Quelle est l’ampleur du blanchiment d’argent au Cameroun ?
Le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, sont une réalité au Cameroun. Parce que le blanchiment suppose une infraction d’origine, qui peut être la corruption, le détournement et autres. L’ampleur du blanchiment est assez significative dans notre pays et même dans la sous-région Afrique centrale. Ceci se traduit par le nombre de cas que nous avons reçus et qui sont quand même assez importants.
Quels sont les domaines les plus touchés par ce phénomène ?
En matière de blanchiment, l’infraction d’origine récurrente la plus importante c’est la corruption et les détournements des fonds publics. Nous avons mis l’accent sur cet aspect du blanchiment en application des instructions de la hiérarchie, à savoir centrer notre action sur ce point et c’est le phénomène le plus important. Les années d’après, il y a aussi le financement du terrorisme qui s’est ajouté et qui est en second lieu l’un des domaines les plus importants de notre action.
Les transferts d’argent par voie électronique constituent-ils aussi une autre poche de blanchiment ?
Le blanchiment se décline en trois phases. Un criminel qui a commis une infraction, essaye de se mettre à l’abri des poursuites pénales et autres. Il va donc user des méthodes permettant de diluer la source de l’infraction et jouit paisiblement des fruits de ses actes. C’est dire que l’aspect sus-évoqué n’est que l’un des mécanismes que les criminels peuvent utilisées. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous effectuons cette évaluation des risques, pour voir quelles sont les menaces auxquelles notre pays est exposé. Et si jamais il existe des vulnérabilités, quelles sont les mesures à prendre pour y faire face. Le blanchiment des capitaux se trouve être aussi une grave menace à la paix… Effectivement. Le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme sont une menace réelle pour la sécurité et stabilité de nos Etats, mais également pour la sécurité économique.
Comment se déploie le dispositif anti-blanchiment d’argent au Cameroun ?
Il y a en amont, ce que nous appelons les professions assujetties, c’est-à-dire les banques et les autres organismes financiers de manière générale, les établissements et professions non financières désigneuses, en l’occurrence les avocats, les notaires. Ce sont ces professions qui dans leurs activités au quotidien, détectent les opérations douteuses. Une fois qu’elles ont détecté les opérations douteuses, elles transmettent ces informations à l’Anif sous forme de déclaration de soupçons. Lorsque l’Anif reçoit ces déclarations de soupçons, elle fait ses enquêtes, analyses, et si le soupçon est confirmé, elle fait un rapport aux autorités judiciaires compétentes pour les mesures de répression.
Que doit-on attendre de l’atelier d’évaluation qui commence à Yaoundé ?
Nous avons réuni un certain nombre d’acteurs qui sont impliqués dans la lutte contre le blanchiment dans notre pays. Ces acteurs vont donc collecter des informations qui feront l’objet d’analyses et commentaires, pour qu’à la fin on puisse savoir quelles sont les menaces et les vulnérabilités. Une fois toutes ces menaces identifiées, force reviendra à la loi.
Interview retranscrite par Junior Matock (Défis Actuels)