Camwater : Le terrain miné qui accueille Blaise Moussa

Le remplaçant de Gervais Bolenga qui a déjà réussi ailleurs arrive sur un terrain miné par des problèmes dont des pistes de solutions dépendent de l’Etat.

Il n’y a pas u grève du personnel de la Cameroon water utilities corporation (Camwater) ce 3 octobre 2022. Le mot d’ordre lancé quelques jours plus tôt par les leaders syndicaux, a été levé in extremis la veille. Au terme d’une réunion de crise tenue par Gaston Eloundou Essomba, le ministre de l’Energie et de l’eau (Minee), avec les syndicalistes et le nouveau directeur général. Un dimanche. L’urgence le recommandait. « A l’issue de ladite réunion, le gouvernement et les leaders syndicaux se sont engagés à poursuivre les concertations plus approfondies au sein de la Camwater avec le nouveau top management », peut-on lire dans le communiqué qui sanctionne cette assise qui a vu la présence de cinq leaders syndicaux. On y apprend que le gouvernement a dû amorcer l’apurement de sa dette envers la Camwater pour convaincre les grévistes. Avec le virement par le ministre des Finances, de 500 millions de francs CFA au titre du « règlement partiel » de cette dette sociale, et surtout « la promesse d’apurement progressif de ladite dette et les bonnes dispositions de la nouvelle équipe à la direction générale à respecter les textes légaux et réglementaires, notamment le Code du travail et la Convention collective ».

Akomnyada et sa forte demande

Une première victoire pour Blaise Moussa qui arrive sur un terrain miné. La première mine étant le climat délétère, du moins l’absence de confiance entre les employés et la direction, mais surtout la lourde dette de l’Etat envers l’entreprise publique de production de l’eau potable. On se souvient que le 10 août dernier, Gervais Bolenga, l’ancien directeur général de la structure avait servi un courrier au ministre des Finances (MINFI) demandant le règlement de la dette de l’Etat, chiffrée à dix milliards 300 millions de francs CFA dont le reliquat des arriérés de 2018 à 2021 (4 milliards 300 millions FCFA). Cela survenait au moment où Yaoundé traversait une période délicate, marquée par une sécheresse généralisée des pompes.

L’usine de traitement d’eau d’Akomnyada qui alimente la capitale, manquant de produits pour traiter une eau originellement lourde et sale, a pu constater le MINEE qui y a rendu une visite en urgence. A l’occasion, Gaston Eloundou Essomba a instruit la direction générale de Camwater de trouver des « solutions urgentes » pour résorber le problème. Avant d’y tenir une réunion interministérielle le 12 septembre dernier. La direction générale avait alors opté pour « l’augmentation de la production d’eau à la station d’Akomnyada », avait-on appris. Et les travaux de 4ème session ordinaire du Conseil d’administration tenue quatre jours plus tard, portaient sur « l’examen de la chaîne d’approvisionnement en produits de traitement de l’eau à la Camwater, en vue garantir une autonomie en produits dans les différentes stations et une eau suffisante et de qualité ». L’instance a prescrit à Gervais Bolenga de trouver des mesures urgentes pour assurer la disponibilité en produits de traitement de l’eau à la station d’Akomnyada, et pour « résoudre durablement les problèmes de la chaîne d’approvisionnement en produits de traitement de l’ensemble des stations de la Camwater».

Expertises plurielles

Mais l’homme n’a pas eu le temps de donner une suite à ces prescriptions. L’argent faisant défaut. Gervais Bolenga était « obligé de se procurer les produits de traitement d’eau sans compter sur l’Etat qui ne se pressait pas à payer sa dette », regrette une source. Il s’avère que l’homme n’a pas opéré le miracle qu’il fallait, pour satisfaire le peuple aux abois. Finalement, Yaoundé a opté pour le changement du duo de tête. Mais si Yaoundé a allégé les peines de Blaise Moussa en apurant une partie de la dette, il reste que ce premier virement ne représente que près de 5% de la dette. L’Etat doit encore près de dix milliards à cette structure qui est obligée de fournir de l’eau potable à une population dont les besoins augmentent sans cesse. Camwater est ainsi entre le marteau et l’enclume. Blaise Moussa a déjà réussi ailleurs, notamment à la tête du secrétariat général de la Fécafoot ainsi qu’à la direction générale du ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative. Deux postes importants dans deux administrations qui n’accusaient pas une sécheresse financière, mais avaient juste besoin que d’un cadre plus moderne et un environnement plus professionnel pour l’une, et l’allègement des lenteurs administratives pour l’autre.

Ici, le MINEE présente la DGA, venant du ministère

A la Camwater, cet inspecteur des impôts va-t-il réussir le coup de génie de produire de l’eau potable en quantité suffisante pour les Camerounais, sans argent ? Peut-être que titulaire d’un Doctorat en Finances publiques et Droit fiscal empruntera dans cette spécialité dont les connaissances précèdent les fonctions managériales, pour trouver des solutions idoines au malade Camwater. Le natif de Bétare Oya, 48 ans, pourra compter sur l’accompagnement et l’expertise de son adjointe, Jocelyne Ngo Njiki qui est ingénieur de Génie rural et titulaire d’un master en Management et développement, sept ans moins jeune que lui. Cette native de Ngog Mapubi qui en plus était Directeur de la Mobilisation des ressources en eau au ministère en charge de l’eau, avant sa nomination à la Camwater.

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