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ACMF 2025 : Libreville au cœur d’une révolution des marchés financiers africains

Du 4 au 6 mai 2025, la capitale gabonaise a accueilli la 4e édition de l’Africa Capital Markets Forum (ACMF), réunissant plus de 250 acteurs économiques pour repenser les fondations du financement sur le continent. L’ouverture, tenue le 5 mai au Radisson Blu, a été marquée par des discours forts et visionnaires, illustrant la volonté d’un basculement vers des marchés de capitaux inclusifs, innovants et souverains.

(Défis Actuels) – Organisé par One Africa Forums en partenariat avec la COSUMAF, et sous le haut patronage du ministère gabonais de l’Économie, l’ACMF 2025 s’est ouvert dans un contexte de mutation rapide du paysage économique mondial. L’intitulé même de cette édition — « Dynamisation des marchés : une révolution en marche » — témoigne d’une volonté assumée de rupture avec les pratiques anciennes, au profit d’un modèle plus intégré, transparent et axé sur l’innovation.

Dans un monde en pleine recomposition, les marchés financiers africains cherchent à sortir de leur marginalité pour devenir des instruments puissants de financement du développement. « Il est impératif d’adopter de nouvelles approches et de tirer parti des opportunités offertes par l’innovation », a plaidé d’emblée Jacqueline Adiaba-Nkembe, présidente de la COSUMAF. Selon elle, trois piliers doivent guider cette transformation : l’inclusion financière, l’innovation technologique et la transparence.

Une révolution inclusive, technologique et transparente

Dans son discours d’ouverture, la dirigeante de l’autorité des marchés financiers de l’Afrique centrale a dressé une feuille de route ambitieuse. « Nous devons veiller à ce que tous les segments de la population aient accès aux services financiers », a-t-elle insisté, appelant à une démocratisation de l’accès au capital. L’accent a également été mis sur le rôle déterminant des fintechs et des solutions digitales : « Les fintechs transforment la manière dont nous interagissons avec le marché financier. Elles rendent les services plus accessibles et plus efficaces ».

Mais la révolution sera vaine sans la restauration d’un climat de confiance. « La transparence est primordiale pour instaurer la confiance des investisseurs. Une meilleure transparence renforcera la confiance dans nos marchés et attirera davantage d’investissements », a conclu Mme Adiaba-Nkembe, appelant à « faire avancer cette révolution en marche ».

Pour la BEAC, l’heure est à la réinvention

Un écho fort à ces propos a été donné par le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), Yvon Sana Bangui. Dans une intervention remarquée, il a appelé à une réinvention complète des pratiques financières sur le continent : « Nous sommes arrivés à un moment où il est nécessaire de tout repenser. Le contexte mondial évolue rapidement, et nous devons nous inscrire dans cette dynamique ».

Le gouverneur a insisté sur l’importance d’une synergie entre régulateurs, États et opérateurs : « Nous devons travailler en synergie, dans un esprit de comparabilité, afin d’encourager certaines réinventions ». Il a notamment mis en avant le rôle d’outils comme le Fichier B, encore méconnu mais porteur de potentiel pour financer les opérateurs économiques.

Yvon Sana Bangui a également plaidé pour une approche stratégique des ressources naturelles : « Il existe une réelle opportunité de créer un fonds d’investissement axé sur les ressources stratégiques, notamment l’eau. Ce fonds pourrait contribuer au financement de secteurs clés, en complément des ressources extérieures souvent limitées ».

Cap sur une souveraineté économique partagée

Cette ambition de souveraineté a également été portée par Mark Alexandre Doumba, alors ministre de l’Économie du Gabon, avant sa nomination à l’Économie Numérique. Dans une intervention à forte teneur politique, il a souligné l’urgence de canaliser l’épargne domestique vers les investissements productifs.

« Ce groupuscule de personnes qui concentre aujourd’hui une part croissante de la richesse nationale ne peut être l’unique acteur du marché des capitaux. Il faut élargir la participation, intégrer ceux dont les revenus dépendent du taux de croissance de l’économie », a-t-il martelé. À ses yeux, c’est l’unique voie pour bâtir « une économie souveraine et inclusive », tout en réduisant les inégalités structurelles sur le continent.

Des sujets stratégiques pour repenser l’écosystème

Au-delà des discours, l’ACMF 2025 s’est distingué par la richesse de son programme. Plusieurs panels ont exploré des thématiques stratégiques telles que l’émergence de nouvelles générations d’investisseurs, le rôle de la blockchain, la digitalisation des titres, ou encore l’impact de la fiscalité sur les instruments financiers. Les débats ont également mis en lumière l’urgence de renforcer l’intégration régionale et de créer une convergence réglementaire.

La COSUMAF a organisé les tables rondes de clôture autour de recommandations concrètes pour améliorer la liquidité, favoriser la titrisation et accélérer l’interopérabilité entre les marchés.

Libreville : carrefour d’une Afrique financière en mouvement

Le choix de Libreville pour accueillir l’événement n’est pas anodin. La capitale gabonaise affirme sa volonté de devenir un hub régional pour les capitaux, porté par des politiques publiques favorables, des ambitions affichées et une stabilité macroéconomique renforcée. Ce positionnement stratégique s’inscrit dans une vision continentale d’intégration financière, dans laquelle le Gabon entend jouer un rôle moteur.

Depuis 2004, One Africa Forums a organisé plus de 250 forums sur le continent. Mais l’édition 2025 de l’ACMF restera sans doute comme l’une des plus décisives, tant par la qualité des échanges que par la clarté de la vision portée. Une vision qui fait du marché de capitaux non plus un outil réservé aux élites, mais un levier au service de l’économie réelle et de la souveraineté africaine.

Encadré

Des enjeux stratégiques pour l’avenir financier du continent

L’ACMF 2025 cristallise trois enjeux clés pour les marchés de capitaux africains :

  • Intégration régionale : mutualiser les ressources, harmoniser les règles, fluidifier les échanges pour créer un marché commun plus attractif.
  • Mobilisation de l’épargne domestique : offrir des produits adaptés aux petits porteurs, encourager l’investissement local pour réduire la dépendance aux financements extérieurs.
  • Innovation financière : exploiter les technologies émergentes (blockchain, mobile money, obligations vertes) pour transformer l’accès au capital et booster l’entrepreneuriat.

Ce forum est bien plus qu’un événement : il est un signal fort que l’Afrique est prête à repenser ses modèles de développement, en s’appuyant sur ses propres ressources, ses propres talents, et ses propres solutions.

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