Au sortir du congrès extraordinaire du 1er mars 2025, Joshua Osih a été officiellement désigné candidat du Social democratic Front (SDF) à la prochaine élection présidentielle prévue en octobre prochain. Les 1600 délégués venus de l’ensemble du pays ont adoubé le candidat du Parti de balance par acclamation. Une simple formalité tant les jeux étaient faits pour le natif d Sud-Ouest. Le rapport de la Cellule nationale des conseillers du SDF, instance chargée d’étudier les dossiers de candidature pour cette investiture, seul le chairman du parti a déposé un dossier de candidature pour la candidature du parti, ainsi que l’a rappelé la réunion du National executive committee (Nec), le directoire du parti, réuni le 1er février dernier à Yaoundé. L’instance avait donné 48h aux candidats pour manifester leur candidature, avec à la clé le versement d’une caution non remboursable de 50 millions de francs Cfa. Et le 28 février dernier, la Cellule des conseillers pour valider les candidatures, n’avait plus qu’à investir l’unique candidat s’étant manifesté, Joshua Osih.
2018, baptême raté
Ce sera la deuxième fois que le député du Littoral se lance dans la course pour le palais présidentiel camerounais. En 2018 déjà, celui qui était alors premier vice-président du SDF, avait été aligné, dans un contexte où le charismatique Fru Ndi, amorti par une santé précaire, avait annoncé sa retraite politique prochaine, et décidé de céder le gouvernail à de nouvelles personnes. L’homme de Ntarinkon avait alors jeté son dévolu sur son premier vice-président, contre la volonté d’une bonne frange de ses cadres d’alors. L’homme qui n’avait pas le soutien de l’aile dure du parti, avait enregistré le pire score du parti à une élection en 26 ans : moins de 5%, exactement 3,36%. Un résultat qui plaçait le candidat du Sdf pour la première fois en 4ème position, loin de son éternelle deuxième place à la présidentielle notamment.
Cette seconde fois arrive après un renouvellement tumultueux des organes du parti. Epreuve qui a mis à l’écart les dernières poches de résistance internes au parti. Joshua Osih a désormais toutes les cartes en main pour tracer son chemin personnel sur le chemin de l’élection présidentielle. « Une fois au pouvoir, le SDF promet de régler la crise dans les régions anglophones en 100 jours, de restaurer la dignité des populations du Grand-Nord en un an ; trois ans pour refonder les institutions et un an pour la transformation socio-économique du Cameroun », indique le candidat du parti, convaincu d’être le futur 3ème président de la République. Misant ainsi sur ce qui est considéré comme une faiblesse du parti, justifiant même en parti la perte de vitesse du parti : la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Crise qui a vu le parti perdre son fief qu’il semble avoir déserté, tant seul le parti au pouvoir y détient des élus. Et du côté de l’opposition, le SDF s’est jusqu’ici montré peu disert en encore moins présent sur ce terrain des régions anglo-saxonnes, à l’opposé d’autres partis tels le MRC et le Pcrn. Parviendra-t-il à sauver des meubles ? Seuls les résultats électoraux à venir pourront en dire un mot concret.
Coalition
A l’occasion, Joshua Osih a réitéré la position de son parti au sujet des coalitions qui ont refait surface depuis près d’un an. « Le Sdf est ouvert à toutes les alliances qui ont du sens », a-t-il déclaré. En écartant des partis qu’il ne cite pas, mais dont la référence permet de voir le Mrc de Maurice Kamto. Non sans recadrer la position idéologique du Sdf : « Nous sommes du centre-gauche, nous ne pouvons pas nous allier avec des partis d’extrême droite. Ceux qui prônent l’extrémisme », a-t-il précisé. Toujours est-il que le successeur de Fru Ndi qui sécarte résolument des lignes qui furent celles de son parti dans les années 90, cite dans sa ligne de mire l’Union démocratique du Cameroun de Patricia Tomaïno Ndam Njoya et le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn) de Cabral Libii. Même s’il reste convaincu que la coalition n’est pas très indispensable pour vaincre le Rdpc : « Si vous parlez de coalition comme condition pour le changement, alors vous faites le jeu du régime », assure-t-il.
Le congrès extraordinaire du 1er mars 2025 s’est tenu en présence d’autres leaders politiques, de la société civile et candidats déjà annoncés à la présidentielle prochaine comme Akéré Muna, candidat du parti Univers, Cabral Libii du Pcrn, l’avocat Agbor Balla,… Pour mieux mettre les délégués dans le bain du combat du premier parti de l’opposition dès le retour du multipartisme, l’organisation a diffué d’entrée de jeu une vidéo sur la vie et les combats de Ni John Fru Ndi, premier président du parti, décédé en 2023 et dont la succession a agité le parti depuis 2025, et donc longtemps avant son décès.