mercredi, avril 30, 2025
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Tony Elumelu, président de United Bank for Africa (UBA) : « le Président Biya me traite comme un fils, et je le considère comme un père »

Dans cette interview, le fondateur du groupe UBA, invité d’honneur de la première édition des Rencontres Économiques du Cameroun, révèle que 700 jeunes camerounais ont bénéficié des appuis financiers de sa fondation. L’homme d’affaires Nigérian parle également de ses rapports avec Paul Biya et de son désir de renforcer ses investissements au Cameroun dans les secteurs de l’énergie, de l’hôtellerie et du transport.

Vous êtes actuellement au Cameroun pour assister aux Rencontres Économiques du Cameroun, où vous avez prononcé un discours d’ouverture. De quoi s’agissait-il exactement ?

 J’ai été ravi d’assister à cet événement et d’écouter la présentation du Président. J’ai eu l’honneur de prononcer le discours d’ouverture des Rencontres Économiques du Cameroun, une initiative du secteur privé que je trouve formidable. Depuis mon arrivée, j’ai rencontré le Premier ministre ainsi que d’autres responsables, ce qui montre que le secteur privé et le secteur public collaborent pour la croissance économique du pays. Mon intervention portait sur l’importance de cette collaboration pour le développement économique.

 J’ai partagé mon expérience en tant que président du groupe Heirs Holdings, qui est actif dans les services financiers, l’énergie et d’autres secteurs stratégiques sur quatre continents : l’Amérique, l’Europe, le Golfe et l’Afrique. J’ai notamment insisté sur le rôle clé de l’énergie et de la sécurité énergétique pour la transformation des entreprises et la croissance économique.

 L’Afrique ne pourra se développer que si le secteur privé est pleinement impliqué dans la création de valeur et d’opportunités. Il est difficile de vous parler sans évoquer la Tony Elumelu Foundation et ses nombreuses initiatives en faveur des jeunes entrepreneurs africains. Vous étiez récemment aux Émirats arabes unis, où vous avez annoncé de nouveaux partenariats.

 Pouvez-vous nous faire le point sur les actions récentes de votre fondation ?

La Tony Elumelu Foundation, que mon épouse et moi avons créé en 2010, a investi 100 millions de dollars (62,5 milliards de FCFA) pour soutenir plus de 21 000 jeunes entrepreneurs africains, dont 700 au Cameroun. Nous avons établi des partenariats avec des organisations comme l’Union européenne, le PNUD, le Comité international de la Croix rouge (CICR), ainsi qu’avec divers gouvernements et fondations présidentielles. Chaque année, environ 400 000 personnes postulent à notre programme, mais nous n’avons les capacités que pour en soutenir 1 000.

 Nous avons déjà investi environ 3 millions de dollars (1,8 milliard de FCFA) au Cameroun pour soutenir plus de 700 jeunes entrepreneurs et souhaitons en faire davantage. Les jeunes entrepreneurs camerounais, comme ceux d’autres pays africains, sont ambitieux, innovants et motivés, mais ils ont besoin de soutien pour réussir. Notre engagement est de leur offrir les ressources nécessaires pour concrétiser leurs projets.

Quel est votre lien avec le Président Paul Biya ? Quelles facilités vous-a-t-il accordé pour faire des affaires au Cameroun ?

Le Président Biya me traite comme un fils, et je le considère comme un père. Mais au-delà de cette relation, notre engagement au Cameroun est avant tout économique. UBA est très impliquée dans le financement des infrastructures du pays, notamment le stade d’Olembé, et nous accompagnons également le gouvernement dans divers projets financiers. Nous opérons au Cameroun comme une entreprise locale et nous contribuons activement à son développement. Outre la banque, nous avons des ambitions dans d’autres secteurs, comme l’énergie, les hydrocarbures, l’hôtellerie et les transports. Je porte plusieurs casquettes, chacune représentant un engagement profond envers le développement de l’Afrique.

 En tant que Président de la United Bank for Africa, je m’efforce de soutenir la croissance économique à travers des services financiers innovants. Mais mon engagement ne s’arrête pas là. Je suis également PDG de Heirs Energies, une entreprise pionnière dans les énergies renouvelables en Afrique, qui œuvre activement pour accélérer la transition énergétique sur le continent. Par ailleurs, je préside Transcorp Power, une filiale du groupe nigérian Transcorp, spécialisée dans la production d’énergie via des centrales électriques.

Le Cameroun qui nous a toujours réservé un accueil chaleureux et respectueux, représente un terrain fertile pour de nouveaux investissements. Nous croyons fermement qu’il y a encore beaucoup à faire, et nous sommes déterminés à contribuer à son développement économique et énergétique. En tant qu’Africains, nous sommes fiers de pouvoir investir dans un pays qui nous traite comme des partenaires de valeur, et nous sommes impatients de participer à son essor.

Vous avez toujours eu une passion pour la jeunesse et vous insistez souvent sur leur rôle dans l’avenir de l’Afrique. Quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes entrepreneurs camerounais qui nous regardent ?

Mon message est simple : pensez sur le long terme, rêvez grand, restez disciplinés et concentrés. Travaillez dur et adoptez une approche d’investissement. Quand vous commencez à gagner de l’argent, ne dépensez pas tout immédiatement. Épargnez et réinvestissez. Beaucoup de jeunes entrepreneurs veulent trop vite un certain style de vie, mais il faut d’abord capitaliser pour assurer la croissance de son entreprise. Je dis toujours aux entrepreneurs africains : notre succès ne doit pas être individuel ou familial, mais collectif. Nous devons penser en termes de génération, de nation et de continent.

 C’est pourquoi la Tony Elumelu Foundation joue son rôle en favorisant la prospérité et en offrant des opportunités aux jeunes. Le véritable héritage, ce n’est pas l’argent que l’on accumule, mais l’impact positif que l’on laisse sur les communautés et les vies humaines.

Lors de votre dernière visite au Cameroun, vous avez annoncé la construction du siège régional de la UBA pour l’Afrique centrale. Où en est ce projet ?

Nous sommes en train d’analyser plusieurs paramètres avant de démarrer officiellement le projet. Cependant, j’ai aussi évoqué aujourd’hui un problème majeur : la bureaucratie, qui freine parfois la transformation économique et le progrès. Le projet avance, mais nous devons encore surmonter certaines barrières administratives.

Quelle est aujourd’hui la position de UBA sur le marché bancaire camerounais ?

Selon les dernières informations que j’ai obtenues de notre directeur financier, UBA Cameroun est actuellement la deuxième banque la plus rentable du pays et occupe la cinquième ou sixième place en termes de taille. Nous pensons qu’il y a encore beaucoup d’opportunités à saisir, car l’économie camerounaise a un fort potentiel de croissance. Nous voulons être un acteur clé de cette transformation en soutenant aussi bien les grandes entreprises que les PME.

 Un entrepreneur camerounais nous a contactés pour nous signaler des difficultés d’accès à la plateforme d’inscription de la Tony Elumelu Foundation. Il semble que le Cameroun ne figure pas parmi les pays éligibles cette année. Que répondez-vous à cette préoccupation ?

J’ai récemment reçu un email similaire et j’ai immédiatement demandé à mon équipe d’enquêter. Ils ont réglé le problème pour cette personne, et nous allons vérifier s’il concerne d’autres candidats. Notre objectif est de garantir un accès équitable à toutes les opportunités offertes par la fondation. Si certains entrepreneurs camerounais rencontrent encore des difficultés, je les invite à me transmettre leurs plaintes directement, et nous ferons le nécessaire pour y remédier.

 Nous avons créé cette fondation pour démocratiser la chance et permettre à chaque jeune Africain d’avoir une opportunité de réussir, quel que soit son milieu d’origine.

Le Cameroun organisera une élection présidentielle en octobre prochain, et certains analystes estiment que cela représente un risque pour les investissements. En tant qu’investisseur, avez-vous des inquiétudes à ce sujet ?

Je ne suis pas un homme politique, mais en tant qu’homme d’affaires, nous analysons toujours les risques. Il existe plusieurs types de risques : politiques, économiques, financiers, cybernétiques, etc. Notre rôle est d’identifier ces risques et de voir comment les atténuer. Nous ne faisons pas de spéculations politiques, mais nous évaluons toujours l’environnement des affaires pour prendre des décisions éclairées.

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