dimanche, mars 16, 2025
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L’Etat veut s’appuyer sur la digitalisation et les caisses de retraite pour se financer

  Au moment où le Cameroun doit recourir à des émissions de titres publics d’un montant de 380 milliards FCFA sur le marché des capitaux,  le ministre des Finances face aux investisseurs à Douala a dit la volonté du gouvernement de déployer des outils financiers innovants afin de capter plus d’épargne locale notamment à travers les établissements de micro finance pour financer les projets de développement inscrits dans la loi de finances de cette année.

 Le Cameroun poursuit sa stratégie nationale de diversification des instruments financiers. Après avoir été présent en 2024 sur le marché monétaire de la Beac et sur le marché financier international, le pays y retourne cette année encore avec pour objectif de mobiliser 380 milliards de FCFA.  Seulement, un constat  se dégage sur le marché monétaire de la Beac. « La violation des titres et les taux de souscription continuent de baisser pendant que les taux de sortie continuent de progresser. En effet,  les taux d’intérêt moyen pondérés des BTA qui étaient de 2,67% en 2020 passent à 6,33% à fin 2024. Les taux de couverture passent de 206,98% à 69,03%.  Il en est de même des prix moyen pondérés », fait observer le ministre des Finances. 

Cette situation couplée à un contexte mondial marqué par des pressions inflationnistes et la raréfaction des financements concessionnels poussent le Cameroun à mettre en place une stratégie de financement innovante. Le gouvernement  a ainsi présenté son plan de financement pour 2025 à Douala le 13 février dernier.  A l’occasion,  il a été indiqué  que le pays souhaite attirer davantage d’investisseurs institutionnels et individuels, notamment les petits épargnants jusqu’ici exclus, mais surtout accroitre la part de l’épargne locale, notamment grâce à la digitalisation.

Vers la digitalisation des souscriptions des titres publics

« Nous avons le devoir de démocratiser l’accès à l’épargne, de faire en sorte que chaque citoyen,  chaque petite entreprise,  chaque acteur économique puisse en un simple clic dans son téléphone, investir dans les obligations  de l’Etat et participer activement à l’édification de notre pays », déclare Louis Paul Motaze, ministre des Finances. Au-delà de la modernisation du financement de l’économie, le gouvernement souhaite à travers la digitalisation, attirer des petits épargnants.  En effet le constat fait est que  le Cameroun dispose de 26 millions de comptes mobile money, mais moins de 0,01% de la population investit dans les titres publics. Parmi les freins, il y a par exemple le seuil d’investissement trop élevé, souvent compris entre 100 000 et 1 million  de FCFA.  En faisant recours à la digitalisation,  l’Etat pourrait mobiliser jusqu’à 500 milliards FCFA par an, avec un potentiel de 50 milliards FCFA dès la première année.  Les comptes mobile money et les solutions fintech seront donc mis à contribution.  Il sera question de créer un marché secondaire où les détenteurs de titres pourraient échanger leurs actifs à travers la mise en place d’émissions spécifiques pour financer des actifs identifiés.  Cette approche permettra en gros de capter 1 000 milliards FCFA d’épargne informelle qui sont jusqu’ici inexploitables faute de mécanismes adaptés.  C’est dans ce même ordre d’idées que  le gouvernement souhaite désormais permettre aux établissements de micro finance de détenir des titres publics, au même titre que les banques.  Ces établissements sont exclus du circuit depuis les réformes de 2010, visant à développer le marché des titres publics au Cameroun.  Or, les EMF détiennent les fonds des petits épargnants et peuvent jouer un rôle décisif dans l’élargissement de la base des investisseurs.  Il est envisagé l’émission d’obligations dédiées aux petits épargnants, avec des montants adaptés et des taux légèrement plus attractifs que ceux du marché.

  Les fonds de pension pour lever l’épargne locale

 En plus des établissements de micro finance et des compagnies d’assurance, l’Etat compte sur les fonds de pension. La Caisse de Retraite de la Banque Centrale (CRBC)  est prise pour exemple. Avec 235,18 milliards FCFA d’actifs sous gestion à fin 2023, elle détient une part importante de son portefeuille en titres publics, représentant 72,32% de ses actifs. Ce, pour avoir créé des fonds communs de placement pour ses adhérents.  Cette stratégie garantit à la fois sécurité et rendement, tout en participant activement au financement des infrastructures et des projets de développement du pays. Les mutuelles des entreprises sont donc ainsi interpellées à investir sur le marché financier pour soutenir les projets du gouvernement.

Les autorités se disent toutefois conscients des limites à relever pour encourager la détention de titres publics par les EMF, les compagnies d’assurance et caisses de retraite. Il est notamment question d’ajuster la réglementation afin d’intégrer les besoins spécifiques de ces acteurs, d’allonger la durée des titres publics pour offrir des maturités adaptées aux investisseurs institutionnels et de renforcer la transparence et la traçabilité des émissions obligataires, afin d’améliorer la confiance des investisseurs.

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