Le secteur des douanes du sud II, a mobilisé plus de deux milliards de francs CFA au cours du mois de mai dernier. Quelle est la réaction du responsable des Douanes que vous êtes suite à une telle performance ?
La mobilisation de plus de deux milliards recettes douanières au mois de mai 2019 a permis au secteur des douanes du Sud II de franchir pour la première fois un cap symbolique par rapport à des prévisions de 1 milliard 800 millions. Ma réaction à la suite de cette performance est d’abord que j’éprouve un sentiment de satisfaction devant des résultats qui soulignent la pertinence et la justesse des options mises en œuvre pour parvenir à ce résultat. L’autre sentiment qui m’anime est porté vers l’engagement à maintenir les efforts en vue de conforter et de consolider ces résultats. Il convient de rappeler à cet égard que l’année budgétaire se situe à mi-parcours. Cela souligne la nécessité de maintenir la plus grande vigilance et la plus grande attention. Notre engagement est de continuer à relever le niveau de mobilisation des recettes budgétaires en droite ligne des objectifs assignés à la Direction Générale des Douanes (DGD).
Quelles sont les mesures qui ont été mises sur pied pour obtenir ce résultat ?
Ce résultat est l’aboutissement à mon sens d’une combinaison d’actions qui s’inscrivent dans un contexte de collaboration fructueuse entre l’administration des douanes et les partenaires majeurs de la place portuaire de Kribi. Ainsi, depuis la mise en exploitation du port de Kribi le 02 mars 2018, plusieurs actions de promotion de cette infrastructure majeure ont été organisées en partenariat avec le Port Autonome de Kribi. Des séminaires de vulgarisation et d’information organisées à l’attention des opérateurs ont permis à ceux-ci de disposer de la meilleure information concernant les atouts et les règles de procédures du Port de Kribi. En complément à ces initiatives, des actions d’accompagnement des filières de croissance telles que le bois, la cacao, et le café ont favorisé l’implication des acteurs de ces secteurs dans les activités d’importation et d’exportation du Port de Kribi. Enfin, toujours dans ce registre, des actions de promotion du Port de Kribi sont aussi développées au plan international pour faire connaître les avantages comparatifs de cette nouvelle ligne maritime. Il y a lieu à cet égard d’indiquer que la communauté portuaire de Kribi vient de prendre part à la foire internationale Breakbulk Europe 2019 qui vient de se tenir à Brême en Allemagne du 21 au 23 mai 2019. Ces actions de promotion s’appuient sur les efforts développés en interne par l’administration des douanes pour accompagner les opérateurs économiques en termes de dispositifs d’écoute et de mesures de facilitation notamment.
Ce résultat arrive au moment où le ministre des Finances invite sans cesse ses collaborateurs à plus de vigueur dans la mobilisation des ressources internes, au vue des défis économiques auxquels le pays doit faire face. Ces multiples interpellations ont-elles contribué à booster vos performances ? Si oui de quelle manière ?
Bien entendu, les interpellations du chef de département des Finances font l’objet d’une application rigoureuse au niveau du secteur des douanes du Sud II. Dans cette optique, et sous l’impulsion du directeur général des Douanes, nous nous employons sur le terrain à traduire au concret les orientations fixées par le ministre des Finances (Minfi). A titre d’illustration, les options du ministre en matière de dématérialisation des procédures trouvent un large écho auprès de nos personnels. La migration du système d’information de la douane vers la nouvelle application Camcis (Cameroon Customs Information System) augure de perspectives prometteuses dans la capacité de l’administration des douanes à offrir des modalités déclaratives toujours plus performantes adossées aux solutions numériques. Ce système d’information ultramoderne, qui remplace l’actuel système Sydonia, a pour objectif de renforcer la modernisation des douanes camerounaises par l’accroissement considérable de la dématérialisation des procédures.
Après ce résultat record, quels sont les leviers sur lesquels vous comptez vous appuyer pour augmenter le niveau de ces recettes dans les mois à venir ?
En liaison avec les autres partenaires, notre objectif est de continuer à travailler au développement de l’attractivité du port de Kribi. Cette attractivité est essentielle pour garantir des objectifs de mobilisation de recettes conformes à nos ambitions. Compte tenu de ses nombreux atouts, au rang desquelles ses conditions nautiques et de navigabilité, son tirant d’eau de 16 mètres qui permet d’accueillir des navires de grandes envergures, et ses instruments de navigation de dernière génération, le port de Kribi offre des avantages comparatifs qui permettent d’assurer la rentabilité des opérations logistiques des opérateurs économiques. En renforçant notre organisation interne, nous comptons nous appuyer sur ces atouts pour parfaire nos services afin d’augmenter le niveau de recettes. Soulignons par ailleurs que la vocation du port de Kribi est d’évoluer vers un district industriel. Autrement dit, le port de Kribi est appelé à se transformer d’avantage en espace d’articulation d’activités logistiques, d’échanges et de production. Il est logique de considérer que ce développement se traduira par une augmentation des ressources budgétaires de l’Etat.
Le directeur général du Port Autonome de Kribi a récemment signé un communiqué informant l’opinion de la concession du terminal polyvalent à une entreprise philipienne. En quoi estce que l’exploitation de ce terminal peut-elle contribuer à augmenter les recettes douanières dans le secteur Sud II que vous dirigez ?
Les ports sont les vecteurs des ambitions maritimes d’un pays. Dans ce sens, le port de Kribi traduit la volonté de l’Etat d’engager notre économie dans une nouvelle dynamique. De ce point de vue, le terminal polyvalent participe de cette volonté de densifier et de diversifier les modalités de cette insertion dans les courants d’échanges mondiaux. Cette option sert à la fois les exigences de compétitivité de l’économie nationale et les objectifs de mobilisation de recettes. En particulier, la mise en fonctionnement du terminal polyvalent permet au port de Kribi d’exporter et d’importer certaines catégories de marchandises telles que les bois, les farines, et surtout les voitures. Ces produits étant identifiés comme des sources de recettes budgétaires, le secteur des douanes du Sud II peut envisager une amélioration de ses objectifs de mobilisation budgétaire.
Interview réalisée par Junior Matock ( Défis Actuels)