Malgré ses près de 50 ans d’âge et une maladie liée au sol, cet ouvrage apporte la plus grande contribution au réseau interconnecté sud du pays ces dernières années, devant Edea et Nachtigal récemment mis en service.
Ouvrage historique, la centrale de Songloulou selon les dirigeants d’Eneo, continue de jouer un rôle majeur dans le segment production de l’énergie au Cameroun. D’unecapacité installée de 384 MW, cette centrale va parfois au-delà cette puissance atteignant jusqu’à 400 MW. Les chiffres tout au long de l’année 2024 en l’occurrence montrent une variation des pics dont le plus bas niveau était de 396 MW en décembre et un pic de 410 MW consécutivement au mois de mai et de juin. Soit 38% de la production du Réseau Interconnecté Sud (RIS) du pays qui repose sur trois centrales hydroélectriques de grande importance : Edea, Songloulou et Nachtigal.
La même tendance est observée depuis le début de cette année avec un pic de production de 400 MW en janvier, puis à plus de 384 MW de février jusqu’à date. Globalement, le pointage fait état d’un niveau de performance qui fait de Songloulou le leader en termes de production. De janvier à avril 2025, la centrale de Songloulou a enregistré 35% de la production dans le réseau interconnecté sud. Elle est talonnée par Nachtigal qui affiche un taux de 31% malgré sa mise en service récente, puis la centrale d’Edéa avec 21%. « Songloulou est un pilier historique. Songloulou assure une base stable, mais Nachtigal redessine la carte énergétique, réduisant la dépendance historique à Songloulou », commente Eneo qui assure la gestion de cette centrale.
Songloulou face au défi technique
Avec ses 8 groupes de 48 MW chacun, le taux d’utilisation des machines se situe autour de 90%. Mais l’ouvrage se bat pour survivre avec un gros défi. En effet, cette infrastructure souffre d’une maladie détectée depuis les années 1980. Appelée Réaction Alcali-Granulat (RAG), cette pathologie se manifeste par des fissures et des gonflements des bétons, laissant craindre le risque d’effondrement du barrage. Mais, les responsables de l’ouvrage rassurent qu’il n’y a pas d’inquiétude. « Nous connaissons bien cette pathologie. Il n’y a pas que Songloulou qui en souffre. Même les plus grands barrages dans le monde connaissent ce problème. Une étude a permis de conclure en 2020 que le barrage de Songloulou est stable», affirme Ahmadou Bivoung, le directeur central de la production à Eneo lors d’une visite de presse effectuée sur le site le 8 mai dernier.
Selon les responsables de l’ouvrage, plusieurs investissements ont été réalisés pour garantir la stabilité de l’ouvrage. C’est notamment le cas du programme Dam Safety dont les actions permettent de sécuriser le barrage dans ses fondements, installer une technologie de pointe pour sa surveillance et réhabiliter certains équipements de modulation. 11 milliards de FCFA ontdéjà été mobilisés dans la phase 1 de ce programme qui couvrait la période 2015 – 2024.
Pour la phase 2 en cours, plus de 60 milliards sont nécessaires. Les premières études soulignent la nécessité durant cette phase de mener des actions de renouvellement et de renforcement du barrage afin d’allonger la durée de vie de Songloulou d’au moins 30 ans.