Au lendemain de l’appel des chefs traditionnels à une nouvelle candidature du président Paul Biya, des voix s’élèvent pour dénoncer « une forfaiture» à Yaoundé. « On ne nous a jamais consulté sur quoi que ce soit. Nous avons trouvé le document déjà prêt, et on nous a seulement présenté». La « trahison » est d’une source crédible au ministère de l’Administration territoriale (Minat). Renseignant que « tout a été confectionné au Minat la veille. Les chefs même n’y ont pas participé, sauf ceux qui sont personnels du Minat ou des proches du ministre. Ils ont tout préparé la veille, et le matin, lorsque les chefs sont arrivés, il ne leur restait plus qu’à les signer, et on ne leur demandait même pas leur avis ». Une autre source interne au Minat, un haut cadre, confirme que « la veille, et jusqu’à la nuit, le ministre était occupé à cela, avec certains de ses collaborateurs». A en croire ces sources, l’initiative de l’appel à candidature est donc de Paul Atanga Nji. Et même le bureau du Conseil des chefs traditionnels du Cameroun dont l’élection était à l’ordre du jour avec notamment le remplacement d’Alim Hayatou, son premier président décédé dans le contexte de la pandémie du covid-19 : « Un des chefs membre du bureau me dit qu’il n’y a eu aucune élection. On leur a seulement présenté le nouveau bureau, et ils ont applaudi », apprend-on d’une autre source au Minat.
Décaissements
Réunis le 27 janvier dernier au Palais des Congrès de Yaoundé, des chefs traditionnels avaient appelé le président Paul Biya à se présenter à la prochaine élection présidentielle prévue en octobre prochain. Le lendemain, une vingtaine de chefs traditionnels du Grand-Nord auxquels se sont joints des imams, pour lancer un nouvel appel à l’endroit de Paul Biya, pour les mêmes fins. « Le Cameroun est un pays complexe qui a besoin d’un homme d’expérience, de sagesse, de patriotisme et clairvoyant qui sont des atouts et des qualités indéniables, irréfutables pour notre pays dans un monde de plus en plus incertain. En qualité d’auxiliaires de l’administration, les chefs traditionnels du Cameroun prennent un engagement républicain à suivre les pouvoirs publics et à suivre toutes les mesures qui seront mises en jeu pour le bon déroulement du scrutin présidentiel», s’étaient-ils justifiés par la voix du lamido de Guidiguis, vice-président du Conseil des chefs. Dénonçant à l’occasion les « propos diffamatoires envers le président de la République» ces derniers temps.
Déjà, les travaux étaient placés sous la présidence du Minat qui est resté en poste durant tous les travaux. Avec à ses côtés le ministre de l’Enseignement supérieur Jacques Fame Ndongo, lui aussi chef du village Nkolondom dans le Dja et Lobo, région du Sud. Les chefs traditionnels conviés aux travaux, ont été logés à l’hôtel Mont Fébé, aux frais de l’Etat, via le ministère le Minat, et transportés dans des véhicules affrétés par le Minat pour le lieu de l’événement. Et au lendemain des travaux, les participants étaient conviés au « décaissement » au Minat. On a ainsi retrouvé une foule de personnalités aux costumes traditionnels issus des quatre coins du Cameroun. Les parkings dudit ministère étouffé.
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Yaounde: des chefs traditionnels lancent un appel en direction de Paul Biya