«Cette 111ᵉ session de l’Organisation Internationale du Cacao représente un moment clé pour l’ensemble des acteurs du secteur. Elle incarne l’unité entre les consommateurs et les producteurs, non seulement en Afrique, mais aussi au-delà du continent. Aujourd’hui, notre attente est de voir la République Démocratique du Congo surmonter les défis liés à la fraude et à l’insécurité, qui fragilisent la filière et appauvrissent les cacaoculteurs du pays », a lancé Mimie Monga Numbi, Directrice Générale de l’Office National des Produits Agricoles du Congo (Onapac).
Alors que les délégations de plusieurs pays producteurs de cacao, dont le Cameroun, Madagascar, le Ghana et la Côte d’Ivoire entre autres, se réunissaient du 7 au 10 avril 2025 à Yaoundé pour discuter de la stabilisation des marchés mondiaux, des pratiques agricoles durables, ainsi que de la lutte contre la déforestation et le travail des enfants, elle a mis sur la table des travaux de la session de Yaoundé, les questions liées à la fraude à l’exportation et à l’insécurité, qui selon elle compromettent la compétitivité du cacao congolais. « Le Congo doit également retrouver ses droits. Des produits (cacao, ndlr) le pays sans aucun contrôle, entraînant une hémorragie de fraude. À cela s’ajoute une insécurité persistante, qui accentue encore davantage cette situation », a-t-elle insisté. La directrice générale de l’Onapac indique que le manque de contrôle des exportations prive les producteurs d’une part trop faible de la valeur finale de leur production.
Comme elle, son compatriote, l’économiste Christian Kayambya, dénonce une fraude bien organisée à la frontière entre la RDC et l’Ouganda, portant sur l’achat et la revente du cacao. Selon Christian Kayambya, cité par la télévision allemande Deutsche Welle, au moins 85 % de la production de cacao ougandaise proviendrait en réalité de la République Démocratique du Congo. « Beaucoup d’investisseurs préfèrent rester en Ouganda. Depuis ce pays, ils envoient des acheteurs en RDC, signent des contrats avec des individus ou de petites coopératives afin que le cacao soit acheminé en Ouganda. Malheureusement, une fois sur place, cette production est déclarée comme étant d’origine ougandaise, au détriment de la RDC. C’est un manque à gagner », a confié Christian Kayambya à Deutsche Welle.

Mimie Monga Numbi, a ainsi lancé un appel à la solidarité africaine, exhortant les nations membres de l’ICCO à renforcer leurs mécanismes de régulation afin d’assurer la pérennité d’un secteur essentiel à l’économie régionale. « C’est ainsi que nous demandons la solidarité de tous les pays africains qui sont membres de cette organisation pour que la République démocratique du Congo puisse être remise dans ses droits », dit-elle. Pour elle, la revitalisation de cette filière cacao passe avant tout par une gouvernance rigoureuse et un engagement ferme des partenaires africains. « Nous sommes prêts à nous conformer aux normes internationales, mais il est tout aussi crucial que le Congo soit respecté et que ses producteurs retrouvent leur juste place sur le marché mondial », a-t-elle déclaré avec conviction. La représentante congolaise a également affirmé la volonté de la RDC de se conformer aux exigences de l’Union européenne, dans un contexte où les marchés internationaux deviennent de plus en plus stricts.
Toutefois, elle a tenu à rappeler que cette adaptation ne devait pas se faire au détriment des droits souverains du pays ni de son savoir-faire local. « Il est essentiel que nous conservions notre identité et que nos producteurs soient véritablement reconnus et soutenus », a-telle insisté, mettant en lumière l’ambition de la RDC : répondre aux standards internationaux tout en valorisant ses spécificités nationales.