lundi, mars 17, 2025
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L’Etat veut renforcer le potentiel de treize filières pour tenter de booster les exportations camerounaises

Le gouvernement camerounais entend structurer sa politique d’exportation autour de treize filières phares. Cette sélection repose sur plusieurs critères, notamment la performance des produits sur le marché international entre 2021 et 2023, leur inscription dans les stratégies nationales comme la SND30 ou la Stratégie nationale des exportations, la dynamique des exportations sur la dernière décennie, leur notoriété internationale et l’évolution de la demande, particulièrement dans les pays ayant des accords commerciaux avec le Cameroun.

Au terme de cette analyse, les filières retenues couvrent une large palette de produits agricoles, industriels et de services : cacao, café, hévéa, coton, banane, bois, métallurgie (aluminium), produits chimiques (savons de ménage et autres), hydrocarbures, sidérurgie, services touristiques, poivre et noix de cajou.

DES FILIÈRES À FORT POTENTIEL D’EXPORTATION

Ces filières se distinguent par leur potentiel avéré sur les marchés internationaux. « Certaines, comme le cacao et le bois, bénéficient déjà d’une reconnaissance mondiale. En 2024, les exportations de cacao transformé devraient croître de 22,2 % entre 2025 et 2030 si la tendance actuelle de la production, estimée à +1,5 % par an, est portée à +5 % grâce à une montée en puissance des unités de transformation », prédit le gouvernement.

Le secteur de la banane connaît également un rebond encourageant. Après une période de crise, « la Cameroon Development Corporation (CDC) a exporté 31 643 tonnes en 2024, soit 15 % du volume total national, contre 8,4 % en 2021. Si l’État renforce son appui, la filière pourrait retrouver son niveau d’avant-crise, où la CDC produisait plus de 113 000 tonnes en 2016 », a souligné Pedie Strafort, conseiller technique n°4 au Minepat.

Dans l’industrie, « la sidérurgie prend de l’ampleur avec des projets à Kribi qui devraient entrer en production en 2027, tandis que l’aluminium camerounais maintient son rôle stratégique. Quant aux hydrocarbures, leur compétitivité dépendra de la réhabilitation de la SONARA et de la création d’industries dérivées comme une usine de production de bitume », rappelle-t-il.

Le poivre de Penja, dont l’Indication Géographique Protégée (IGP) assure une valeur ajoutée sur les marchés internationaux, bénéficie d’un prix avoisinant 10 000 dollars la tonne, un niveau comparable à celui du cacao, révèle le gouvernement. « Une meilleure structuration de cette filière pourrait en faire un moteur d’exportation », est convaincu l’économiste Strafort.

De son côté, l’anacarde fait l’objet d’une stratégie nationale 2025- 2029 pour tirer parti des conditions climatiques favorables dans l’Extrême-Nord, le Nord et l’Est, sur le modèle de la Côte d’Ivoire, leader mondial avec 1,225 million de tonnes produites en 2023.

OBSTACLES ET DÉFIS À SURMONTER

Malgré leur potentiel, ces filières font face à des défis majeurs. « L’environnement des affaires reste contraignant, avec un coût du crédit élevé et un accès limité au financement, notamment pour les PME exportatrices. Le manque de structures d’accompagnement et la lourdeur des procédures administratives aux frontières freinent également leur expansion », souligne le Minepat tout en précisant que « les infrastructures demeurent un frein, le réseau routier et ferroviaire est peu fiable, les coûts des facteurs de production sont toujours aussi élevés, la logistique persiste dans la déficience avec une quasi-absence d’unités de stockage et de conditionnement des produits frais, et les infrastructures TIC sont encore peu performantes ».

À cela s’ajoute un déficit au niveau de l’offre. Le même département ministériel cite notamment,  le vieillissement des producteurs et des vergers, l’enclavement des bassins de production, la faible mécanisation de certaines cultures et la difficulté d’accès à la main-d’œuvre qualifiée. A en croire ce dernier, l’exportation souffre également d’un manque d’adaptation aux normes internationales et d’une absence de veille commerciale efficace sur les marchés cibles.

DES OPPORTUNITÉS À SAISIR ET DES MENACES À ANTICIPER

Malgré ces défis, plusieurs opportunités s’offrent au Cameroun. « L’évolution favorable des cours mondiaux des matières premières, la proximité de grands marchés de consommation et la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ouvrent des perspectives intéressantes. Le développement en cours de zones industrielles à Kribi et Douala ainsi que l’actualisation des stratégies sectorielles (comme celles du coton et de l’anacarde) renforcent cette dynamique » énumère le ministère de l’Economie.

Il n’oublie pas de répertorier certaines menaces qui pèsent sur cette ambition. « Le changement climatique impacte les rendements agricoles, tandis que la montée du protectionnisme, notamment avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, pourrait affecter les échanges. À cela s’ajoutent les nouvelles exigences réglementaires de l’Union européenne, telles que la norme RDUE, qui entrera en vigueur le 30 décembre 2025, imposant des critères stricts aux exportations de produits agricoles ». La crise persistante dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest compromet également la production de cultures clés comme le cacao et le café, tandis que l’insécurité dans certaines zones touristiques freine le développement de ce secteur.

UN PLAN D’ACTION POUR LEVER LES BARRIÈRES

Conscient de ces enjeux, le gouvernement met en place plusieurs mesures pour renforcer la compétitivité des filières exportatrices. Il prévoit d’investir «dans la formation et l’accompagnement des entreprises pour faciliter leur accès aux marchés internationaux, tout en professionnalisant les acteurs des filières stratégiques. L’adoption et la maîtrise des normes internationales sont également prioritaires, notamment pour lever les obstacles techniques imposés par les partenaires commerciaux ».

Sur le plan des infrastructures, « des investissements sont prévus pour moderniser le réseau de transport et la logistique, notamment avec la création de zones de stockage et de conditionnement adaptées aux produits frais ». Enfin, le gouvernement entend « stimuler le financement des filières prioritaires, en alignant les investissements sur les secteurs stratégiques et en développant des outils de gestion des risques liés au commerce international ».

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