Coprésidée par Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT), et Cheick Fantamady Kanté, directeur de division Afrique de l’Ouest et Centrale de la Banque mondiale, la session de revue conjointe du portefeuille de coopération Cameroun-Banque mondiale, qui s’est tenue du 14 au 15 avril 2025 à Yaoundé a réuni un panel composé de membres du gouvernement, de coordonnateurs de projets et de hauts responsables de la Banque mondiale. La performance du portefeuille de projets en cours, les obstacles persistants à leur mise en œuvre, et les solutions à mettre en œuvre pour renforcer leur impact sur la croissance économique et la qualité de vie des populations étaient au menu de cette rencontre.
Cette revue s’inscrit dans le cadre des objectifs de la Stratégie Nationale de Développement 2030 (SND30), qui ambitionne de faire du Cameroun un pays émergent et résilient. Le portefeuille examiné comprenait 22 opérations, réparties entre 17 projets nationaux totalisant environ 2 429,4 milliards de FCFA et 5 projets sous-régionaux financés à hauteur de près de 475,43 milliards de FCFA. Ces initiatives couvrent des secteurs prioritaires tels que l’énergie, les infrastructures routières et l’agriculture, avec des projets phares comme le barrage hydroélectrique de Nachtigal, le programme Filets sociaux, et le projet d’urgence contre l’insécurité alimentaire.
Lors de l’ouverture des travaux, Alamine Ousmane Mey a rappelé l’importance de cette revue pour maximiser l’impact des projets sur la croissance et la résilience du pays, en accord avec les objectifs de la Stratégie Nationale de Développement 2030 (SND30). Il a insisté sur la nécessité de mobiliser les acteurs pour une meilleure exécution des projets, afin d’améliorer les conditions de vie des populations. « Nous devons tous nous mobiliser pour atteindre les objectifs de performance », a-t-il déclaré, appelant à une intensification des efforts. Malgré les progrès réalisés, Cheick Fantamady Kanté a identifié plusieurs obstacles entravant l’efficacité du portefeuille, notamment les délais prolongés avant l’entrée en vigueur des projets, les retards dans l’exécution des Plans d’Action de Réinstallation (PAR), les lenteurs administratives dans les procédures de passation des marchés, ainsi qu’un faible taux de décaissement, avec 69 % des financements encore non utilisés.
Pour améliorer la performance du portefeuille, il a proposé plusieurs solutions concrètes, notamment un meilleur alignement des procédures, une simplification des Plans d’Action de Réinstallation (PAR), un recours accru à l’instrument Program for Results (PforR) et un suivi rigoureux de la mise en œuvre des projets. Dans cette dynamique, le Ministre de l’Économie a émis plusieurs recommandations pour accélérer la mise en œuvre des projets, en mettant l’accent sur l’optimisation de leur préparation et maturation, ainsi que sur l’amélioration des procédures de passation des marchés. Il a également souligné la nécessité de renforcer les capacités techniques et humaines des Unités de Gestion des Projets (UGP), tout en instaurant des mécanismes d’alerte précoce et des revues internes régulières pour assurer un suivi efficace.
Afin de fluidifier l’exécution des initiatives, il a plaidé pour une accélération des Autorisations de Non-Objection (ANO) et des Plans de Travail et de Budget Annuel (PTBA), ainsi que pour une harmonisation des processus de la Banque mondiale avec le cadre national de maturation des projets. La revue conjointe s’inscrit dans le Cadre de Partenariat Pays 2025– 2029, qui vise à favoriser la création d’emplois décents et à améliorer l’accès équitable aux services sociaux de base. À travers ce partenariat renouvelé, le Cameroun et la Banque mondiale réaffirment leur engagement commun à faire du pays un modèle de développement résilient, inclusif et durable.

« L’une des priorités est d’accélérer les procédures de passation des marchés »
Il s’agit d’un portefeuille très vaste, couvrant plusieurs secteurs de développement : l’énergie, le transport, les zones rurales, la résilience des populations et le développement du capital humain, pour un montant total de 4,4 milliards de dollars. Ce portefeuille est relativement jeune, avec une moyenne d’âge des projets estimée à quatre ans. Toutefois, en raison de leur nature, les projets d’infrastructure, d’énergie et de transport sont particulièrement complexes à mettre en œuvre. Si la performance globale est jugée satisfaisante, elle pourrait être améliorée. Parmi les défis à surmonter figurent d’importants soldes non décaissés, souvent dus à des retards dans la mise en œuvre des projets, notamment leur entrée en vigueur, qui prend du temps. À cela s’ajoute la gestion des Plans d’Action de Réinstallation (PAR), un aspect nécessitant des décisions rapides et coordonnées.
Lors de cette revue, les équipes devront identifier les meilleures solutions, tout en respectant la législation nationale, afin d’accélérer les décisions concernant les PAR. Une autre priorité est l’optimisation des procédures de passation des marchés, qui restent longues et complexes, entraînant des retards dans le démarrage des projets, notamment ceux liés aux infrastructures, particulièrement sensibles aux contraintes saisonnières. Par exemple, les projets routiers sont souvent ralentis durant la saison des pluies. L’objectif principal est donc d’accélérer le processus tout en respectant les lois et les procédures de la Banque mondiale, afin que les populations puissent voir rapidement les résultats concrets de ces projets sur le terrain