Michel Biem Tong est poursuivi pour « apologie du terrorisme » et « outrage au chef de l’Etat ». A quel point ces accusations vous paraissent-elles fondées ou non ?
Je ne voudrais pas me jeter dans un commentaire sur les arguments de ses accusateurs. C’est le procureur de la République qui a décidé de le placer en détention provisoire. Mais ce qui me frappe davantage c’est que, Michel Biem Tong est un civil et donc il ne devrait pas se trouver devant un tribunal militaire. Deuxièmement, il a été interpellé de manière sauvage dans les bureaux d’un ministère, sans mandat. Troisièmement, l’enquête criminelle ne s’est pas déroulée dans de bonnes conditions à savoir qu’il a été auditionné sans la présence de ses avocats. Pour moi, ses droits élémentaires n’ont pas été respectés.
Mais il se dit qu’on lui reproche d’avoir véhiculé un message audio dans lequel il appelle les populations des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest à poursuivre la résistance contre le régime de Yaoundé…
J’ai eu le privilège d’écouter ce message qu’il aurait envoyé aux populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Contrairement à ce qu’on dit, il ne s’adresse pas aux séparatistes. En écoutant ce message, je ne vois pas ce qui pourrait justifier qu’il se retrouve poursuivi devant le Tribunal militaire pour des questions liées au terrorisme. Mais nous travaillons dans l’optique de lui obtenir une libération. Nous travaillons dans le cadre d’un Collectif qui dispose en majorité des journalistes qui sont en fait ses camarades. Nous projetons de mener bientôt, un certain nombre d’actions qui nous permettront d’obtenir qu’il bénéficie d’un minimum d’équité dans le traitement de son affaire.
Concrètement, quelles sont les actions qui sont menées par le Collectif international de soutien à Michel Biem Tong ?
Nous avons un certain nombre d’actions en préparation. On lui a déjà rendu une visite dernièrement, on a fait un communiqué ensuite. Nous ferons un second communiqué ; puisque nous avons rassemblé un certain nombre d’informations sur la manière dont l’enquête s’est déroulée. Pour le moment nous n’en parlons pas parce qu’il ne serait pas bon de donner la primeur à un seul journal ; nous allons, le moment venu, mettre toutes ces informations à la disposition de la presse. Mais il est envisagé une ou deux manifestations publiques, et aussi une conférence de presse et des déclarations.
En tant défenseur des droits de l’Homme, et surtout journaliste, quel commentaire vous inspire ces cas à répétition d’arrestation de femmes et d’hommes de médias au Cameroun ?
Je suis inquiet. On découvre aujourd’hui qu’il y a au niveau du régime de Yaoundé, un courant de personnes qui sont extrêmement dures, des faucons qui en veulent à la presse et qui sont capables de s’appuyer sur des choses totalement inaperçues aux yeux de l’opinion pour en faire de grands scandales. Je suis cependant également réconforté par les issus qu’ont connu certaines interpellations de journalistes notamment le cas de Mimi Mefo, notre consoeur d’Equinoxe Télévision qui a été libérée il y a quelques jours. Nous sommes confiants quant au cas de Michel Biem Tong.
Réalisée par Arthur Wandji