« Le réveil des internautes ». C’est le titre de votre huitième ouvrage dont la dédicace vient de s’achever. Dites-nous clairement de quoi parle ce roman.
« Le réveil des internautes » est un roman qui remet au goût du jour la question de la dépravation observée sur les réseaux sociaux. C’est un ouvrage qui invite les lecteurs, en particulier, et les citoyens en général, à un changement de mentalité cybernétique. Voyez-vous aujourd’hui, il y a 3,2 milliards d’utilisateurs sur Facebook qui est le réseau social ayant plus d’abonnés dans le monde. C’est quasiment la moitié de l’humanité. En Afrique, il y a un peu plus de 600 millions d’internautes. Au Nigeria seulement, c’est environ 75 millions et au Cameroun, nous oscillons autour de 13 millions. Ces chiffres révèlent l’omniprésence et l’omnipotence des réseaux sociaux dans la vie des hommes. Nous invitons donc les gens à une utilisation rationnelle de ces plateformes numériques qui, malheureusement ont plutôt tendance à nous sortir de la raison. Plus encore, à travers ce roman, je voudrais interpeller les uns et les autres sur l’importance de faire recours à la rationalité dans l’usage d’internet. Comme le dit souvent le ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, « les Camerounais et les Africains doivent profiter des dividendes du numérique ». Cet objectif pourra ne pas être atteint si nous continuons de nous laisser endormir par la désinformation, les discours de haine, les infox, entre autres. En revanche, si nous utilisons à bon escient internet, c’est-à-dire dans le sens de la raison et de la rationalité, nous allons relever ce défi. En conclusion, profiter des dividendes du numérique passera forcément, sinon nécessairement par « Le réveil des internautes ».
Pourquoi le choix du genre romanesque qui fait la part belle à la fiction pour une problématique aussi importante tel que vous le démontrez ?
Je pense que ce choix peut être discutable. Toutefois, je peux invoquer Blaise Pascal dans « Les pensées » qui disait : « la vérité est en deçà des Pyrénées, l’erreur au-delà ». Cela signifie qu’il faut tenir compte du principe de la relativité des choses. J’ai choisi le roman pour trois raisons. D’abord parce que je voulais simplifier la complexité du sujet. Je voulais raconter l’histoire du dérapage cybernétique de manière simplifiée afin qu’elle soit facile à comprendre et à lire. Ensuite, le roman est le genre littéraire dans lequel je me sens le plus à l’aise et que je crois le mieux maîtriser par rapport aux autres genres. Enfin, je voulais convenir avec l’écrivain allemand Goethe que « les grands auteurs doivent saisir le genre romanesque pour traiter et projeter les situations les plus triviales et les plus universelles ». La situation des réseaux sociaux, nous sommes tous d’accord, est une situation universelle.
Dans vos œuvres l’expression récit intelligent revient fréquemment. A quoi renvoie-t-elle ?
Le récit intelligent est un concept que j’ai créé. Il permet à travers mes écrits de mettre à la disposition des lecteurs un certain nombre de connaissances sur plusieurs domaines. Quand vous lisez mes romans vous verrez qu’il n’y a pas de platitude dans le récit. Je véhicule beaucoup de connaissances.
Avez-vous un modèle sur qui vous vous inspirez pour produire vos ouvrages ?
Dans mes recherches, j’ai fini par comprendre qu’il y a 7 milliards d’individus sur terre et il y a 7 milliards d’empreintes digitales différentes. Cela signifie que chaque individu est libre et chacun a son destin. Je ne vais donc pas chercher à ressembler à quelqu’un qui deviendrait mon idole. Cependant, je m’appuis sur un certain nombre d’auteurs pour écrire. Dans la littérature française, je citerai Jean Paul Sartre. Dans la littérature négro-africaine, j’ai beaucoup lu les ouvrages de Sembène Ousmane, Cheickh Anta Diop, Leopold Sedar Senghor. Au Cameroun, je pourrais parler d’Engelbert Mveng [c’est ainsi d’ailleurs qu’on m’appelait quand j’étais au lycée], Sévérin Cécile Abega et Pabe Mongo.
On vous présente comme un jeune auteur prolifique. En dehors des trois ouvrages que vous présentez aujourd’hui, qu’est-ce qu’il y avait avant ?
Avant ce roman, j’ai écrit sur mon lycée d’enfance, « La singulière histoire du Lycée classique et moderne de Garoua ». C’est un peu le pendant du Lycée Leclerc à Yaoundé. Cet établissement qui a vu passer la majorité de l’élite intellectuelle du Grand-Nord. J’ai écrit « Approfondir sa culture générale », « Au feu le pays brûle », « Dérive de la génération Android », « Lettre sur les clefs de la réussite ». Aujourd’hui, je présente en dehors de « Le réveil des internautes », deux autres ouvrages à savoir « La saga de l’homme qui savait » et « Les chauves sourient la nuit ». En général, je suis à huit livres.