Face à divers freins rencontrés par sa clientèle pour la levée des fonds dans le cadre des opérations de commerce extérieur, la banque panafricaine a réuni les acteurs à Douala pour un partage d’expérience.
Le financement reste le défi majeur dans les échanges commerciaux pour les entreprises. Selon la Conférence des Nations unies pour le commerce et le Développement (CNUCED, le taux de refus des demandes de financement est de 12 % sur l’ensemble du continent. Les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) qui représentent environ 90% des entreprises du continent africain sont les plus affectées. L’OMC révèle que lorsque leurs demandes de financement ne sont pas rejetées (près de 50 %), elles paient des taux d’intérêt élevés, allant de 7 à 9 % dans certains pays.
Pour aborder cette problématique pour laquelle les établissements financiers sont souvent indexés, Ecobank Cameroun a réuni les acteurs, notamment les opérateurs économiques à Douala. La rencontre s’inscrivait dans le cadre de la première édition d’Ecobank Trade Expo , une plateforme interactive. « Le thème de cette première édition de l’Ecobank Trade Expo, « Libérer le potentiel commercial : Solutions de financement pour la croissance », n’est pas un simple slogan, c’est un appel à l’action. Il met en lumière l’immense potentiel inexploité de notre marché, de nos frontières et de tout le continent. Il témoigne avec force de la détermination d’Ecobank à permettre aux entreprises de lever toutes les barrières commerciales qui freinent leurs ambitions de croissance et d’expansion », explique l’Administrateur Directeur Général d’Ecobank, Gwendoline Abunaw.
Invitée d’honneur à cette première édition d’Ecobank Trade Expo, Kate Fotso, qui a du succès dans le secteur de l’exportation du cacao à travers Telcar Cocoa a pu partager son expérience. Ceci sur des aspects tels que le renforcement de la crédibilité auprès des partenaires commerciaux et des banques, la gestion de la trésorerie, l’accès aux nouveaux marchés et fournisseurs internationaux etc. C’était aussi l’occasion pour Ecobank de proposer ses solutions de financement du commerce. Notamment sa plateforme Single Market Trade Up, qui met en relation acheteurs et vendeurs sur le continent, déjà utilisée par plus de 12 000 clients Ecobank. Pour cette banque, ses produits sont une solution au renforcement du commerce interafricain.
Réactions
Gwendoline Abunaw, Administrateur directeur général Ecobank Cameroun
« Notre objectif est d’aider nos clients et partenaires à être compétitif sur le marché mondial »

« L ’économie camerounaise a continué de faire preuve de résilience malgré les nombreux défis locaux et mondiaux rencontrés ces dernières années. Le commerce international contribuant significativement à cette stabilité grâce à l’accès à des marchés plus vastes, tant pour l’exportation que pour l’importation. Certaines tendances émergentes, telles que la numérisation disruptive des fintechs, la présence croissante des PME, la diversification des sources de financement et la multiplication des partenariats public-privé, sont des signes forts d’un avenir prometteur pour notre marché commercial. Ces tendances témoignent également du potentiel de croissance de nos entreprises. Mais nous savons aussi que nos activités commerciales évoluent dans un environnement difficile, susceptible d’entraver notre capacité à exporter des marchandises, à être compétitifs à l’échelle mondiale et à attirer des investissements étrangers. Notre objectif principal est de doter nos clients et partenaires des connaissances et des outils nécessaires pour maîtriser les complexités du commerce international et être compétitif sur le marché mondial. Cet objectif s’inscrit dans l’essence même de la mission d’Ecobank : être une banque panafricaine de premier plan, dédiée au développement économique et à l’intégration financière du continent africain. »
Kate FOTSO, Telcar Cocoa
« Il faut gagner la confiance des banques »

« J’ai appris très rapidement que les banques, dépensent beaucoup d’argent sur la gestion des risques, sur l’intelligence, sur l’investissement et sur la croissance. Donc je dirais que nous devons nous vérifier d’abord. S’assurer que ce que nous faisons, nous le faisons correctement. Alors nous n’aurons pas beaucoup de questions, ou de problèmes avec nos clients internationaux. Chaque client international veut s’assurer que lorsqu’ils ont un ordre, ou qu’ils proposent de vendre quelque chose, ils veulent s’assurer que vous allez le faire.
Je pense aussi que chaque secteur a ses propres particularités. Ainsi, en sectorisant les différents secteurs d’activité, nous pourrons trouver des solutions concrètes. Car la banque n’a pas pour vocation de vendre son argent, de le rentabiliser et de permettre aux entrepreneurs de se développer. Si vous optimisez les besoins de vos clients, vous pourrez mieux répondre à leurs besoins et développer votre activité et celle de vos clients. Le défi, à nos débuts, était de faire comprendre aux banques notre activité, car le secteur des matières premières exige des financements considérables. Et pour le cycle de vie de l’activité, les banques peuvent s’adapter à notre activité et nous essayons d’améliorer notre production grâce à nos volumes de transactions importants. »
Amedée ASSOMO, Directeur Général MRS
« Les défis liés au financement sont rudes »

« Les défis majeurs pour le commerce comme ont cité les précédents orateurs sont le problème d’infrastructures, les problèmes de régulation, mais je vais peut-être donner un peu plus de détails. Quand on parle de problèmes d’infrastructure, en ce qui nous concerne par exemple, je vais être factuel. Pour importer du camion au camion, nous avons essentiellement deux ports, le port de Douala et le port de Kribi. Il faut savoir qu’au port de Douala, nous n’avons que deux quais, notamment le quai 61, qui ne peut prendre que des navires de maximum 15 kt, c’est-à-dire 12 kt maximumde 15 000 tonnes. Dans notre domaine, pour ceux qui importent, c’est extrêmement petit, c’est une très grosse contrainte. Ça veut dire que pour quelqu’un qui veut par exemple s’approvisionner auprès d’une raffinerie, il ne peut pas tout simplement parce que les minimums pour reprendre une raffinerie, c’est à partir de 20 kt. La deuxième contrainte c’est au niveau des régulations en lien avec le monde bancaire. Personnellement, je pense que nous avons, une Cobac et une BEAC anachroniques. Ils ne sont pas arrimés aux nouvelles tendances. Quand vous regardez ce que les banques vous demandent pour pouvoir mettre en place vos outils pour importer, les LIC, etc. C’est tellement contraignant. Moi, j’ai eu la chance de faire deux systèmes, le système européen ou asiatique, et le système ici, c’est totalement différent. Même en France, de votre bureau, vous pouvez décider de 2 millions d’euros, 30 millions d’euros, mais ici, ce n’est pas évident, on vous demande tellement de documents aussi gros que vous ne savez plus comment faire. »