Au terme de la troisième revue du Fonds Monétaire Internationale (FMI) la semaine dernière, Corinne Delechat, a affirmé que l’évaluation a été concluante. Ce qui devrait donner lieu, après la tenue du Conseil d’administration en mi-décembre prochain, à un décaissement de 46 milliards de francs CFA. Cependant, a insisté le chef de mission, « le Cameroun doit poursuivre la réduction du déficit budgétaire en évitant les dépassements observés en fin 2017 ; et veiller à aligner la loi de finances 2019 aux objectifs du Programme Economique et Financier signé avec le FMI ». Tels sont, de l’avis de certains analystes, les deux conditions auxquelles le Cameroun doit se conformer, afin d’honorer à tous ses engagements vis-à-vis du FMI.
Réduction du déficit budgétaire
En effet, du fait principalement de la baisse des recettes pétrolières entamée en 2014, le déficit budgétaire du pays a culminé à 6,9 % du Produit Intérieur Brut (PIB) au terme de l’année 2016, révèle l’agence de notation américaine Standard & Poor’s dans l’un de ses rapports sur le Cameroun. Ce qui a contraint les autorités camerounaises à signer, en juin 2017, un programme triennal avec le FMI, dans le but, entre autres : « de rééquilibrer les finances publiques, se prémunir contre des situations de vulnérabilité budgétaire telles que l’augmentation de la dette publique », bref, « assurer la stabilité macroéconomique, facteur essentiel à une croissance soutenue », expliquent les experts. Ainsi, prenant la situation à bras le corps, Alamine Ousmane Mey, alors ministre des Finances, avait engagé ses collègues, à tout faire « pour maintenir ce déficit en dessous de 3 % en fin 2017 ». Les efforts du gouvernement dans ce sens ne sont pas restés sans récompense. Car, selon les prévisions de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), « le déficit public au Cameroun culminera finalement à -1,2 % du PIB en 2018, contre des projections initiales de -2,1 % du PIB en début d’année et une performance de – 4,6 % du PIB en 2017, ce qui révèle un gain de plus de 3 points ». Si ceci se traduit en fait concret, le pays aura donc anticipé sur les projections du FMI qui, tablait sur un déficit budgétaire de 1,5 % dès 2019.
Aligner la loi de finances 2019 aux objectifs du programme
Relativement à la deuxième réserve émise par le FMI, portant sur l’alignement de la loi de finances 2019, aux objectifs du programme, des analystes s’accordent à penser qu’il est entre autres question pour le gouvernement, de continuer à honorer ses engagements en veillant à ce qu’il « apparaisse clairement dans la loi de finances 2019, des lignes prévues pour la poursuite de l’apurement de la dette intérieure, mais également des crédits sur la Taxe de la Valeur Ajoutée (TVA) ». Dans ce sens, on se souvient qu’à deux reprises, le ministre des Finances Louis Paul Motaze, a pris la décision d’apurer les créances dues aux entreprises. La première opération a eu lieu en avril 2018, pour un décaissement de 32 milliards de francs CFA, alors que la deuxième s’élevait à 10 milliards de francs CFA. En direction des Petites et Moyennes Entreprises, au titre des arriérés s’étendant de 2013 à 2017. L’insistance du FMI tombe donc sous le sens. Parce que selon des données officielles, l’Etat a besoin de plus de 500 milliards pour éponger l’ardoise de sa dette intérieure. Et selon des sources proches du dossier au Minfi, l’Etat n’entend ménager aucun effort pour tenir ses promesses.
Par Junior Matock (Défis Actuels)