Marcelin Vounda Etoa : « Les prix des manuels scolaires ne changent pas »

Le secrétaire permanent du Conseil National d’Agrément des Manuels Scolaires et des Matériels Didactiques donne les différentes innovations contenues dans les listes des manuels scolaires et rassure de la disponibilité des livres cette année.

Quel bilan faites-vous de la première année d’implémentation de la politique du livre unique ?

 Les retours que nous avons des parents sont bons ; ils se disent soulagés du fait de l’allègement du poids et du coût du cartable ; ils sont aussi satisfaits que les livres ne changent plus année après année. On observe également un assainissement des pratiques et des usages dans les différents corps de métiers de la chaîne du livre et du manuel scolaire : éditeurs, distributeurs et libraires sont de plus en plus en accord et travaillent en meilleure intelligence. Il reste toutefois à imposer aux chefs d’établissements privés surtout, le respect rigoureux des listes officielles des manuels et de leurs prix. Il faut rappeler à tous ceux qui ne se conforment toujours pas encore entièrement à la nouvelle politique du livre et du manuel scolaire qu’ils ont intérêt à le faire, au risque d’y être contraints, avec des sanctions à la clé.

Les listes des manuels scolaires pour l’année 2019/2020 ont récemment été rendues publiques. Quels sont les changements majeurs ?

Rien ne change ni sur le nombre ni sur les prix des manuels des cycles Maternel et Primaire. A la Maternelle, les parents continueront d’acheter les 03 manuels exigibles à moins de 5 000 francs CFA et à un prix compris entre 13 000 et 18 500 francs CFA pour tous les manuels du Primaire, selon les classes. Au cycle secondaire, à l’exception de la classe de 2nde de l’Enseignement Général et du manuel d’Allemand de Terminale, il n’y aura non plus ni manuel nouveau ni augmentation de prix. Le changement qui survient en 2nde francophone exclusivement est dû à l’entrée en vigueur des nouveaux programmes de cette classe, consacrée par l’arrêté n°227/18/2008 du Minesec du 23 août 2018. Cet arrêté induisait que les manuels soient conformés à l’Approche par les Compétences et organisés selon une nouvelle présentation des modules d’enseignement.

L’année dernière, les listes des manuels ont été signées par les deux ministres avec un jour d’écart, et en début du mois de juin. Y-a-t-il une explication au fait que cette année le ministre de l’Education de Base (Minedub) ait signé la sienne le 28 mai et le ministre des Enseignements secondaires (Minsec) le 17 juillet ?

Aucun manuel des cycles Maternel et Primaire n’ayant été changé, le Minedub a signé ses listes le 28 mai pour rassurer les acteurs de la chaîne de production et de commercialisation des manuels et leur donner la possibilité d’être prêts à satisfaire le marché le plus tôt possible. Quant au Minesec, quoique dans l’ensemble les manuels n’aient pas changé, elle ne pouvait pas signer une liste partielle. Il a fallu attendre la fin du processus de l’évaluation des nouveaux manuels de Seconde par le Cnamsmd pour que la liste à signer soit exhaustive. Or cette année, le processus d’évaluation des nouveaux manuels a été amélioré par l’obligation faite aux éditeurs de prendre en compte les observations et les corrections pertinentes suggérées par les évaluateurs d’une part et par l’Inspection générale de pédagogie du Minesec d’autre part.

Ce retard dans la signature de la liste du Minesec ne prête-t-il pas à des conséquences fâcheuses sur la disponibilité des manuels ?

Les éditeurs dont les manuels ne nécessitaient pas des corrections majeures ont été informés à temps qu’ils devaient en engager sans délais la production, une fois les corrections validées. Les autres qui ont bénéficié de la double expertise du Conseil et de l’Inspection Générale de Pédagogie ont, pour certains, réussi à intégrer les corrections dans des délais qui ne compromettent pas leur disponibilité ; pour les autres, il a été convenu de leur donner un temps plus long en maintenant les manuels de l’année dernière sur les listes pour un an.

Certains manuels ont fait l’objet de longues ruptures de stocks ou carrément de pénuries l’année dernière, tandis que des disciplines telles que l’histoire, la géographie, Art, langues et cultures nationales… ne disposent toujours pas de manuels. Quelles sont les stratégies adoptées pour pallier à ces problèmes ?

Ces pénuries ont été essentiellement le fait d’éditeurs qui impriment leurs manuels à l’étranger et qui laissent aux diffuseurs et aux libraires le soin de les commander, de les payer à l’avance avant de les rapatrier au Cameroun. Le constatant, les autorités camerounaises font désormais obligation aux éditeurs dont les manuels ont été agréés, de les rapatrier eux-mêmes sur le lieu de leur commercialisation qui est le territoire camerounais. Tous les éditeurs ont dorénavant obligation d’avoir un entrepôt capable de contenir au moins cinquante mille exemplaires de chacun de leurs manuels inscrits sur les listes officielles. Le Cnamsmd effectue depuis le début du mois de juillet des visites in situ de ces points de stockage. Plusieurs disciples de la classe de Seconde et d’autres classes d’ailleurs (en très grande partie dans l’Enseignement Technique) ne sont toujours pas pourvues en manuels. Madame le ministre des Enseignements Secondaires dont la haute attention a été attirée sur ce malheureux constat a instruit son Inspection générale des Enseignements de mettre à l’ouvrage les inspections de ces disciplines pour que des équipes de travail soient constituées à l’effet de rédiger des manuels. Le Cnamsmd qui n’a pas qualité pour rédiger des manuels appelle également l’attention des éditeurs sur ce besoin urgent.

Propos recueillis par Ghislaine Ngancha (Défis Actuels)

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