mardi, octobre 28, 2025
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Roger MBASSA NDINE:« Nous souhaitons un système de passation de marchés adapté aux CTD »

 Le chef de l’exécutif de la Communauté Urbaine de Douala évoque les goulots d’étranglements dans la réalisation des travaux d’entretien d’infrastructures dans la ville, en même temps qu’il explique les raisons du niveau critique actuel de l’état de la voirie urbaine.

Monsieur le Maire, les routes de Douala connaissent une dégradation depuis de longs mois. Pourquoi attendre la saison de pluies pour engager des travaux ?

La réponse est évidente. Si vous avez 9 mois de saison de pluie, il vous reste combien de mois pour la saison sèche ? Qu’est-ce que vous faites ? Vous êtes bien obligés de travailler aussi en saison de pluie, parce que vous ne pouvez pas en 3 mois de saison sèche faire tout le travail. Prenez le cas de cette année, même de l’année dernière surtout, parce que cette année n’est pas terminée. L’année dernière, les pluies ont commencé en mars et jusqu’en décembre, il pleuvait.

Le premier jour de décembre, l’année dernière, il a plu. Donc, on est bien obligés à un moment d’intervenir. L’intensification de pluie en 2024-2025, l’intensité cumulée est telle que le réseau s’est dégradé de manière accélérée, ce qui fait que les mesures que nous avons prises se sont avérées insuffisantes. Donc, nous faisons un plan d’urgence. Je vous l’ai dit que ce plan d’urgence, nous l’avons communiqué au gouvernement, nous l’avons communiqué à la présidence de l’Agriculture publique pour faire savoir l’ampleur des dégâts qu’il y a à Douala et la nécessité, dans tous les cas, de prendre des mesures rapides, plus immédiates.

La deuxième raison qui est évidente, c’est que nous, avec mon collègue le maire de Yaoundé, nous avons saisi le premier et ça le dernier pour ça, c’est de dire que nous avons un système de passation des marchés qui est trop lourd pour les villes. Nous avons justement le besoin de passer des marchés et le système ne nous permet pas. Si vous prenez six mois, huit mois pour passer un marché, vous n’en sortez pas. Et quand le marché est passé, vous êtes parfois obligés de commencer les travaux en saison de pluie. 

Nous l’avons exprimé au premier ministre, et au Secrétaire Général de la Présidence de la République que nous souhaitons avoir un système de passation de marchés adapté aux collectivités territoriales décentralisées, comme on en a fait pour les établissements publics administratifs.  Le système actuel ne nous permet pas de réagir aussi vite que nous le pourrons.

Qu’en est il du fonctionnement de la Régie des Routes et des Constructions qui est une structure créée pour faire face à la situation que nous vivons actuellement ?

Les équipements que nous avons commandés, et pour lesquels nous avons sécurisé un financement de plusieurs milliards, ces équipements, jusqu’à aujourd’hui, n’ont pas pu être livrés.  Nous avons à peu près une soixantaine d’équipements d’engins qui auraient été livrés depuis. Pendant deux ans, on a fait des va et vient entre Douala et Yaoundé, et nous n’avons pas pu, à ce jour, avoir les équipements. Donc les équipements avec lesquels nous travaillons, ce sont des équipements que nous avons pu remettre en chantier.  Nous avons emprunté les équipements du conseil régional, et nous avons également des équipements pris ailleurs. Et quand vous regardez la facture des locations d’engins, elle est extrêmement lourde.  Mais si on ne faisait pas ça, même le peu qu’il y a, on ne pourrait pas le faire.

Sur la qualité des travaux, on constate que plusieurs axes aussi tôt réhabilités retombent en décrépitude. Comment expliquez-vous cela ?

En réalité, regardez bien, aujourd’hui quand vous faites 100 m de pavé, la partie qui vous avez mis de pavé reste. Mais comme la route est vieille, 50 mètres plus loin, vous avez des trucs qui commencent à se faire dans les mois qui viennent. Donc on n’a pas perdu cette partie. Simplement, il y a le réseau routier, cet endroit-là est un réseau très vieux et qui n’a pas eu l’entretien qu’il fallait. 

L’autre chose, c’est l’intensité de la pluie, si vous versez de la pozzolane sur une route en dégradation, vous revenez dessus une semaine après, c’est comme si vous n’avez rien fait. Nous avons donc essayé d’aller plus loin, de faire des mélanges de pozzolane gravier, et nous allons également implémenter très prochainement un mélange avec du ciment et de l’hydrofuge, pour que, lorsqu’elle intervient, ça dure au moins quelques mois, que ça ne se déterre pas à la moindre saison, à la moindre pluie qui tombe. Parce que le problème est aussi là.

Jusqu’à présent, nous travaillons sur un mélange de ce genre, donc de la pozzolane et du gravier, mais dès que la pluie tombe, après, vous avez l’impression que rien ne s’est fait. Regardez l’intensité des travaux que nous allons faire sur la route de Monendale.  On a versé des dizaines et des dizaines de camions avec pozzolane à aller sur cette route aujourd’hui. Vous avez l’impression que rien n’a été fait. Nous avons donc dit qu’on ne peut pas recommencer à faire le même travail tout le temps, parce qu’il y a d’autres coins de la ville qui ont besoin d’autres interventions.  Donc la Régie fait avec les moyens dont elle dispose, mais je voudrais rendre hommage à cette Régie et regarder l’éclairage public.  Parce que la Régie des Routes et des Constructions ne fait pas seulement les routes, elle fait également l’éclairage public.

 Au 20 août 2025, les chiffres que votre collectivité a elle-même rendu public laissent voir moins de 50% de taux d’exécutions des travaux. Comment comprendre une telle performance après plus d’un semestre sur l’exercice budgétaire ?

Depuis que nous avons été élus, nous faisons chaque année un plan d’entrée en campagne de la saison de pluie, et nous faisons après la saison de pluie un plan de sortie de campagne pour mettre le réseau routier en état. Et je crois que vous qui êtes les historiens, vous allez peut-être quand même témoigner que depuis 2020, on a pu réussir à tenir jusque-là. Je crois que même en termes de dégradations, on n’a jamais atteint le niveau de dégradation actuel. Parce que justement, ce plan existe. Et nous le tenons.

Nous avons dû faire un plan d’urgence parce que la dégradation du réseau s’est accélérée sous le coup de deux longues saisons de pluie qui ont toutes commencé à Mars. En principe, je ne suis pas géographe, mais il me semble qu’une saison de pluie ne commençait pas à Mars. Elle commençait un peu plus tard. Donc quand elle commence à Mars, nous n’avons plus qu’une fenêtre de trois mois pour faire des travaux. Et là, ça devient très compliqué. Nous avons pensé qu’il y aurait une accalmie. Il n’y a pas eu. Nous nous sommes donc lancés dessus. Et quand on dit que nous allons faire un plan de campagne de 30% après 8-9 mois, non.

Le plan de campagne ne commence pas en janvier. En janvier, nous sommes encore en saison sèche. Le plan de campagne pour en faire une saison de pluie, normalement, il commence en avril-mai. Et c’est pour six mois, en principe. Mais ici, nous avons maintenant une saison de pluie qui dure neuf mois. Donc je ne vois pas qu’il y ait une sous-performance en tant que telle. Nous avons pris un crédit de 6 milliards. Aussi curieux que ça puisse paraître, nous avons déjà remboursé les trois quarts du crédit, mais les enjeux ne sont pas là, à cause des possibilités de passation de marché.  Nous ne pouvons pas courir plus vite que la musique. Si la musique de passation de marché est celle-là, nous sommes obligés de nous en tenir à ce rythme-là.

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