»Je veux d’abord dire merci au peuple camerounais. Merci d’avoir cru en moi, merci d’avoir cru en nous, merci d’avoir cru au changement ». Issa Tchiroma Bakary ne dit pas clairement qu’il a gagné l’élection présidentielle, mais c’est comme tel. D’ailleurs, »je veux d’abord dire merci au peuple camerounais. Merci d’avoir cru en moi, merci d’avoir cru en nous, merci d’avoir cru au changement », précise-t-il.
Une sortie qui a de quoi irriter Paul Atanga Nji le ministre de l’Administration territoriale (Minat) : »Le ministre de l’Administration territoriale condamne avec la plus grande fermeté cette imposture et le comportement irresponsable de ce candidat aux abois, qui a été incapable de se faire représenter dans tous les bureaux de vote sur l’étendue du territoire national », réagit Paul Atanga Nji dans un communiqué. Le candidat du Front pour le Salut national du Cameroun (Fsnc) s’appuie, lui, sur les résultats issus des bureaux de vote, dans le strict respect de l’article 113 du Code électoral. Faux, rétorque le Minat: « Dans sa démarche conspirationniste et anti-républicaine, le candidat Issa Tchiroma Bakary cherche à perturber le processus électoral qui se déroule normalement ». Mieux, »ce candidat véreux tente de mettre en exécution un pla diabolique savamment planifié avec ses réseaux occultes au pays et à l’étranger, visant à mettre le Cameroun à feu et à sang », vocifère le »moulinex » national.
Depuis le 10 octobre dernier, l’agent du gouvernement en matière électorale annonçait déjà que des informations en sa possession font état de ce que, »un candidat entend terminer la campagne électorale dans sa région natale », à partir d’où »il compte annoncer sa victoire à l’élection présidentielle ». Sans être précis mais promettant que »ce serait la ligne rouge ». Et que comme tel, Paul Atanga Nji promettait que »ce candidat se retrouvera au village de si je savais, et pour très longtemps ». Rappelant l’exemple de Maurice Kamto en 2018, pour garantir que les représailles seront au rendez-vous.
Rien n’y fait. Issa Tchiroma n’est plus au niveau des supputations et clame sa victoire pure et simple. L’homme qui croit avoir ainsi réussi là où beaucoup d’autres, parfois plus capés tant sur le plan intellectuel que politique, ont échoué, reconnaît bénéficier d’un long combat mené par ces devanciers : »Ma reconnaissance va aussi à tous les hommes et toutes les femmes qui ont mené ce combat avant moi. Sans votre travail, nous n’en serions pas là », reconnaît-il.
Reconnaissance et hommage
Le candidat parrainé officiellement par l’Union pour le changement (UPC) et officieusement par le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), se sent conforté par d’autres candidats et forces vives de la nation, dans ce succès : »Je remercie également les candidats qui, déjà, m’ont adressé leurs félicitations et ont reconnu la volonté du peuple », souligne-t-il. »Leur geste honore notre démocratie et marque le début d’une nouvelle ère où l’unité de l’opposition et de la société civile devient une force irrésistible », poursuit-il. Estimant ainsi la page électorale tournée.
Saluant la détermination du peuple tout entier : »Durant cette campagne, j’ai vu un Cameroun debout. J’ai vu des femmes, des hommes, des jeunes et des anciens braver les menaces, affronter les intimidations, mais rester mobilisés. J’ai vu des électeurs veiller dans les bureaux de vote jusqu’au bout de la nuit, pour protéger leur voix, pour défendre la vérité des urnes », relève le »candidat du peuple » qui a ainsi triomphé. » Ce courage, cette détermination resteront à jamais gravés dans la mémoire de notre Nation », leur rend-il hommage. »Mes chers compatriotes, notre victoire est claire. Elle doit être respectée. Nous avons mis le régime devant ses responsabilités : soit il montre sa grandeur en acceptant la vérité des urnes, soit il choisit de plonger le pays dans un tourment qui laissera une cicatrice indélébile dans le cœur de notre Nation », prévient Issa Tchiroma. Parce que »le seul camp qui compte aujourd’hui, c’est celui du Cameroun », rappelle-t-il.