Les résultats provisoires de l’élection municipale du 9 février dernier sont connus. Selon les rapports rendus publics par les Commissions communales d’Elections Cameroon (Elecam), ce sont au total 10 partis politiques qui vont régner sur les 360 communes que compte le Cameroun.
Le diktat du Rdpc en régions anglophones
Ainsi donc et sous réserve des résultats définitifs, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc) est bien parti pour être sacré « grand vainqueur » de ce scrutin qui a pourtant été boycotté par de nombreux électeurs. Le parti de la flamme s’en tire avec des élus dans toutes les régions du pays. Notamment dans le Sud et le Sud-Ouest, où les résultats le donnent respectivement vainqueur de la totalité des 29 et 31 communes en jeu. Bien plus, à la consultation de ces résultats, l’on peut relever que le Rdpc devrait à lui seul assurer, en totalité ou en partage, le contrôle de 316 communes sur l’ensemble du territoire national. Le parti de Paul Biya, des données de ces résultats, impose son diktat, même dans les régions que beaucoup pensaient acquises à l’opposition, comme en zone anglophones.
Le SDF chute et conteste les chiffres
Outre le Sud-Ouest où le Rdpc est annoncé avec un 100 %, la victoire serait tout aussi significative dans la région du Nord-Ouest où le parti devrait avoir raflé 33 communes, laissant la dernière au Social Democratic Front (SDF) qui conteste ces chiffres. « Ce sont des chiffres abracadabresque, lâche un cadre du parti de la balance. Qu’on nous dise quand est-ce que ces Commissions d’Elecam ont siégé dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Il faut qu’on soit sérieux. Personne n’est en mesure de donner les résultats issus de ces scrutins ». Les résultats publiés par les Commissions communales d’Elecam indiquent en effet que le parti de Ni John Fru Ndi n’a décroché que 4 communes. Outre dans la région du Nord-Ouest, le SDF aurait également récolté des points dans le Littoral (2 communes) notamment à Loum et à l’Ouest notamment la commune de Bafoussam 1er. Le parti historique du 26 mai 1990 se serait ainsi fait battre par le parti au pouvoir dans les mairies de Zhoa et Furu-Awa (département de la Menchum dans le Nord-Ouest), qu’il contrôlait depuis leur création. Le Social Democratic Front devrait aussi perdre la mairie de Douala IIIe.
Si ces résultats se confirment, le parti au pouvoir devra aussi contrôler 65 communes dans la région du Centre notamment les 7 mairies du département du Mfoundi ; les 6 communes du Nyong et So’o ; les 5 du Nyong et Mfoumou ; les 8 de la Mefou et Afamba et les 4 de la Mefou et Akono etc. Le Rdpc qui s’est arrogé tous les 29 sièges communaux de la région du Sud garde aussi le contrôle de la quasi-totalité de la région de l’Est avec 32 sièges contre 1 seul pour l’Undp. En revanche, le parti au pouvoir ne règnera pas en maitre dans certaines régions. A l’Ouest par exemple, le Rdpc va cohabiter politiquement avec l’Union des Mouvements Socialistes (UMS), le Mouvement citoyen national du Cameroun (Mcnc), l’Union Démocratique du Cameroun (UDC) et le Social Democratic Front. Le parti au pouvoir a été battu dans le Haut Nkam par l’UMS de Pierre Kwemo, qui a pris les communes de Bafang et de Banwa. Le Rdpc perd aussi la commune de Banka, tombée entre les mains du (Mcnc) et celle de Bafoussam 1er, contrôlée par le SDF.
L’Undp se positionne
Selon les résultats provisoires, le Rdpc est secondé par l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (Undp) qui obtient 16 communes dans l’ensemble du pays. L’Undp verra ses élus siéger dans 4 régions, notamment l’Extrême-Nord (4 mairies), le Nord (3 mairies), l’Adamaoua (8 mairies) et l’Est (1 mairie). Cette formation politique a damé le pion au parti au pouvoir en remportant les communes comme celle de Garoua Boulai, qui a longtemps été la chasse gardée du Rdpc. Le parti de Bello Bouba Maigari fait une percée fulgurante en particulier dans l’Adamaoua où il obtient 8 sièges sur les 21 que compte cette région notamment les communes de Guider, Touboro, Garoua- Boulai, Ngaoundéré 1er, Ngaoundéré 2, Banyo.
Le Pcrn entre par la grande porte
Le Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (Pcrn) caracole en troisième position sur la liste des partis par ordre de mérite des résultats publiés par les Commissions communales d’Elecam. Le parti de Cabral Libii se verra représenter dans deux régions, avec 5 élus dans le Centre et 2 élus dans le Littoral. Pour sa première participation à une élection municipale, le Pcrn réussit l’exploit de remporter 7 communes dont 5 dans le Nyong et Kelle et 2 dans le département du Wouri. Par cette prouesse, le Pcrn a signé l’acte de décès de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) qui contrôlait encore une partie des communes du Nyong et Kelle.
L’UDC contrôle son Noun, le Fsnc garde le rythme
L’Union démocratique du Cameroun (UDC) reste le maitre dans le département du Noun. Le parti d’Adamou Ndam Njoya sort vainqueur dans 6 communes sur les 9 que compte ce département. L’Undp siègera ainsi dans les communes de Foumban, Koutaba, Malentouen, Massangam, Njimom et Foumbot. Le Front pour le Salut National du Cameroun (Fsnc) d’Issa Tchiroma Bakary est présent dans les régions de l’Extrême-Nord (une commune) et du Nord (2 communes). Avec son total de 3 mairies notamment dans les communes de Lagdo et Pitoa, le Fsnc rejoint fait un bon score. Comme le Mouvement Patriotique pour un Cameroun Nouveau (Mpcn). Le parti de Paul Eric Kingue signe sa nouvelle entrée à raflant deux communes dans la région du Littoral, notamment celle de Njombe-Penja et celle de Dibombari.
Les conseillers municipaux
Plusieurs partis politiques qui n’ont pas pu remporter des communes entières ont quand pu glaner des sièges de conseillers municipaux. L’Univers de Prosper Nkou Mvondo obtient deux conseillers municipaux dans la commune de Ngaoundéré III. Le Parti de l’Alliance Libérale (PAL) de Célestin Bedzigui s’en sort avec cinq sièges dans la localité de Monatélé. Dans la même commune l’on retrouve également le Front des Démocrates du Cameroun (FDC) de Denis Emilien Atangana qui récolte un siège. Le Mouvement Progressiste (MP) de Jean Jacques Ekindi a pu glaner deux sièges à la mairie de Douala 1er. De même que certains des 10 partis politiques qui ont pu remporter des mairies, partagent également des sièges dans des communes contrôlées par d’autres partis politiques.
Joseph Essama
Municipales 2020 : la nouvelle répartition des communes
Selon les résultats publiés par les Commissions communales d’Elecam, 10 partis politiques vont se partager les 360 communes de la République, notamment le Rdpc (316), l’Undp (16), le Pcrn (7), l’UDC (6), le SDF (4) etc.