Il aura fallu attendre longtemps. Trop longtemps, diront certains. Mais cette fois, les choses sont lancées. Sur le site de Mvila-Yeminsem, dans la région du Sud, c’est Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre du Commerce qui a creusé de manière symbolique les premiers centimètres d’un chantier de plus de 7 milliards de FCFA, le Centre de stockage et d’emplissage de gaz domestique (GPL) d’Ebolowa. La cérémonie de lancement des travaux a été présidée par ce membre du gouvernement, représentant le Premier Ministre. Entouré de figures du gouvernement et de hauts responsables du secteur pétrolier, le ministre n’a pas caché l’ambition de ce projet, qui est de mettre fin à la dépendance coûteuse de la région aux approvisionnements venus de Yaoundé, souvent instables et propices aux spéculations tarifaires. « Ce centre de GPL, c’est bien plus qu’un chantier, c’est une réponse concrète à une inégalité territoriale qui n’a que trop duré », a déclaré Luc Magloire Mbarga Atangana.
Le coût de cette infrastructure, évalué à plus de 7 milliards de FCFA, soulève naturellement des questions : comment justifier un tel investissement dans une région encore en développement ? La réponse est dans les chiffres, expliquent les responsables du projet : des pénuries fréquentes, des surcoûts logistiques liés aux longs circuits de distribution, et un pouvoir d’achat en berne à cause de la spéculation. À terme, le retour sur investissement se mesurera en stabilité des prix, sécurité énergétique, et réduction des importations logistiques coûteuses.
Le centre s’étendra sur 11 hectares, avec une capacité de stockage initiale de 220 m³, extensible selon les besoins futurs. Il s’ajoute à un réseau déjà amorcé dans d’autres régions (Maroua, Bertoua, Bamenda), marquant une volonté claire de mailler le pays d’infrastructures énergétiques de proximité. Mais au-delà du coût financier, c’est aussi le coût environnemental que le gouvernement cherche à alléger. En rendant le gaz plus accessible, ce centre devrait permettre de réduire la pression sur les forêts, encore massivement exploitées pour le bois de chauffe. Une action alignée sur les engagements du Cameroun en matière de développement durable et de lutte contre la déforestation.
Les travaux sont prévus pour une durée de 24 mois. Et le ministre n’a pas mâché ses mots : « Je veillerai personnellement au respect des délais », a-t-il lancé devant les autorités locales et les populations invitées à accompagner ce projet stratégique. Pour la région du Sud, c’est le début d’un changement structurel. Et pour les finances publiques, un pari sur un modèle énergétique localisé, sécurisé, et espèrent les porteurs du projet rentable à long terme.