En 2023, les établissements de microfinance (EMF) au Cameroun ont démontré leur dynamisme en finançant l’économie nationale à hauteur de 545 milliards de FCFA. Cette performance s’inscrit dans un contexte où les microfinances camerounaises représentent 73,7% du réseau de microfinance de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac). Avec 384 opérateurs sur les 521 que compte la sous-région, le Cameroun s’impose comme le leader incontesté dans ce secteur. Les raisons de cette prédominance sont multiples : une réglementation favorable, une large couverture territoriale, et une capacité à adapter les services financiers aux besoins des populations mal desservies par les banques traditionnelles.
Le succès des microfinances camerounaises repose également sur leur capacité à offrir des crédits à une clientèle diversifiée, allant des petites entreprises aux particuliers en quête de financement pour des activités génératrices de revenus. Cette proximité avec les clients permet aux microfinances de mieux comprendre les besoins locaux et de proposer des solutions adaptées. En offrant des prêts accessibles et en facilitant l’inclusion financière, elles jouent un rôle crucial dans le développement économique du Cameroun. Cette dynamique contribue non seulement à stimuler l’entrepreneuriat local, mais aussi à soutenir des secteurs clés de l’économie tels que l’agriculture, le commerce et les services.
L’importance du Cameroun dans le paysage de la microfinance de la Cemac est également renforcée par sa part majoritaire dans les crédits décaissés dans la région, représentant 65% du total des crédits bruts distribués en 2023. Ce leadership est conforté par une infrastructure financière robuste et une politique gouvernementale de soutien au secteur de la microfinance. En effet, le gouvernement a mis en place des initiatives visant à renforcer le cadre réglementaire et à encourager les microfinances à étendre leur portée, notamment dans les zones rurales et périurbaines.
Cependant, malgré ces performances, le secteur de la microfinance au Cameroun n’est pas sans défis. Le rapport de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) pour 2023 souligne la persistance de créances en souffrance, qui ont atteint 163,3 milliards de FCFA dans la sous-région. Ce niveau élevé de créances non performantes pose des risques pour la stabilité financière des établissements de microfinance et souligne la nécessité d’une gestion rigoureuse des risques de crédit. Une plus grande transparence dans la gestion des fonds et une amélioration des pratiques de recouvrement sont essentielles pour maintenir la confiance des déposants et garantir la pérennité du secteur.