mercredi, septembre 18, 2024
spot_img
spot_img
AccueilA LA UNECommerce extérieur: La France devrait réduire ses exportations de blé vers le...

Commerce extérieur: La France devrait réduire ses exportations de blé vers le Cameroun en 2024

La production de blé en France, premier fournisseur de blé du Cameroun depuis 2022, se trouve aujourd'hui confrontée à une baisse historique. Avec une récolte estimée à seulement 26,3 millions de tonnes pour 2024, au plus bas depuis 1983, les exportations de blé français vers les pays hors Union européenne devraient chuter de 60 %, selon des prédictions faites par Argus, une plateforme qui fournit des informations détaillées sur les cours de matières premières. Cette situation, bien qu'inattendue, pourrait exposer ses clients, y compris le Cameroun à de nouvelles incertitudes quant à leur approvisionnement en blé, une denrée stratégique.

En 2023, le Cameroun a importé 887 400 tonnes de blé à raison de 178,3 milliards de FCFA. L’année précédente, les importations de cette céréale ont culminé à hauteur de 920 400 tonnes pour un coût global de 260,7 milliards. Ce qui correspond à une baisse de 32 600 tonnes (-3,7%) en quantité et 82,4 milliards en valeur (-46,3%). Que ce soit en 2022 ou en 2023, Yaoundé est demeuré largement tributaire de ses partenaires commerciaux pour assurer l’approvisionnement du marché local. La France, premier fournisseur depuis 2022 (30,1% de parts de marché), a conservé sa première place en 2023 (28 %).

La Russie, jadis principal fournisseur de Yaoundé en blé, est restée cantonnée à la 3e place comme en 2022, derrière la Pologne qui est devenue le second exportateur de cette céréale au Cameroun en 2023, en remplacement de l’Argentine qui a quitté le top 10. Cette stagnation des exportations de blé russe est certainement, comme l’année précédente, le résultat direct des difficultés d’acheminement de cette denrée vers le Cameroun, en raison de la guerre en Ukraine.

Ce qui a poussé les importateurs camerounais à se tourner massivement vers le blé français. Cependant, la baisse de la production française prévue pour 2024, annoncée par le ministère français de l’Agriculture, risque de mettre en péril cette relation commerciale. La chute de 60 % des exportations vers les pays tiers annoncés par Argus, une plateforme internationale qui fournit des informations détaillées sur les cours de matières premières, pourrait réduire de manière significative la disponibilité du blé français sur le marché camerounais, obligeant Yaoundé à rechercher des alternatives dans un contexte mondial où les prix des céréales restent volatiles.

IMPACT ÉCONOMIQUE ET STRATÉGIQUE POUR LE CAMEROUN

Au-delà de la France, c’est toute la production céréalière de l’Union européenne (UE) comptant pour la campagne 2024-2025, qui devrait diminuer par rapport au niveau de l’année dernière. C’est ce que prévoient les experts du ministère de l’Agriculture des États-Unis (United States Department of Agriculture, USDA) basés à Madrid.

Concrètement, la production de blé de l’UE au cours de la campagne 2024-2025 devrait diminuer à 127,4 millions de tonnes, contre 130 millions de tonnes dans le rapport USDA de juillet et 134,9 millions de tonnes lors de la campagne précédente. Cette situation affecte notamment la Pologne, deuxième fournisseur de blé du Cameroun avec 25,5 % de parts de marché en 2023, qui connaît une baisse de sa production, annonce Argus sans donner de détails.

Elle pourrait augmenter ses expéditions vers le Cameroun pour combler partiellement le déficit laissé par la France. Toutefois, cette option pourrait s’avérer coûteuse, car les prix du blé polonais pourraient être plus élevés en raison du contexte sus-évoqué. L’Allemagne, troisième fournisseur avec 15,2 % des importations en 2023, représente une autre alternative. Néanmoins, la baisse de la production allemande de blé pour la campagne 2024-2025 qui devrait être inférieure de 13 % par rapport à la campagne précédente, soit 18,76 millions de tonnes, pourrait limiter sa capacité à répondre à une demande accrue du Cameroun. Par ailleurs, les importations en provenance du Canada, bien que représentant seulement 7,2 % des parts de marché en 2023, pourraient également être augmentées.

Cependant, la distance géographique et les coûts logistiques associés rendent cette option moins attrayante. D’autres pays, comme l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie, qui ont respectivement fourni 5,3 %, 3,5 % et 1,7 % du blé importé par le Cameroun en 2023, pourraient être sollicités pour augmenter leurs exportations vers le Cameroun. Toutefois, leur capacité à fournir des volumes suffisants pour compenser la baisse des exportations françaises reste incertaine.

L’AUTOSUFFISANCE: UN DÉFI À LONG TERME

L’une des réponses à ces éventuelles difficultés d’approvisionnement qui se profilent à l’horizon, pourrait être une accélération des politiques d’import-substitution et de développement de la production locale de blé au Cameroun. Le pays dispose de vastes terres arables et d’un climat favorable dans certaines régions pour la culture du blé, bien que des défis subsistent en termes d’infrastructures, de technologie et de financement. La Stratégie nationale de développement 2020- 2030 (SND30) du Cameroun prévoit déjà la modernisation de l’agriculture et la promotion de cultures stratégiques pour réduire la dépendance aux importations. Cependant, la mise en œuvre de ces politiques nécessite du temps, des investissements significatifs et un engagement politique fort pour transformer le secteur agricole camerounais.

À court terme, cette option semble difficilement réalisable pour pallier la crise actuelle. Cette conclusion découle des résultats obtenus par le gouvernement, qui a lancé il y a plus de 2 ans, un projet de relance de la culture du blé. En effet, grâce à une subvention présidentielle spéciale d’un peu plus de 10 milliards de FCFA, à décaisser sur une période de 5 ans, l’Institut de recherches agricoles pour le développement (Irad) a mené des recherches approfondies sur des variétés de blé adaptées aux conditions climatiques et pédologiques du Cameroun.

Les premières expérimentations ont été conduites dans les régions du NordOuest et de l’Adamaoua, deux zones présentant des conditions favorables à la culture du blé. Ces recherches se sont révélées prometteuses, ouvrant la voie à la mise en place de champs semenciers à grande échelle. C’est dans ce contexte que la localité de Wassandé, connue pour avoir abrité autrefois les installations de la Sodeble, est redevenue un centre d’attention. En août 2023, l’Irad, avec le soutien financier du gouvernement, a fourni des semences de blé à une coopérative locale. Cette initiative, qui s’inscrit dans la droite ligne des objectifs de relance agricole définis par l’État, a permis d’obtenir une première récolte de 180 tonnes. Une seconde récolte est attendue en 2024. Cette dernière devrait être dans les mêmes proportions que la première.

spot_img
LIRE AUSSI

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

EN KIOSQUE

spot_img

LES PLUS RECENTS