Cameroun-Burundi : des voix réclament la libération des fils du Grand-Nord en prison

La réclamation a été faite par des supporters des Lions indomptables à l’occasion du match.

Les prisonniers politiques du Grand-Nord

Le match Cameroun-Burundi se déroule dans l’antre de Roumde Adjia ce 12 septembre 2023. L’ambiance surchauffée, le public chante et danse, répondant à l’appel des autorités du sport et particulièrement du football camerounais, de jouer leur rôle de 12ème joueur. Dans l’euphorie, un groupe d’animation, au rythme de la fanfare, lance le cri : «Libérez Marafa, libérez Vamoulke, libérez Iya Mohammed », entend-on dans la foule. Ces jeunes surexcités, ne se dissimulent pas dans la foule, mais essaient de se faire entendre.
C’était prémédité. D’autant plus que des informations parvenues à la rédaction de newsducamer.com la veille du match, annonçaient une mobilisation lancée par des autorités politiques et traditionnelles de la zone de Garoua, pour saisir l’opportunité de l’exposition médiatique du septentrion, et particulièrement de la ville de Garoua, pour faire passer le message appelant à la libération des « prisonniers politiques » originaires du Grand-Nord. Des enregistrements audio ont d’ailleurs fuité des réunions tenues à cet effet à Garoua peu avant. Sans livrer les noms des participants à ces assises : « Il se plaignait de ces ministres qui ont offert des billets (d’accès au stade), Manaouda et la lamido de Rey », rapporte une source locale, traduisant le message que passait l’auteur de l’enregistrement. Indiquant qu’« il y a des problèmes plus importants, et se demande pourquoi c’est seulement pour les Lions indomptables qu’ils se mobilisent, mais conseillent aux gens d’aller massivement au stade avec ces billets, et d’apprêter une banderole sur laquelle ils vont inscrire un message demandant la libération d’Iya Mohammed, Marafa et Vamoulke».

Notre source redoutait que les actants procèdent par chanson plutôt que la banderole qui pourrait être interceptée à l’entrée du stade. « Ces gens sont capables de passer ce message en chanson pendant le match». Et effectivement, c’est ce mode opératoire qui a été finalement retenu.

Persécutions

Les emprisonnements de Marafa Hamidou Yaya, Amadou Vamoulké et Iya Mohammed, ont toujours été perçus par une certaine opinion dans le septentrion, comme des règlements de comptes, dans ce qui est considéré comme une politique d’équilibre régional dans le cadre de l’Opération Epervier que Paul Biya a lancée, officiellement pour lutter contre la corruption et les détournements de deniers publics. Avant que des accusations d’épuration politique ne soient perçues dans cette opération qui a déjà vu une trentaine de hauts dignitaires de la République se retrouver derrière les barreaux.

Pour ce qui est des trois prisonniers du septentrion, leurs situations semblent donner raison aux critiques. Arrêté dans le cadre de l’affaire de l’avion présidentiel, Marafa Hamidou Yaya a toujours clamé son innocence. Bien qu’il ait confondu ses « pourfendeurs », l’ancien secrétaire général de la présidence de la République a été reconnu coupable de « complicité intellectuelle» dans ce crime, et condamné à 20 ans de prison. Iya Mohammed est détenu pour sa gestion de la Société de développement du coton (Sodecoton) dont la justice trouve peu orthodoxe. Il est parfois arrivé que le témoin de l’accusation conforte plutôt l’accusé. Cela n’a pas empêché que l’ex Dg de la Sodecoton soit condamné à 15 ans de prison pour détournement de 11,293 milliards de francs. Pour ce qui est d’Amadou Vamoulké, l’ancien directeur général de la Cameroon radio television (Crtv) a connu un procès qui a enregistré un record de près de 150 renvois, avant d’être condamné à 12 ans de prison.

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