mardi, février 11, 2025
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L’Etat veut économiser 5 milliards de FCFA chaque année en réduisant sa consommation d’électricité

Face aux coûts croissants de l’énergie et à une gestion parfois inefficace, le gouvernement camerounais mise sur l’optimisation de ses abonnements et compte renforcer le contrôle de sa consommation énergétique afin de la rationaliser

C ’est en 2019 que le gouvernement s’est résolument engagé dans une politique ambitieuse d’efficacité énergétique. Après plusieurs études et programmes initiés par le ministère de l’Eau et de l’Énergie (Minee), souvent sans résultats concrets, une collaboration stratégique a été nouée avec l’Organisation Internationale de la Francophonie. L’objectif principal de ce partenariat est de permettre à l’État de s’assurer qu’il paie le juste prix de sa consommation électrique dans les bâtiments publics à court terme et pour l’éclairage public à moyen terme.

Dans ce cadre, des équipements comme des serveurs, des postes clients (ordinateurs) et le logiciel Vsoft — conçu pour la vérification, l’optimisation et la facturation — ont été acquis dès 2023. Ce dispositif technologique a permis, l’année suivante, d’initier un contrôle approfondi et une optimisation des factures d’électricité du secteur public.

UNE SURCONSOMMATION DÉMESURÉE RÉVÉLÉE

Dans le détail, un audit exhaustif mené sur 267 abonnés en moyenne tension (MT) sur les 428 identifiés au 31 décembre 2023 a révélé une surévaluation des puissances souscrites par l’administration publique. Alors que les besoins réels en électricité ne dépassaient pas 17 MW, l’État avait contracté des abonnements totalisant 56 MW, soit plus de trois fois la consommation nécessaire.

Pour remédier à ce gaspillage énergétique et financier, Gaston Eloundou Essomba, ministre de l’Eau et de l’Énergie, a instruit Eneo, l’opérateur chargé de la distribution d’électricité, de ramener ces puissances souscrites à un niveau correspondant aux besoins réels. Cette mesure a permis à l’Etat « d’économiser 624,7 millions de FCFA sur sa facture d’électricité entre décembre 2023 et février 2024 », a révélé le membre du gouvernement devant les députés en décembre dernier.

DES ÉCONOMIES PROMISES À CROÎTRE

Selon les projections du gouvernement, ces économies devaient atteindre 2,4 milliards de FCFA à la fin de l’année 2024. « L’État avait souscrit à des abonnements d’électricité largement supérieurs à ses besoins réels. Par exemple, il payait pour une puissance totale de 56 MW, alors qu’il n’en utilisait que 17 MW. Cette situation équivalait à gaspiller de l’argent public. Grâce aux ajustements opérés par Eneo en 2024, l’État ne paie désormais que pour ce qu’il consomme réellement, soit 17 MW », explique une source proche du dossier.

En généralisant cette politique à l’ensemble du territoire, le gouvernement espère réduire ses coûts énergétiques de 10 % à 20 % par an, soit des économies annuelles estimées entre 3 et 5 milliards de FCFA. Gaston Eloundou Essomba conditionne cependant l’atteinte de ces objectifs à la mise en œuvre rigoureuse de plusieurs actions dès 2025. Il s’agit notamment d’optimiser les postes Moyenne tension (MT) clients état par l’installation de batteries de condensateurs ; d’assainir le fichier des abonnés MT et basse tension (BT) par une collecte de données techniques contradictoires et opposables à Eneo ; d’analyser les factures BT pour l’ensemble des 16 846 abonnés de l’état ; de vérifier la cohérence des index de facturation et des calculs à l’aide du logiciel Vsoft ; de déployer des mécanismes d’optimisation de l’éclairage public.

UNE DETTE QUI PÈSE SUR LES RELATIONS ENTRE L’ÉTAT ET ENEO

Ces initiatives, si elles sont bien appliquées, pourraient mettre fin aux tensions récurrentes sur la dette entre l’État et Eneo. Actuellement, selon les estimations officielles, l’État doit à Eneo environ 120 milliards de FCFA, tandis que la dette totale de l’entreprise envers ses créanciers atteint 489 milliards de FCFA. De son côté, Eneo réclame à l’État des arriérés évalués à 266 milliards de FCFA depuis 2022, dont 60 milliards au titre de l’éclairage public. Cependant, ces montants restent sujets à controverse. Eneo affirme que le différend sur l’éclairage public découle d’un manque de moyens de comptage fiables, une raison avancée par l’État pour contester certaines factures.

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