Le marché bancaire de la zone Cemac fait face à une tension croissante en matière de liquidités, alors que la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a réduit, le 10 septembre 2024, son offre de refinancement de 250 à 200 milliards de FCFA. Cette décision intervient malgré une demande accrue des établissements de crédit. En effet, selon les résultats publiés par la banque centrale, cette opération a obtenu un taux de souscription de 218,50 %, les banques ayant exprimé un besoin de 437 milliards de FCFA, soulignant les défis auxquels est confrontée la banque centrale dans sa gestion de la politique monétaire.
Après avoir injecté à trois reprises 250 milliards de FCFA lors de ses précédentes opérations, la BEAC a cette fois-ci opté pour une réduction, et ce, malgré une demande de 423 milliards de FCFA exprimée lors de la dernière opération, soit un taux de souscription de 170 %. Cette décision de réduire de 50 milliards FCFA pourrait être interprétée comme une mesure de prudence dans un contexte où l’inflation reste un enjeu majeur pour les autorités monétaires de la région.
En effet, la BEAC doit jongler entre la nécessité de maîtriser l’inflation et celle de soutenir la croissance économique, prévue à 3,6 % pour 2024, son niveau le plus élevé depuis une décennie. Si l’inflation commence à faiblir, les banques, elles, continuent d’exprimer des besoins de refinancement importants, révélant un décalage persistant entre la demande et l’offre de liquidités.
L’inflation résiste aux mesures de la BEAC
Malgré les injections régulières de la BEAC, l’inflation reste élevée dans plusieurs pays de la zone Cemac, comme le Cameroun, où elle a atteint 6,3 % entre avril 2023 et avril 2024. Ce chiffre dépasse largement la limite des 3 % fixée par la BEAC. Ainsi, la banque centrale se trouve dans une situation délicate, entre un besoin croissant de financement des banques et la lutte contre l’inflation, essentielle pour stabiliser les économies de la région.