« Si je suis élu président de la République, je mettrai en œuvre dans les six premiers mois un programme de réconciliation nationale et de réformes ». La promesse est de Bello Bouba Maïgari ce 8 août 2025. Et dans ce programme de réconciliation nationale, figure un point essentiel : « j’organiserai, en accord avec la famille, le retour des restes du premier président de la République, accompagné des obsèques officielles avec les honneurs dus à son rôle dans l’histoire du Cameroun», annonce-t-il. Une promesse sur laquelle nombre d’observateurs avertis pariaient, en attendant la première sortie médiatique du président de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), depuis qu’il a annoncé sa candidature pour l’élection présidentielle du 12 août 2025. D’autant plus que, leader institutionnel de l’opposition, l’homme qui a démissionné du gouvernement, en rompant l’alliance qui liait son parti à la majorité présidentielle, Bello Bouba est perçu comme un fils politique d’Ahmadou Ahidjo, natif de Garoua comme l’ancien président de la République.
La promesse devrait donc faire plaisir non pas seulement à Garoua ou dans le Nord-Cameroun, mais nombre de Camerounais de tous les coins du pays. Décédé à Dakar le 30 novembre 1989, Ahmadou Ahijdo gît avait été inhumé au cimetière de Yoff, sans aucun accompagnement, ni représentation officielle du Cameroun qu’il a dirigé pendant 23 ans. Le sujet intéresse et tient à cœur nombre de Camerounais, dans le cadre d’une réconciliation nationale tant appelée, mais qui ne semble pas trouver un écho favorable auprès du principal dirigeant du pays qui avait déclaré en octobre 2007 que « le rapatriement est selon moi un problème d’ordre familial. Si la famille de mon prédécesseur décide de faire transférer les restes du président Ahidjo, c’est une décision qui ne dépend que d’elle ». Une sortie sur France 24 qui avait irrité nombre de Camerounais.
Réconciliation
Bien que musulman, Ahmadou Ahidjo avait souhaité que son inhumation déroge à la tradition musulmane : « Constatant le décès, l’ex-première dame, Germaine Habiba Ahidjo, requit et obtint de Thierno Mountaga Tall, khalife de la famille omarienne et maître d’œuvre des obsèques, le droit de déroger à la tradition musulmane et d’enterrer son époux dans un cercueil. La requête visait à mieux conserver la dépouille du défunt, pour respecter les dernières volontés que ce dernier avait formulées dans une lettre adressée à Abdou Diouf, le président sénégalais. Son vœu : être enseveli dans sa terre natale de Garoua», écrivait le 20 mai 2010, Jeune Afrique.
Dans le cadre de cette réconciliation, Bello Bouba propose un « dialogue national inclusif pour résoudre durablement la crise anglophone », ainsi qu’une loi d’amnistie en faveur de tous les prisonniers d’opinion ; mais aussi et surtout, « des mesures en vue d’une véritable réhabilitation de la mémoire des héros de la lutte pour l’indépendance et la réunification de notre pays».
Maurice Kamto
En prenant la parole devant la presse nationale, Bello Bouba savait qu’il était attendu, et a servi a priori ce que l’opinion attend ou du moins ce que l’opinion attend. Lui qui depuis des semaines, est attendu pour un tel exercice. Annoncé démissionnaire du gouvernement, l’on n’aura pas eu de nouvelles de l’homme qui est resté aux affaires plus d’un mois encore, avant de plier bagages définitivement. Mais « avant même le congrès du 28 juin, le président Bello Bouba avait déjà remis sa démission et ses affaires personnelles ramenées à la maison », assure Afessi Mbafor, président national des Jeunes de l’Undpc. On sait cependant que Bello Bouba avait longtemps quitté sa résidence de fonction.
A ce jour, Bello Bouba est le principal adversaire que Paul Biya, président sortant, a en face. Avec le rejet de la candidature de Maurice Kamto, le candidat de l’Undp demeure la principale alternative face à un pouvoir solidement enraciné depuis 1982 et qu’il a contribué à bâtir. L’opposition travaille plus que jamais à coaliser les forces pour renverser Paul Biya, 92 ans dont 43 passés à la tête de l’Etat. Des voix s’élèvent de plus en plus pour appeler à un ralliement de Maurice Kamto à Bello Bouba, pour être plus efficace.