La production du cacao profite très peu aux agriculteurs. Le constat a été fait le 18 novembre dernier par le ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana. Se référant aux données de l’Organisation Internationale du Cacao (ICCO), Luc Magloire Mbarga Atangana a dressé un tableau sombre de la situation des producteurs africains. Selon lui, sur un chiffre d’affaires annuel de 100 milliards de dollars américains dans le secteur, seulement 2 milliards de dollars, soit 2%, reviennent aux producteurs. Les chocolatiers se taillent la part du lion avec 35% du chiffre d’affaires ; le reste revient aux industries du broyage et aux transporteurs.
Pour changer la donne, le Cameroun a engagé, le 18 novembre à Yaoundé, avec l’Union européenne (UE) le «Cocoa Talks » (dialogue sur la production du cacao durable). Ce dernier a pour objectif, de contribuer à la lutte pour l’élimination du travail des enfants et la traite des enfants dans la chaîne de valeur du cacao, à renforcer la protection et la restauration des forêts dans les régions cacaoyères et assurer un revenu minimum vital aux cultivateurs de cacao, a expliqué le chef de la délégation de l’UE au Cameroun, Philippe Van Damme. Si l’UE met plus d’accent sur durabilité, le ministre du commerce lui est à mi-chemin de la durabilité et de la rentabilité. «La durabilité implique la protection de l’environnement. Mais la durabilité implique aussi la survie des producteurs. Cela nous amène à la question fondamentale de la rémunération des producteurs. La durabilité rime forcément avec la survie des producteurs. La durabilité rime avec la protection de l’environnement, l’interdiction du travail des enfants, mais au final, la prospérité des producteurs. C’est ce triptyque là que nous voulons voir prendre en compte dans les discussions», a déclaré le membre du gouvernement.
Au cours de la même cérémonie, des nouveaux règlements européens en débat au parlement européen ont été présentés. S’ils sont adoptés et votés en l’état, ils feront partie de la règlementation à laquelle seront soumis les importateurs européens de cacao afin d’être considérés comme «entreprises durables». Selon Philippe Van Damme « Ces initiatives législatives en cours vont permettre de minimiser la contribution de l’Union européenne dans la déforestation mondiale, et promouvoir la consommation de produits issus de chaînes d’approvisionnement exempt de déforestation ». Le Cameroun intègre à l’initiative « Cocoa talks » ou appui à la filière transformation et production durable du cacao, après la Cote d’Ivoire et le Ghana.