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Cameroun : Trafic portuaire recule de 1% en 2024

Le Conseil d’administration de l’Autorité portuaire nationale (APN) s’est réuni le 25 septembre 2025 à Yaoundé pour examiner le rapport sur l’état du secteur portuaire camerounais en 2024. Présidée par Patrice Melom, représentant du Port autonome de Kribi, la session a permis d’évaluer les performances des trois principaux ports du pays – Douala, Kribi et Limbé – dans un contexte de mutation du commerce extérieur.

Les données du rapport indiquent que le trafic global des marchandises, incluant les flux domestiques et en transit, a enregistré une légère baisse de 1 %, passant de 27,15 millions de tonnes en 2023 à 26,92 millions en 2024. Cette contraction traduit un ralentissement des échanges lié à la conjoncture économique internationale et aux coûts logistiques persistants, notamment sur les chaînes d’approvisionnement.

Le port de Douala, principal point d’entrée des marchandises au Cameroun, a toutefois affiché une progression notable. Son trafic global a atteint 12,92 millions de tonnes en 2024, contre 12,19 millions l’année précédente, soit une hausse de 6 %. Cette performance s’explique par la consolidation des exportations de produits de base, la reprise partielle des importations industrielles et la modernisation continue des infrastructures. Le Port autonome de Douala a en effet poursuivi la rénovation de ses quais, hangars et systèmes de manutention, dans l’objectif de fluidifier les opérations et de réduire les délais de traitement des navires.

À Kribi, le volume total des marchandises exportées et importées s’est établi à 10,84 millions de tonnes, contre 10,83 millions en 2023, soit une stabilité quasi parfaite (+0,06 %). Cette stagnation intervient alors que la deuxième phase d’aménagement du port, réalisée par la China Harbour Engineering Company (CHEC), a été réceptionnée au premier trimestre 2025. Les travaux ont porté notamment sur un système d’alimentation en eau potable pour la zone portuaire et ses dépendances, déjà achevé à 94 %. Ces infrastructures visent à renforcer la compétitivité du port en le positionnant comme un futur hub logistique de la façade atlantique régionale.

Le port de Limbé, en revanche, a connu un net repli de son activité. Son trafic global est passé de 4,11 millions de tonnes en 2023 à 3,16 millions en 2024, soit une baisse de 23 %. Cette contre-performance traduit les retards accumulés dans la construction du port en eaux profondes de Ngeme, projet stratégique destiné à améliorer la desserte maritime du pays. Selon le rapport, des démarches sont en cours pour actualiser l’étude de faisabilité et relancer les investissements dans cette infrastructure.

Sur le plan opérationnel, les ports camerounais ont poursuivi leurs efforts de sécurisation et de mise aux normes. À Douala, le projet de sécurisation du domaine public et la formation des agents de sûreté ont été renforcés pour prévenir les risques liés aux menaces maritimes et aux trafics illicites. À Kribi, le certificat de conformité au Code ISPS – norme internationale de sûreté des navires et des installations portuaires – a été renouvelé, accompagné d’exercices de simulation et de réunions de coordination entre les différents acteurs de la sûreté portuaire.

Au-delà des chiffres, ces évolutions traduisent une recomposition progressive du commerce extérieur du Cameroun. L’augmentation du trafic à Douala reflète la résilience du commerce intérieur et la relance de certaines filières exportatrices, tandis que la stagnation à Kribi souligne la dépendance du port aux grands projets industriels encore en phase d’expansion. La baisse observée à Limbé met en lumière la nécessité de diversifier les capacités logistiques nationales et d’améliorer la connectivité terrestre entre les zones de production et les infrastructures portuaires.

Le rapport souligne enfin que l’amélioration de la compétitivité portuaire reste conditionnée à la modernisation des équipements, à la fluidité des corridors routiers et ferroviaires, ainsi qu’à la maîtrise des coûts logistiques. Les fluctuations enregistrées en 2024 rappellent que la performance portuaire ne dépend pas uniquement des infrastructures, mais aussi de la conjoncture commerciale mondiale et de la capacité du Cameroun à adapter ses politiques d’investissement aux nouveaux équilibres du commerce international.

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