mercredi, novembre 6, 2024
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AccueilPolitique & SociétéNord-Ouest / Sud-Ouest :Paul Biya face au piège du statut spécial

Nord-Ouest / Sud-Ouest :Paul Biya face au piège du statut spécial

Alors le Grand Dialogue National a débouché sur une résolution plaidant pour un statut spécial pour les régions du Nord-Ouest, des voix dans d’autres régions s’élèvent déjà pour revendiquer les mêmes prérogatives.

Le Grand Dialogue National s’est refermé le 04 octobre dernier avec, entre autres grande résolution la proposition des membres de la Commission de la Décentralisation et du développement local, de l’attribution statut spécial aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, à l’effet de taire définitivement les revendications de fédéralisme et de sécession soulevées par les anglophones. Les recommandations du Palais des Congrès se sont appuyées sur la constitution du 16 janvier 1996, qui dispose en son article 62 que « la loi peut tenir compte des spécificités de certaines régions dans leur organisation et leur fonctionnement ». Et pour justifier cela, les commissaires du Grand Dialogue National ont précisé que cette mesure spéciale contribue au respect de la spécificité de la communauté anglophone. Aussitôt proposé comme recommandation phare parmi les solutions à la crise anglophone, ce statut special a réveillé les vieux démons qui somnolaient dans les autres régions.

Généralisation des revendications

C’est la région de l’Extrême-Nord qui a emboité le pas des revendications. Dans cette partie qui a longtemps souffert des exactions de Boko Haram, certains natifs estiment qu’elle est le « dindon de la farce de la politique du renouveau » et exigent aussi, un statut spécial comme celui qui a été accordé aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. « Nous suggérons au chef de l’Etat d’accorder également le même statut à la région de l’Extrême-Nord qui paye le lourd tribut de la guerre contre Boko Haram, qui a perdu ses enfants, dont l’économie est totalement déstructurée et qui a besoin de reconstruction. Nous sommes loyaux fidèles, nos enfants sont les enfants de la République. Comment allons-nous leur expliquer que la prime à la guerre dans les régions anglophones, aux revendications par les armes est le statut spécial ? » s’inquiète un chef traditionnel de cette localité, qui s’est confié à nos confrères de L’œil du Sahel. Il n’y a pas seulement le statut spécial. La région de l’Extrême-Nord exige aussi la libération de ses fils (Marafa Hamidou Yaya, Iya Mohammed et Amadou Vamoulké, détenus depuis plusieurs années, comme l’ont été les anglophones et les militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun. Visiblement le Grand Dialogue National et surtout le statut spécial qui est en voie d’être accordé aux deux régions anglophones ont ouvert la boite de pandore. Un internaute originaire du septentrion plaide pour un statut spécial en faveur des régions du Nord et de l’Extrême-Nord. « Pour moi, l’Extrême-Nord et le Nord, qui sont les deux régions les plus pauvres du Cameroun méritent amplement un statut spécial », dit-il. Pour lui, ce statut permettra à ces deux localités de rattraper le niveau de développement des autres. Dans la région de l’Est, on n’entend pas louper l’occasion. Des voix se s’élèvent déjà pour réclamer un statut spécial. « La région de l’Est est très pauvre, mais regorge d’un sous-sol immensément riche. C’est l’une des régions les moins scolarisées, l’une des moins couvertes en hôpitaux et routes etc. Elle mérite un statut spécial pour permettre à ses fils de profiter à suffisance de ses richesses. » Et toutes les régions comptent en profiter pour poser leurs revendications sur la table. Les autres régions ont déjà de prime à bord, demander la libération des prisonniers de l’opération épervier. Il est fort probable qu’elles multiplient les doléances dans les prochains jours. « Si toutes les régions bénéficient d’un statut spécial, qu’aura-t-il de spécial encore », se demande dans un commentaire un internaute. En plus de cette interrogation, la vraie question reste : le statut spécial qui est en voie d’être accordé aux régions anglophones et la libération de 333 détenus de cette crise vont-ils conduire à l’apaisement ? Même s’il est prématuré de donner une réponse, juste quelques jours après la fin du Grand Dialogue National, quelques indices permettent néanmoins de dire, sans risque de se tromper qu’on est loin de sortir de l’auberge. Ces mesures à défaut de résoudre le problème risquent plutôt d’inventer à l’infini des problèmes au sein des huit autres régions.

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