert contacté par nos confrères du quotidien libanais L’Orient-Le Jour.
Des mesures pour régler la mire
Cette opération intervient trois mois après l’annonce des autorités camerounaises de suspendre, pour une période de six mois renouvelables, les immatriculations des engins flottants naviguant hors des eaux territoriales camerounaises. Dans un communiqué signé le 22 avril dernier, le ministre des Transports, Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe, précisait qu’un recensement physique de ces engins opérant sous le pavillon camerounais serait réalisé pendant cette période afin de procéder à la numérisation du registre des immatriculations. Le pays avait d’ailleurs été fortement critiqué pour son laxisme en matière de régulation maritime, ce qui a permis à de nombreux navires impliqués dans des activités illicites, notamment le contournement des sanctions contre la Russie, de battre pavillon camerounais. Pour combattre ce problème, le Cameroun a pris certaines mesures, bien que leurs effets restent limités.
Par exemple, les autorités ont commencé à améliorer leurs processus d’enregistrement des navires pour assurer une meilleure vérification de la légalité des activités de ces derniers. De plus, des collaborations avec des organisations internationales sont en cours pour renforcer les capacités de surveillance et de régulation maritime du pays. Cependant, le Cameroun fait toujours face à des pressions internationales pour en faire davantage. La récente interdiction des navires battant pavillon camerounais par les Émirats Arabes Unis, due à des préoccupations concernant les activités illégales de ces navires, souligne l’urgence d’une action plus stricte et coordonnée pour lutter contre la flotte fantôme.