Quels sont les débouchés professionnels disponibles pour les jeunes au sein de l’industrie sportive camerounaise ?
Le sport regorge de nombreux métiers encore méconnus des jeunes. Ce camp de formation leur permet donc de mieux connaître ces métiers, de comprendre l’impact et l’importance d’une formation longue et académique, et de les encourager à se former et à s’engager dans l’entrepreneuriat dans ce domaine. Certains métiers dans le domaine du sport leur sont ainsi présentés pendant cette période de formation. Par exemple, la kinésithérapie, la médecine du sport, les experts en droit du sport, les négociateurs de contrats sportifs, la diététique sportive et les nutritionnistes spécialisés dans le sport. Ce sont des métiers variés qu’ils découvrent au camp, et cette exposition leur permet de choisir la voie de formation qui pourrait les mener vers ces professions encore largement méconnues. Comme nous l’avons vu tout à l’heure lors de la présentation, par exemple, la médecine est un domaine vaste, mais il existe une spécialisation dans la médecine sportive. Au-delà d’une formation généraliste, il est possible de se spécialiser dans ce type de métier. L’enjeu est d’abord de sensibiliser et d’informer les jeunes sur les possibilités de formation.
Le sport peut-il être un moteur de développement ?
Chacun d’entre nous, je pense, doit, d’une manière ou d’une autre, apporter un minimum, aussi modeste soit-il, pour justement contribuer à poser des bases solides pour que le sport devienne véritablement un moteur de développement et ait un impact concret sur l’économie. À ce titre, il m’a toujours semblé regrettable de ne pas pouvoir être utile à notre mouvement sportif, camerounais et africain, car je n’étais impliqué nulle part. Vous le savez sans doute : vous ne me voyez dans aucune structure ou initiative sportive, que ce soit au Cameroun ou en Afrique, malgré tous mes titres. Cependant, cela ne m’a pas empêché de trouver un moyen d’aider cette jeunesse et de soutenir notre sport camerounais.
Qu’est-ce que vous avez fait pour le développement du mouvement sportif camerounais ?
Après quinze années de sport de haut niveau et de nombreuses victoires, j’ai voulu mettre cette expérience au service de la nation et des jeunes. Au Cameroun, le sport est une véritable culture. Tout le monde aime le sport, pratiquants ou non, chacun apprécie une discipline et vibre pour le sport. C’est l’un des rares domaines où l’on peut vraiment rassembler les gens et créer une unanimité. On l’a vu à Paris (pendant les Jeux Olympiques, Ndlr), pendant la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), et même tous les week-ends dans nos clubs locaux. Le sport reste un puissant vecteur d’unité. Dans cette optique, j’ai voulu être utile en transmettant ce que j’ai appris durant ces années et en laissant un patrimoine pour la jeunesse camerounaise et le mouvement sportif. J’ai donc créé le programme « African Jump », qui travaille dans trois secteurs d’activité. Le premier est évidemment le sport, où nous agissons principalement dans la détection et l’accompagnement des talents, ainsi que dans les activités spécifiques à ce domaine. Dans le secteur de l’éducation, j’ai développé deux projets. Le premier vise à encourager la jeunesse au bilinguisme en offrant des bibliothèques dans les écoles, projet que je mène depuis au moins huit ans dans plusieurs régions. Le second, plus ambitieux, est l’ouverture d’un institut d’éducation physique et sportive pour accompagner l’État dans sa mission de formation des jeunes aux métiers du sport. Cet établissement, l’Institut Françoise Mbango, est le premier à recevoir les agréments du ministère de l’Enseignement supérieur, pour la tutelle académique, et du ministère des Sports et de l’Éducation physique, pour la tutelle technique. Ainsi, nous sommes habilités à délivrer des diplômes d’État et comptons déjà trois promotions de diplômés en BTS, ainsi qu’une promotion en management des organisations sportives pour les licences, sous la tutelle de l’université de Ngaoundéré. Nous en sommes maintenant à notre cinquième année. J’ai ouvert cet institut de sport, qui entre maintenant dans sa cinquième année d’existence. Nous avons déjà eu trois promotions, dont 100 % en BTS, et la première promotion en licence de management des organisations, sous la tutelle de l’Université de Ngaoundéré. À l’institut, nous accueillons ceux qui sont qualifiés pour des formations de niveau supérieur, c’est-à-dire ayant le baccalauréat ou un niveau équivalent. Nous offrons plusieurs filières, comme celles des Sciences et Techniques des Activités Physiques et sportives (STAPS), qui forme des professeurs de sport et des entraîneurs sportifs, et le management du sport, qui prépare à la gestion des infrastructures sportives. J’ai également ouvert un centre de formation professionnelle, car j’ai constaté que beaucoup de jeunes passionnés par le sport ne possèdent pas le baccalauréat, condition nécessaire pour intégrer l’enseignement supérieur. Nous avons eu l’honneur de recevoir l’agrément du ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, qui est venu aujourd’hui à l’Institut pour marquer son soutien. C’est une grande avancée dans ma carrière, car ce centre permet de lancer un programme de formation pour les jeunes. Nous avons compris que, pour beaucoup d’entre eux, les métiers du sport restent peu connus. Ainsi, en plus de former les athlètes, nous avons lancé une campagne de découverte des métiers du sport pour ceux qui souhaitent travailler dans ce domaine sans être eux-mêmes sportifs de haut niveau. Nous avons donc accueilli cette semaine le ministre de l’Emploi et la Formation professionnelle, ainsi qu’une cinquantaine de jeunes pour une formation de deux semaines, bien que plus d’une centaine soient venus. À l’issue de ce camp, ils auront une meilleure compréhension des possibilités professionnelles dans le domaine sportif et pourront envisager des formations spécialisées. De plus, nous développons constamment de nouvelles formations au sein de l’institut pour permettre aux jeunes de se former ici, au Cameroun, avec la perspective d’approfondir leurs connaissances à l’étranger par la suite.
Comment les sportifs de haut niveau peuvent-ils contribuer au développement du mouvement sportif dans leur pays ?
Je pense qu’il est important de montrer ce que l’on peut accomplir en tant que sportif de haut niveau, quel que soit notre parcours. Nous avons tous quelque chose à offrir à notre pays. Je suis fier d’avoir trouvé une voie pour contribuer, par l’expérience que j’ai acquise, au développement du mouvement sportif camerounais, avec l’espoir d’un soutien durable pour un impact réel.