La dirigeante de la compagnie aérienne gabonaise, première de la zone Cemac, livre son analyse du marché sous régional et propose des solutions pour un transport aérien plus compétitif dans les six pays de la zone.
L’état des lieux du sous-secteur transport aérien en Afrique centrale laisse voir un ciel nuageux. Qu’est ce qui coince selon vous et que faut-il faire pour développer ce sous-secteur?
Personnellement, je pense qu’il faut une sensibilisation tant des autorités que des exploitants. Il faut aussi la stratégie régionale, en étant conscient que le Cameroun est un carrefour qui dessert les autres pays d’Afrique centrale. Ayant la plus forte population, il est important qu’on définisse rapidement de nouvelles approches et qu’on renforce la coopération. Surtout qu’on réduit les taxes. Par ce qu’il est inacceptable que subitement les taxes augmentent sur les coûts des billets. Ce qui rend encore difficile le mouvement des personnes dans la sous-région. Donc, on pense que si les six États de l’Afrique centrale, dans une politique de renforcement des capacités du développement du secteur, surtout après la crise économique du covid décident de faire des exemptions, ça permettra aux populations de l’Afrique centrale de faire le commerce. Ce qui sera bénéfique pour la zlecaf qui entre en droite ligne de l’intégration sous régionale qui a été décidée en 2018. On a des infrastructures, on a des business modèles, mais il va falloir la bonne information pour permettre aux dirigeants de prendre les bonnes décisions. Il est aussi important d’encourager le secteur privé à investir davantage. Les hommes d’affaires peuvent rejoindre l’industrie, apprendre de meilleures pratiques pour qu’ensemble on puisse se développer et faciliter la mobilité. Aujourd’hui, on a des régions comme l’ouest du Cameroun qui produit des vivres frais qui peut directement desservir les capitales de Libreville, Ndjamena. Donc, pourquoi ne pas penser au développement du secteur spécialement en Afrique centrale pour pouvoir évaluer nos ressources, ensuite ramener le secteur qui est un catalyseur pour que l’économie puisse décoller ?
Est-ce à dire que vous pensez que les politiques qui sont implémentées jusqu’ici sont loin des réalités du sous-secteur ?
Oui. Parce qu’on a de plus en plus de jeunes qui n’ont pas d’emplois. Développer l’industrie, va être un autre catalyseur pour beaucoup d’autres industries. On va créer de l’emploi et avoir des capacités qui vont créer du flux. Donc, il faut revoir ces politiques et que des actions concrètes, réalistes puissent être prises pour permettre à ce qu’on devienne une région un peu plus compétitive.
Quel modèle de partenariat pensez-vous qu’on peut mettre en place ?
Les six pays de la Cemac ont signé l’accord pour le marché unique du transport aérien. Avec ça, on devrait pouvoir en plus de la zlecaf, actionner d’autres leviers. On a au Cameroun, Camair-co, au Gabon Afrijet ; en Guinée Equatoriale Cronos. Celles-là sont des compagnies sous régionales. Il est important que les dirigeants puissent s’asseoir, analyser, réduire les taxes. Parce que, si on peut relier tous les jours ne serait-ce que les capitales des six pays d’Afrique centrale, ça créera un flux. En plus, on a deux pays qui dépendent essentiellement du Cameroun. La République centrafricaine et le Tchad. Donc le cargo qui peut être fait entre Douala et ces pays-là est énorme. Donc, il est important qu’on puisse développer plusieurs axes. Le partenariat public-privé par ce que l’Etat, c’est le patron, ensuite le renforcement des partenariats entre les compagnies aériennes. Pour le privé, il y a des hommes d’affaires au Cameroun qui ont créé des succursales dans les autres pays. Ils peuvent donc se mettre ensemble pour soit accompagner une compagnie existante, soit créer une compagnie qui répondra à leurs besoins. C’est à nous de redéfinir notre business model qui sera adapté à nos réalités. Ne serait-ce que pour le mouvement des personnels des entreprises de divers secteurs.