Cession des terres: le SDF demande des comptes au gouvernement

Le Social Democratic Front exige que Yaoundé fasse la lumière au sujet de 100 000 hectares de terrain qui aurait été vendus aux entreprises chinoises.

Le gouvernement camerounais doit rendre des comptes et s’expliquer sur l’affaire de bradage des terres aux entreprises chinoises qui l’accable. C’est en tout cas, l’exigence ferme que vient de formuler de Social Democratic Front. « Les camerounais ont le droit de savoir les procédures d’acquisition, les termes réels du contrat ayant conduit à la vente de ces terres, la contrepartie financière, les noms ou identités des véritables acquéreurs de ces terres, les différents sites géographiques, la nature des produits d’exploitation forestière et minière tirés de ces terres ainsi que les plus-values engrangées par l’État du Cameroun », a formellement exigé, Jean Robert Wafo, ministre du Shadow cabinet du SDF en charge de l’information et des médias, dans un communiqué qu’il a rendu public. Le ton utilisé par le chargé de communication du parti de Ni John Fru Ndi est ferme : « On ne saurait sacrifier tout un pan entier de notre territoire et par conséquent l’avenir des générations futures sur l’autel des intérêts obscurs et inavoués ». Jean Robert Wafo pense qu’« à l’heure où la transparence dans la gestion des affaires publiques est proclamée dans tous les discours officiels et où la gouvernance participative est édictée dans toutes les formes de coopération notamment dans les domaines fonciers, tout ponce pilatisme de Yaoundé au sujet de cette affaire sera assimilable à de la braderie, de la duperie sur fond de concussion ».

Champion d’Afrique en vente de terre

Cette sortie du Social Democratic Front fait suite à la publication d’un graphique intitulé « China Africa Research Initiative ». Le graphique rendu public par le site John Hopkins, fait état du nombre de terres acquises en Afrique par les entreprises chinoises de 1987 à 2016. Selon ce tableau, le Cameroun occupe le peloton de tête des pays vendeurs de terrain. En 29 ans, le pays de Paul Biya a cédé plus de 100.000 hectares de terre aux entreprises chinoises. La superficie de terre vendue par le Cameroun est de loin supérieure, à celle liquidée par le Mozambique et Madagascar (30.000 hectares) et le Zimbabwe (un peu moins de 20.000 hectares), qui occupent respectivement la deuxième, la troisième et la quatrième place du classement. Selon les calculs du SDF, « les entreprises chinoises ont fait des acquisitions foncières de 1.000.000.000 (un milliard) de mètres carrés de terre en Afrique, soit 1000 km2 sur notre territoire qui dispose d’une superficie d’environ 475.000 km2 ».

Au sein de l’opinion, plusieurs internautes ont eux aussi exigé que le gouvernement fasse la lumière sur cette « affaire d’une gravité écœurante ». Zouga Ismael pense que le « régime en place veut nous ramener à la colonisation. Comment peut-on penser qu’au XXI siècle, un Etat accepte que des entreprises étrangères viennent acheter du terrain sur son territoire », se demande-t-il. Pour lui, il s’agit tout simplement de la « preuve ultime que les autorités gouvernementales ne se soucient pas de l’avenir de leur pays, car en laissant vendre ces terres aux étrangers, elles privent les générations futures de leur héritage ». Ignace Bemi, lui soupçonne certaines pontes du régime d’être les cerveaux de l’affaire. Pour lui, « les entreprises chinoises ne sont que des paravents, ce sont des Camerounais bien placés qui sont eux-mêmes propriétaires de ces entreprises dites chinoises. Il y’a un plan d’accaparement des terres qui est bien pensé par certains dignitaires de ce pays », lance-t-il.

Joseph Essama

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