« Nous devons procéder, et je fais le lien avec cette cérémonie, à ce que j’appelle aggiornamento : un retour aux sources, où la production, la transformation et la consommation se font localement », a lancé Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre du Commerce alors qu’il procédait à la clôture du Cocoa & Coffee Festival qui s’est tenu du 10 au 12 avril en marge de la 111ème session Conseil international du cacao (Icco) qu’a accueillie Yaoundé. Le président en exercice de l’Icco appelle la communauté internationale à un retour à une logique de commerce fondée sur le développement des États producteurs, et non plus seulement sur les parts de marché dominées par les puissances consommatrices. « Le vrai commerce, c’est celui qui promeut le développement », a-t-il martelé, en rappelant les idéaux du Kennedy-Round, ancêtre des grands cycles de négociation de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

En accueillant ces assises internationales, le Cameroun ne parle pas que pour lui-même. Le Ministre l’a souligné d’entrée : « Quand je dis le Cameroun, ce n’est pas uniquement le Cameroun, c’est l’ensemble des pays producteurs ». Cette solidarité Sud-Sud transparaît dans les nombreux stands du festival, où les savoir-faire locaux, les produits transformés et les initiatives jeunes ont montré que l’Afrique sait faire, et entend faire localement. « Nous sommes un marché, une force. L’Afrique compte 1,3 milliard de consommateurs, ce qui constitue un marché considérable. Imaginez : entre la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Cameroun, nous produisons environ 3 millions de tonnes de cacao. Nous avons la capacité d’absorber notre propre production, tout en exportant une partie. C’est ainsi que nous renforcerons notre position commerciale », a précisé Luc Magloire Mbarga Atangana.
VERS UNE RÉVOLUTION DU COMMERCE MONDIAL ?
À quelques mois de la 14e Conférence ministérielle de l’OMC, prévue en mars 2026 à Yaoundé, le Cameroun entend bien imprimer une nouvelle vision du commerce mondial. Le Ministre l’affirme : « Nous sommes peut-être à la croisée des chemins ». Et cette croisée, selon lui, doit se traduire par une réinvention du système commercial international, en remettant le développement au cœur des échanges. Il appelle ainsi à une harmonisation des politiques de mise en marché entre pays producteurs de cacao, et à une coopération renforcée pour créer un véritable rapport de force en leur faveur. « Nous devons apprendre à travailler ensemble, à être transparents entre nous, à partager les expériences », a-t-il insisté, reprenant une idée chère à l’Organisation internationale du cacao.