Assassinat de Martinez Zogo : indignation collective de la corporation

Le point des messages des organisations de défense des intérêts des journalistes.

Marion Obam, présidente du Syndicat national des journalistes du Cameroun

Dans un communiqué de presse signé du 22 janvier 2022, l’Association des journalistes de la presse économique (PressEco) se dit « choquée et indignée face à cet horreur innommable » que constitue « selon toute vraisemblance… l’enlèvement, suivi d’un assassinat au moyen de tortures d’une rare cruauté » sur la personne d’Arsène Salomon Mbani Zogo, plus connu sous sa signature Martinez Zogo. Bien que spécialisée sur les questions économiques et financières, l’association que préside François Bambou, ne s’en sent pas moins concernée par ce drame qui touche un travailleur des médias. Alors, « la PressEco s’incline devant la mémoire du disparu et adresse ses condoléances à sa famille ainsi qu’à ses collègues », écrit le patron de pressEco. Pour sa part, le Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) « dénonce cet assassinat odieux et ses conséquences qui restreignent encore plus la liberté et la sécurité dans notre pays».

La compassion traverse les frontières nationales. La Société nationale des journalistes de France Media Monde affiliée à la Confédération générale des travailleurs (SNJ-CGT) « exprime son indignation et sa colère » face à ce drame. « Ce lâche assassinat rappelle combien le métier de journaliste au Cameroun est une activité dangereuse». Rejoignant Reporters sans frontières (RSF) qui « estime que le Cameroun est un pays dangereux pour les journalistes», rapporte la SNJ-CGT qui ajoute, citant toujours RSF, que « le danger est permanent pour les journalistes camerounais, exposés aux attaques verbales et physiques, aux arrestations, aux procédures baillons et aux risques d’assassinats».

L’administration interpellée

PressEco est fondé à « s’inquiéter de la détérioration des conditions de sécurité des hommes des médias » au Cameroun. C’est que le Cameroun s’illustre de plus en plus par des menaces à la liberté d’expression. Entre autres cas patents ces dernières années, il y a Jules Koum Koum tué dans un accident de la voie publique et mort dans des circonstances floues, Bibi Ngota décédé en détention à la prison centrale de Yaoundé il y a dix ans, Samuel Wazizi torturé et tué dans des conditions troubles en 2020. Les enquêtes ouvertes n’ont jamais abouti, et pour le second cas, la famille continue d’attendre la dépouille de l’armée camerounaise qui l’avait arrêté et détenu dans des conditions qui ne sont jamais élucidées, dans ses locaux. « Où sont la liberté de la presse, la liberté d’opinion et la liberté d’expression au Cameroun quand exercer dans un média fait encourir désormais un risque mortel ? » se demande le SNJC qui estime que, « une limite de trop a été franchie» ; et « c’est inacceptable !». L’organisation dirigée par Marion Obam est convaincue que, « au-delà de ce confrère, nous sommes tous désormais vulnérables».

Alors, le SJNC « appelle la force publique à donner une réplique appropriée à cet assassinat en menant des enquêtes pour trouver et réprimer les coupables». Même si la principale organisation de défense des droits des journalistes « indexe [a priori] les hors-la-loi qui usurpent la souveraineté du peuple au profit d’intérêts antipopulaires inavouées». Une manière de voir les bourreaux de Martinez Zogo. De toutes les façons, le SNJC « exhorte l’administration publique à se sentir totalement comptable de la sécurité de la population et de son droit à la vie». En annonçant se mettre à la disposition de toute initiative visant à « barrer le chemin à cet acte barbare et insensé qui présage des lendemains plus sombres pour notre pays». La SNJ-CGT saisit l’occasion pour « demande(r) aussi que le gouvernement fasse évoluer le cadre légal afin de mieux protéger les journalistes ».

Sur le même sujet

Drame: Martinez Zogo est mort

Décès de Martinez Zogo: le gouvernement ouvre une enquête judiciaire

- Publicité -

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.