Au moment où l’on annonce l’ouverture du contentieux post-électoral pour le scrutin présidentiel du 12 octobre dernier, le candidat Issa Tchiroma Bakary qui a déjà reconnu sa victoire, rend publics les procès-verbaux de 18 départements, qui fondent sa déclaration de victoire. Ces procès-verbaux sont issus des compilations des (PV) sortis des bureaux de vote et des antennes communales. Il s’agit du Wouri (Littoral), du Mfoundi (Centre), de la Bénoué (Nord), du Diamaré (Extrême-Nord), du Mayo-Danay, du Mayo-Tsanaga, de la Vina (Adamaoua), du Logone-et-Chari, du Mungo, du Noun, du Mayo-Louti, du Mayo-Kani, du Mayo-Sava, de la Menoua, de la Mifi, du Mayo-Rey, du Lom-et-Djérem et de la Lékié.
On en apprend que le candidat du Front pour le Salut national du Cameroun (Fsnc) a remporté l’élection dans le Wouri avec 78,31% des suffrages ; 59,56% dans la Vina ; et 61,05% dans le Mungo. Globalement, ces 18 départements clé qui, selon le communiqué accompagnant la publication desdits PV, totalisent près de 80% des 8 millions d’électeurs. « En remportant ces 18 départements, la victoire nationale est garantie, car leur poids électoral détermine l’issue du scrutin », explique le communiqué.
Alors même que les opérations de vote se déroulaient encore en terre camerounaise, la diaspora avait commencé à livrer les résultats des urnes. Et dans l’ensemble, selon les informations reçues et concordantes, Issa Tchiroma se comporte mieux à l’étranger. Aux Emirats-Arabes unis, le candidat du Fsnc a damé le pion à Paul Biya avec 174 voix contre 21, et Cabral Libii arrive en 3ème position avec 13 voix. En Arabie saoudite, c’est encore Issa Tchiroma qui arrive en tête avec 33 voix, contre 17 pour Paul Biya. Pareil en Chine où l’ancien membre du gouvernement dame le pion au président sortant, par 21 voix contre 12. A Naïrobi pour vote au Kenya, le même opposant coiffe les autres avec 92 voix contre 70 pour Paul Biya. C’est aux Pays-Bas que Cabral Libii force un passage mais juste pour occuper la seconde place (13 voix), derrière Issa Tchiroma (25 voix), et Paul Biya 3ème avec 11 voix.
En revanche, en Russie, le président Paul Biya arrive en tête avec 56 voix, suivi d’Issa Tchiroma avec 43 voix.
Vague jaune
Sur le plan national, Yaoundé a vu une vague jaune jaillir des urnes. En témoigne les explosions de joie de militants se réclamant de l’ancien membre du gouvernement, dans la plupart des bureaux de vote de Yaoundé 2, Yaoundé 3 et Yaoundé 6. A Maroua, capitale de la région de l’Extrême-Nord, c’était une liesse populaire. Les partisans d’Issa Tchiroma ont envahi les rues pour crier la victoire de leur champion. Ici, le résultat le plus illustratif est celui des Services du gouverneur. Dans ces locaux abritant les bureaux du représentant du président de la République, deux bureaux avaient accueilli les votes des électeurs. Dans l’un, le « candidat du peuple » a récolté 117 voix contre 72 pour Paul Biya, 7 pour Cabral Libii et 3 pour Bello Bouba. Le PAL et le FDC se contentent chacun d’une voix. Dans l’autre bureau, le même opposant arrive en tête avec 18 voix contre 12 voix pour le « propriétaire » des lieux, et une seule voix pour le candidat de l’Undp.
Au lamidat de Maroua, un autre centre de vote installé dans le domaine d’un affidé du régime, les deux bureaux de vote ont donné la même tendance. Dans le bureau A, Issa Tchiroma obtient 78 voix, contre 39 pour Paul Biya et 4 pour Bello Bouba. Les autres n’ont aucune voix. Dans le bureau B, c’est la même razzia jaune avec 80 voix pour Tchiroma et 27 pour Paul Biya, 02 pour Cabral Libii et une seule pour Bello Bouba.
Le contentieux électoral s’ouvre mercredi 22 octobre. Une journée marathon qui débouchera sur la proclamation des résultats officiels du scrutin. Mais Issa Tchiroma, lui, a déjà pris la peau de l’élu. Son représentant à la commission nationale de recensement général des votes ayant déserté la salle des travaux en dénonçant de grandes disparités entre les chiffres issus des départements, et ceux présentés devant la commission. De quoi susciter des contestations dans plusieurs villes dont Garoua, Dschang, Douala, Bafoussam. L’homme retranché dans sa résidence de Garoua, a appelé les forces de défense et de sécurité à se ranger du côté du peuple et non d’un clan ou d’un individu.