C’est « un levier de financement éthique, inclusif et complémentaire aux instruments financiers conventionnels, susceptible de soutenir la croissance économique et l’inclusion financière au Cameroun », a déclaré Gilbert Didier Edoa, secrétaire général au ministère des Finances alors qu’il présidait l’atelier consacré à la campagne nationale de vulgarisation de la finance islamique.
Il s’agit d’un mécanisme de financement qui repose sur les principes de la charia et se démarque de la finance conventionnelle par une approche qui privilégie l’éthique et la morale islamique dans les transactions financières. Concrètement, ce modèle proscrit le recours à l’intérêt et met l’accent sur la responsabilité sociale de l’investissement, en orientant les financements vers des activités jugées conformes aux principes de justice, de partage des risques et de transparence.
Selon les données présentées, la finance islamique reste marginale au Cameron malgré l’existence d’un cadre réglementaire communautaire adopté en 2022 au niveau de la CEMAC. À ce jour, seules trois banques – la Caisse autonome d’amortissement (CAA), Afriland First Bank et la Commercial Bank of Cameroon (CBC) – ont obtenu l’autorisation préalable de la COBAC pour l’ouverture de fenêtres islamiques.
Les autorités constatent également une faible pénétration de ces produits dans les secteurs de la microfinance et de l’assurance. « Malgré les textes de la COBAC et les dispositions prises au Cameroun, la mayonnaise tarde à prendre, alors même que la finance islamique offre de nombreuses opportunités en termes de croissance et de développement », a déclaré Gilbert Didier Edoa, avant d’insister : « Il est important que l’ensemble des acteurs — bénéficiaires potentiels, banques, établissements de microfinance, compagnies d’assurance et régulateur — soient informés et sensibilisés, afin que cette opportunité offerte soit effectivement saisie par les acteurs du système financier ».
Le ministère des Finances explique que cette initiative vise à mieux informer les établissements financiers, les régulateurs et les bénéficiaires potentiels, afin de favoriser une appropriation plus large de ce mode de financement. L’objectif affiché est de faire de la finance islamique un outil effectif d’inclusion financière et de mobilisation de ressources, dans un contexte où l’accès au crédit demeure limité pour une partie de la population. « Dans le système bancaire, il existe des établissements spécialisés dans la finance islamique, et deux ou trois ont obtenu des agréments. Toutefois, cela demeure marginal de notre point de vue, dans la mesure où l’objectif recherché est l’inclusion financière », a confié le SG du Minfi.
La rencontre a réuni plusieurs acteurs du système financier national et communautaire, notamment la BEAC, la COBAC, la CIMA, la Direction générale des impôts, des établissements de crédit, de microfinance et d’assurance, ainsi que des experts financiers et des représentants de la communauté musulmane.
Les échanges ont porté sur les fondements de la finance islamique, l’assurance islamique, la fiscalité applicable aux produits islamiques, la conformité réglementaire et les perspectives de développement. Les recommandations issues de l’atelier ont souligné que « la finance islamique demeure globalement méconnue » et que « les compagnies d’assurance ne se sont pas encore pleinement approprié ce produit », ce qui engendre des difficultés de mise en œuvre.
Il a été proposé d’accélérer l’élaboration du cadre réglementaire au niveau de la CIMA pour rendre l’assurance islamique plus attractive, d’intensifier la vulgarisation de l’assurance islamique elle-même, et de poursuivre et renforcer l’éducation financière des leaders religieux et du grand public sur la finance islamique.
En matière de conformité, les participants ont recommandé l’obtention du visa et du certificat de conformité auprès de la COBAC, l’adoption d’une fiscalité communautaire spécifique, la mise en place d’incitations pour attirer davantage d’investisseurs nationaux et internationaux, le renforcement de la sécurité juridique des investisseurs, la diversification des offres de financement de l’État et la poursuite des démarches de mise en conformité des acteurs du secteur.
À travers cette campagne, le ministère des Finances entend renforcer le dialogue entre l’autorité monétaire et l’ensemble de l’écosystème financier, dans la perspective d’un développement plus soutenu de la finance islamique au Cameroun et dans la zone CEMAC.







