Plus de 8,6 milliards de FCFA de médicaments contrefaits ont été saisis depuis 2020. Cette estimation, rendue publique par le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, le 12 novembre 2025, lors de la Journée africaine de lutte contre les faux médicaments, situe immédiatement l’ampleur économique du phénomène.
Le Cameroun perd chaque année près de 33 milliards de FCFA à cause de la vente illégale, selon les chiffres officiels. Le rapport de l’ONUDC publié en 2023 rappelle la dimension sanitaire du problème : « 270 000 personnes meurent chaque année en Afrique subsaharienne pour avoir consommé des médicaments antipaludiques falsifiés ». L’Organisation mondiale de la santé (OMS) évalue pour sa part à « 116 000 décès » la mortalité liée à l’ingestion de faux produits dans la région. Ces données confirment que le faux médicament relève autant de la santé publique que de l’économie criminelle organisée. Ces produits illicites circulent ainsi dans les marchés urbains, les zones périurbaines et les localités peu couvertes par les officines agréées.
En 2021, « près de 40 % des médicaments seraient issus de la contrebande », selon l’Ordre National des Pharmaciens. L’impact économique est massif. Le trafic perturbe l’équilibre du marché pharmaceutique légal, en orientant notamment le transfert des flux financiers vers une économie criminelle qui échappe aux mécanismes de contrôle. Les décès évitables provoquent une contraction de la productivité et augmentent les coûts supportés par les ménages et par le système de santé publique.
Les formations sanitaires doivent composer avec l’afflux de patients victimes de traitements inefficaces ou toxiques, ce qui alourdit des budgets déjà contraints, observe-t-on. La réponse opérationnelle s’intensifie. Les chiffres publiés sont sans ambiguïté : « la valeur cumulée de stocks saisis au cours du premier semestre 2025 est d’environ 369,8 millions F CFA » et « depuis 2020 », le total atteint plus de 8,6 milliards de FCFA ». Soixante-neuf affaires ont été enregistrées, dont trente-six ont déjà abouti à une décision judiciaire. Le marché parallèle prospère pourtant sur une asymétrie d’information persistante.
Dans les rues, « certains citoyens estiment que les médicaments de rue ne sont pas mauvais pour la santé ». Le déficit de sensibilisation, la faible accessibilité financière ou géographique à certaines officines et l’attrait des prix bas entretiennent la demande. Cette situation alimente un cercle économique délétère : les faux produits circulent, les pathologies s’aggravent, les dépenses médicales augmentent et le budget national absorbe les dégâts d’un marché qu’il ne contrôle pas.







