L’État veut boucler la COPPE en 2026 en radiant définitivement du fichier solde les personnels reconnus comme absents, suspendus ou démissionnaires, conformément à la circulaire présidentielle signée le 18 juillet 2025, qui encadre la préparation du budget de l’État pour l’exercice 2026. Ce texte prescrit « la finalisation de la phase contentieuse du Comptage physique des personnels de l’État, par la sortie définitive du fichier solde de l’État de tous les agents publics définitivement reconnus absents et suspendus à cet effet ». Il prévoit aussi la « poursuite de l’assainissement du fichier solde et personnels, à travers la suppression des agents démissionnaires, ou par la clôture des éléments de salaires ou pensions indûment perçus ».
Lancée entre avril et juin 2018, l’opération COPPE a été conduite par le ministère des Finances avec pour objectif d’identifier les agents émargeant irrégulièrement au fichier solde de l’État, du fait d’absences non justifiées, de démissions ou de décès non déclarés. À l’issue de ce recensement physique, 10 000 agents publics fictifs ont été supprimés du fichier solde, pour une économie annuelle estimée à 30 milliards FCFA dès 2019. En parallèle, 8 766 agents en situation irrégulière ont été identifiés. Malgré plusieurs mises en demeure, seuls 601 d’entre eux ont répondu aux convocations du Conseil permanent de discipline de la Fonction publique, selon le ministre Joseph Lé en octobre 2022.
Ces personnels sont radiés progressivement au terme de procédures administratives et disciplinaires. En février 2025, une nouvelle vague de 297 radiations a été actée, principalement dans l’éducation et la santé. À cette date, le cumul des radiations atteignait environ 4 500 agents, selon des sources gouvernementales.
Le dispositif mis en place pour la récupération des fonds versés à tort s’est appuyé sur la collaboration entre le ministère des Finances et les établissements de crédit. En juin 2023, le ministre Louis Paul Motaze avait émis des avis à tiers détenteur collectif à l’endroit des banques, visant le reversement de 15,5 milliards FCFA de soldes indûment perçues par des agents absents. À la date du 31 décembre 2024, 14,5 milliards FCFA avaient été effectivement recouvrés et reversés au Trésor public, soit 94 % de l’objectif initial. Ce résultat a été obtenu notamment par le blocage de 3 360 comptes bancaires de fonctionnaires absents ou fictifs.
Les opérations de recensement se sont poursuivies après 2018. En 2019, les salaires de 15 254 agents suspects ont été suspendus, et 12 546 comptes bancaires restaient actifs. L’État a laissé la possibilité aux intéressés de contester les prélèvements, en demandant aux établissements de crédit d’établir des attestations individuelles de reversements à l’intention des requérants éventuels.
Depuis 2022, un système de contrôle physique régulier est en cours à travers la Campagne de Recensement Physique des Personnels de l’État (COPPE), visant à réduire les coûts liés aux effectifs fictifs. Ce mécanisme est soutenu par les banques commerciales, partenaires clés du dispositif. Celles-ci ont fait part de difficultés dans la gestion des comptes ouverts par des agents indélicats ayant contracté des crédits avant de disparaître. Certaines situations extrêmes recensées révèlent des personnes ayant obtenu des prêts dans jusqu’à sept établissements différents, sans jamais les rembourser.
Le ministre des Finances a invité les banques à mettre en place des plateformes d’échange d’informations pour détecter ces pratiques. Il a également souligné les difficultés pour l’État lorsque les établissements bancaires réclament le remboursement de créances contractées par des fonctionnaires qui n’existent plus dans les effectifs.
La clôture de la COPPE, prévue pour 2026, s’inscrit dans la volonté des autorités camerounaises de rationaliser la dépense publique et d’optimiser la gestion des ressources humaines de l’État.